La tourneuse de page.
Je n'ai pas aimé, encore une fois j'ai arrêté le film a son milieu parce que finalement, j'étais certaine de connaître la fin du film. Et effectivement, je ne m'étais pas trompée, dans ses grandes lignes le scénario est prévisible dès la lecture du synopsis.
Fille de bouchers dans une petite ville de province, Mélanie, âgée d'une dizaine d'années, semble avoir un don particulier pour le piano. Elle tente le concours d'entrée au conservatoire mais échoue, fortement perturbée par l'attitude désinvolte de la présidente du jury, une pianiste reconnue. Profondément déçue, Mélanie abandonne le piano.
Une dizaine d'années plus tard, Mélanie entre comme stagiaire dans un grand cabinet d'avocats dont le PDG, M. Fouchécourt, se trouve être le mari de cette femme qui a certainement changé le cours de sa vie. Très vite, Mélanie se fait remarquer pour son sens de l'organisation et son dévouement par M. Fouchécourt qui la recrute à son domicile pour veiller sur son fils. La rencontre avec Mme Fouchécourt, toujours pianiste, se passe merveilleusement bien puisque Mélanie se montre très sensible à la musique et devient sa tourneuse de pages...
Paf. Y'a plus qu'a rajouter un "mais" et tout y est.
Je risque de dévoiler pas mal de chose mais je vois mal comment faire une critique sans ça et je ne vais pas tout mettre en blanc, donc, si vous voulez tout de même voir le film, ne lisez pas la suite ^^.
Le problème principal c'est que le réalisateur a voulu faire d'un drame un thriller. Tout les éléments y sont. Elle est fille de boucher, et une ou deux fois dans le film on va s'en servir comme prétexte pour "effrayer". "Mes parents sont boucher" dit-elle en mettant un coup de couteau dans de la viande crue... Bah oui, c'est sûr, on est effrayé haha...
Ensuite, le personnage de la tourneuse de page (Mélanie) ne me plait pas.
Déjà, petite fille, elle passe un examen et cette scène là est effrayante, tous ces enfants paraissent semblable à des machines (c'est d'ailleurs un autre côté détestable du film, j'y reviendrais). Seulement Mélanie a quelque chose de particulier, pas un don ni du talent, mais elle a un égo énorme. Je joue du piano et je sais a quel point ça peut être perturbant d'être face a un public désinvolte, ça m'aurait moi aussi sûrement fait rater un examen. Simplement...
"Profondément déçue, Mélanie abandonne le piano." Ce n'est pas de la déception, elle SAIT qu'elle pouvait mieux faire, qu'elle en était capable, elle sait que le responsable, c'est son public. Elle n'est pas déçue, mais offensée. Est-ce "une raison" pour arrêter le piano, définitivement?
Et pire, est-ce une raison pour faire des études de droit dans le but d'être prise comme stagiaire dans le cabinet du mari de la pianiste renommée? Ici, il devient évident que son unique but est maintenant celui de venir gâcher la vie de la pianiste renommée. Vengeance, tu as gâché ma vie, je gâche la tienne. Simplement, il y a une grande incohérence.
Mélanie, dans le film, ne ressemble en rien à une enfant passionnée. Elle se montre juste gentille et timide (pour mieux "approche sa victime!"). Si elle avait été passionnée, on aurait pu accepter le fait que cette offense gâche le plaisir qu'elle avait de jouer. Simplement elle ne l'était pas, ni enfant, ni adulte. Aucune passion, même dans les instants effrayant.
Bref, un scénario tiré par les cheveux, qui n'arrive ni a émouvoir, ni a effrayer... D'autant plus qu'on ne sait jamais ce que Mélanie pense. On comprend, a priori, après une demie heure de film, quel est le plan machiavélique de Mélanie. Donc niveau suspens, c'est raté, le film ne pouvait pas jouer sur ça. Or, c'est la seule chose qu'il tente de mettre en scène!
Ensuite, dans ce film, le piano est vu uniquement comme une répétition de geste. C'est vulgaire, irrespectueux.
Le réalisateur dit :
Il faut bien discerner deux choses : la musique en elle-même, et le travail de la musique. Moi, ce qui m'intéresse, ce que je trouve cinématographiquement riche, c'est le travail. Je mets un point d'honneur à ce que mes acteurs interprètent tous leurs morceaux eux-mêmes. Bien sûr, le son est doublé, mais ce sont leurs mains que l'on filme et chacun de leurs gestes est le résultat de très nombreuses heures d'un travail qui se voit à l'écran (...) je filme pour capter le travail de la musique et, en cela, il y a quelque chose de documentaire dans ma démarche.
Bref, il a fait répeter des gestes aux comédiens, alors qu'ils ne savent pas jouer de musique. Comme si on pouvait dire que quelqu'un interprète un morceau a partir du moment où il sait répéter des gestes... "La musique, c'est juste des mains qui s'agitent sur un instrument, résultat d'un travail musical". Bah non....
De plus, en utilisant le mot de "documentaire", il discrédite son film. Son film est un drame. Un drame joue sur les émotions, sur le ressenti, un drame est subjectif, parfois fantasque, et pas objectif comme peut l'être un documentaire...
Bref je crois qu'il ne savait pas réellement ou il voulait aller. Le drame est raté parce qu'il n'est pas pris au sérieux, le film, qui s'intéresse à la musique, la traite pourtant comme un travail d'usine, et le scénario est prévisible bien qu'illogique...