Le recours à la violence pour se faire respecter...

18 Juin 2015
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Paris
Dit comme çà, on se croirait sur JV.com :troll:. Mais je vais étayer mon propos.
On dit souvent que la violence est l'arme des "faibles". Mais on dit aussi que le respect se mérite.
L'Histoire a montré qu'une grosse partie de nos acquis se sont gagnés après des luttes armées pour la plupart.
Donc grande question: à l'heure où des "minorités" sont pointés du doigt à cause de leur singularité ou leur présupposé inadéquation à la société actuelle (ils sont comme on dit "hors norme". Comme ds une cours de récré, parce qu'il y en a un(e) qui est trop différent(e) des autres, on va le/la martyriser), quand le dialogue ne suffit plus, la violence reste-elle l'ultime recours pour se faire accepter/respecter?

Attention, je ne parle pas de la violence pour le plaisir de faire du mal. Ce serait plutôt l'utilisation "symbolique", dans le sens "combat''.
Et vous-mêmes, avez-vous déjà eu recours à des actes violents pour vous faire accepter/respecter et pourquoi? Les regrettez-vous?
Maintenant, à vos claviers!
(j'adore enfoncer des portes ouvertes :attaque:)
 
  • Big up !
Réactions : Lis et Freehug
24 Juillet 2010
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Bonjour,

Déjà je pense que toutes les violences ne sont pas à mettre sur le même plan, surtout pour le sujet que tu essaies d'amener. Pour donner un exemple, si un mec m'agresse, et que je me défends en lui mettant je ne sais pas un coup de pieds dans l'entrejambe, ça m'embêterait qu'on dise qu'il ne faut pas répondre à la violence par de la violence car ça signifie que je n'ai pas d'autre choix que de subir.

Pour les luttes c'est un peu pareil. Certains considèrent que la violence est un droit qu'ont les personnes oppressées pour se défendre. Si elles ne peuvent pas les utiliser, ça signifie qu'on les prive du droit de se défendre.

Il faut aussi mettre ça dans un contexte social où on ne reconnait pas certaines violences du dominant, mais on souligne celle du dominé, ce qui donne l'impression que c'est lui qui est violent alors que c'est le contraire et qu'il ne fait que de se défendre. Par exemple, on a tendance à ne pas voir les violences produites par les systèmes d'oppression sur les minorités (violences économique, etatique, micro agressions). Donc quand le dominé répond, on est surpris, et on l'accuse d'être violent.
Pour donner un autre exemple, je pense à ce qui s'est passé à Ferguson. Les victimes des policiers ont été présentées comme les agresseurs, alors que c'est la police qui harcèle et tue. Puis les manifestants ont été présentés comme des émeutiers, alors qu'ils manifestaient pacifiquement, et que c'est la police qui est arrivée accompagnée de militaires qui a balancé du gaz lacrymo dans des maisons et à la figure des gens.

Donc c'est un sujet délicat car il nous oblige à remettre en question nos représentations
 
6 Juin 2010
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Somewhere over the rainbow
Tout le problème de la violence, c'est son degré (surtout verbalement). A titre personnel, j'essaie de doser la violence que j'utilise en fonction de celle que je reçois. Par exemple, si quelqu'un se montre condescendant, méprisant dans ses propos, je ne vais pas prendre des pincettes pour lui répondre. Si on m'agresse physiquement, le coup de pied dans les couilles va partir. Si je débats avec une personne qui se montre un minimum polie et ouverte, je vais booster ma patience même si les propos sont puants, etc, etc.

Là où ça devient complexe, c'est que d'une part certaines luttes ont été gagnées grâce à la non-violence (ex.le mouvement des droits civiques aux USA, les manifestants ne réagissaient pas même s'ils étaient frappés), d'autres grâce à la violence (ex. la Révolution Française, bon y a eu masse dérives après, mais c'en était fini de l'Ancien Régime). Et d'autres part on est pas des machines qui réglons nos comportements pour être adapté au poil de cul près à celui de la personne d'en face : parfois, on réagit avec nos tripes. Ca peut être pardonnable (tu te prends une main au fesses, tu réagis avec une baffe et un genou dans l'entrecuisse) ou non (on t'insulte, tu tabasses la personne à coups de batte). Ca peut être utile voire nécessaire (la police doit parfois l'utiliser pour empêcher un crime) ou non (la police, encore elle, n'a pas à envoyer des lacrymos sur une manif pacifique au moindre soupçon que ça pourrait dégénérer).

En plus de ça, il y a les problématiques liées à l'époque et au lieu. La violence est de plus en plus visible (via les médias) mais en fait de moins en moins présente (il faudrait que je vous trouve une source) dans nos sociétés Occidentales. Tant mieux d'ailleurs ! Le moindre mot de travers peut vous valoir une forte désapprobation. Du coup, dans le cadre d'un combat féministe, ça ne me paraît pas très stratégique... Un des premiers "arguments" qu'on nous balance, c'est qu'on serait des hystériques. Pour beaucoup, les féministes c'est les Femen.

Wouah, sorry pour le pavé, c'est complexe ce bazar :cretin:
 
17 Février 2013
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Je n'utilise jamais la violence physique pour faire passer mes idées, ça veut dire pour moi que l'on n'a aucun argument valable.
Par contre niveau verbal je peux être très souvent agressive. Par ce que j'en ai marre que dès que je parle du sexisme, du genre, des causes LGBT+, on me dise" tu te laisse embrigader" "tu ne sais pas de quoi tu parles" "tu n'as pas assez vécu pour dire ça" ... Et ça me coure sérieusement sur le haricot, donc oui verbalement je peux être très violente (cf: voir ma sortie sur "La jupe double peine")

Tu peux avoir des arguments valables, et un interlocuteur qui s'en bat les couilles. Je vais prendre mon cas personnel : à l'école j'étais harcelée, aussi bien mentalement que physiquement, tout les jours. J'avais beau demander qu'on me foute la peau, dire que ça me blessait, personne n'en avait cure. J'ai subi 5 ans de harcèlement avant de péter un plomb. J'ai frappé, j'ai fracassé, j'ai blessé. Bizarrement j'ai eu droit au respect qu'on m'avait refusé pendant des années. Après avoir tout essayé, j'ai obtenu par la violence le respect que je n'obtenais pas par les mots.

Plus récemment, il y a 2 semaines environ, je me promène, je vais faire mes courses, un gars me bouscule, et marmonne entre ses dents, je sens bien que ce n'est pas très gentil, donc je lui dit "pardon ?" interloquée. Et là il me dit "déjà que tu n'es pas toute fine ...". Je lui dis donc qu'il n'a pas le droit de me dire ça et que je vais porter plainte. Il se met à me hurler "ta gueule connasse, ta gueule !" et impulsivement, je lui en colle une. Ça l'a stoppé net, il a traversé la route en me regardant d'un air effrayé, tandis que je lui criais "attention à toi !". Encore une fois j'ai stoppé net le harcèlement par la violence.

D'expérience, je dirais que le dialogue ne fonctionne pas avec des gens qui ne sont pas un minimum ouverts à tes idées et empathiques. Après c'est vrai que mes exemples sont différents des cas où l'on s'échauffe autour d'une table (ou pas) pour débattre du sexisme ou d'autre chose. Mais bon, je vais être radicale mais : il y a un temps pour discuter, un temps pour mettre des baffes. Quand les gens se comportent comme des connards, je les traite comme des connards, et ça me soulage vachement.
 
17 Février 2013
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@Alicia89 ce que tu dis soulève en moi un problème moral, car bien que tes actions violentes soient discutables, je n'arrive pas à m'empêcher de penser que tu as tellement raison! Je suis en pleine dissonance cognitive :non:!!!

Je comprends. Déjà pour moi c'est pas simple (je suis du genre totalement non-violente à la base), alors j'imagine que d'un point de vue extérieur ça doit être encore plus perturbant. Mais bon je me suis faites une raison : je n'éduquerais pas les cons, c'est un fait, c'est pas faute d'avoir essayé, alors si j'arrive à les réduire au silence pour pouvoir au moins vivre en paix, c'est déjà pas mal.

Mais j'ai l'air d'une grosse brute comme ça, mais il faut se dire que c'est des années d'accumulations d'expériences douloureuses, de nombreux échecs de dialogue, qui font que j'en suis là aujourd'hui. Disons que parfois je rentre direct dans le lard parce que j'ai juste envie de m'épargner une grosse perte de temps et de sueur, pour au final devoir tout de même en arriver là. Quand je sais qu'il n'y a pas d'avance, je cherche plus, je vais direct à la solution qui fonctionnera, en somme.

Ça ne m'empêche pas de discuter de manière totalement civilisée avec d'autres personnes, mais j'ai appris avec le temps à connaître l'inutilité de certaines actions en situations particulières.
 
Dernière édition :
J'ai un peu hésité à répondre à ce sujet parce que j'ai du mal à organiser une réponse construite, mais je le trouve très intéressant.

J'ai été violente plus jeune, surtout à la fin de la primaire et tout au long du collège: je me suis battue, pas souvent mais régulièrement. J'ai eu un surnom du coup, "cannibale" (parce que je mordais) et ce que je souhaitais: qu'on me fiche la paix.

Il n'y a jamais eu de véritables conséquences négatives à mes actes. Ca n'a jamais gêné ma scolarité. Je pense qu'en fait je ne troublais pas l'ordre de l'école, je ne perturbait ni ne gênait vraiment le fonctionnement des classes et je n'embêtais pas les autres élèves, alors on me laissait tranquille en retour parce que c'était du travail et des efforts pour rien que de me blâmer. On m'a grondée dans les formes, j'ai eu des heures de colle, je n'en avais rien à faire et les professeurs et autre supérieurs encadrants le savaient, mais je me pliais symboliquement à ces punitions, je montrais que je rentrais dans le rang et que je ne me rebellais pas face à l'autorité, et du coup ça allait.

Je ne regrette rien. Je considère que le comportement que j'avais était immature et mal, parce qu'il contrevenait à des impératifs moraux que j'avais et que j'ai toujours, ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, aime ton prochain comme toi-même. Je le condamne aujourd'hui, mais je ne le regrette pas. D'une part ce n'était pas grave: personne n'en a gardé de profondes séquelles, au contraire, me battre m'a permis d'éviter les ennuis parce que les autres élèves avec qui je me suis battue n'ont plus cherché à me provoquer ou à m'agresser, verbalement ou autrement. D'autre part, que je me batte a été un échec de ma part - je n'avais rien trouvé de mieux - tout comme un échec de l'école puisque je n'ai pas pu trouver d'autres solutions efficace pour garantir ma paix et ma sécurité.

La limite était floue entre la violence "acceptable" celle qu'on excuse (dans les faits ou dans l'absolu) quand il s'agit de se défendre soi contre l'oppression d'un tiers, et la violence "condamnable" (mais pas toujours condamnée) que l'on fait pour obtenir quelque chose d'un tiers. Je sais qu'au collège, je parlais un peu vite avec mes poings parce que ça réglait les choses très vite. Ce n'était pas l'idéal, j'aurai pu faire mieux; mais sans la violence j'aurai peut-être vécu pire.

Il est intéressant de se demander pourquoi la violence est interdite, et aussi pourquoi est-ce qu'elle est permise dans certaines situations et pour certaines personnes (comme la polices, ou l'armée). Il est aussi intéressant de remarquer que certaines violences, largement condamnées dans l'absolu, sont souvent effacées ou excusées quand elles se produisent. (Et -moment végane!- il y en a certaines qui sont acceptées, dans l'indifférence générale, comme celles faites envers les animaux.) J'entends souvent dire qu'il ne faut pas se battre parce que "c'est mal" mais, outre le fait qu'on n'interroge jamais vraiment pourquoi c'est mal, je pense que la véritable raison n'est pas là, ou plutôt que la raison est protéiforme: il y a autant un idéal de justice, que d'ordre, qu'une certaine volonté de faire perdurer la domination de certains groupes sur d'autres.
 
2 Décembre 2012
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Nantes
soundcloud.com
Quand j'étais petite (et même au collège), comme je pleurais beaucoup, les autres en profitaient pour me malmener. J'ai été harcelée etc. notamment par un p'tit mec qui brutalisait les autres à la moindre occasion. Un jour, à la fin du collège, il a eu la bonne idée de me pousser dans des sacs. Je me suis fait hyper mal au dos. Je me suis levée et je lui ai foutu une énorme gifle (après je me suis excusée parce que j'étais trop bonne, trop conne, contre la violence, tout ça... Mais j'aurais pas dû). Il était au bord des larmes avec une grosse marque sur la joue et tout le monde autour de lui se retenait de rire.

Suite à ça, j'ai plus jamais été brutalisée. Alors oui, je pense qu'à un moment et dans certains cas... On n'a juste pas le choix. Et je regrette de ne pas m'être défendue plus tôt.
 

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