Quand j'étais petite, lorsque je prenais un bain, j'emmenais un bol avec moi, et je vidais consciencieusement TOUS les gels douches/shampooings à ma portée dedans, pour faire de jolies mixtures colorées et magiques, que je déversais ensuite joyeusement dans l'eau pour faire des bulles. Le comble du bonheur étant de me saisir ensuite des bouteille vides, de les remplir d'eau chaude et de me les verser sur la tête en chantant.
J'avais une petite cabane en plastique pour enfant dans mon jardin, et on m'a raconté qu'une fois, j'y avais convoqué mon oncle avec un air très, très grave. Une fois qu'il se fut plié en douze pour rentrer dans mon repaire (1m20 sous le plafond, m'voyez), je lui demandais le plus sérieusement (et innocemment) du monde :
"-Bouba, pourquoi tu es noir ?
-Parce que je viens d'Afrique.
*Air sévère* -Roooh, et tu avais oublié de mettre ton chapeau ?!"
Il me la ressort encore et toujours 14 années après °^°
Perdue dans mes rêves de gamine, il m'est souvent arrivé de mélanger imagination et réalité. À l'époque, j'étais persuadée d'avoir quelque chose de spécial, d'être une élue (non) qui s'ignorait et qui un jour aurait d'immenses pouvoirs, que notre monde ne se limitait pas à ce que je voyais et qu'il y avait certainement de la magie cachée quelque part. Mon tur-fu, je l'imaginais vivant dans un arbre, nue et sauvage au milieu de la forêt, avec de jolis chevaux que j'aurais dressé moi-même et que je serais seule à savoir faire obéir et des chats-lune volants. Un jour, un trou de ciel bleu dans les nuages blancs m'appela de son doux flouwflouw. Je sortis en courant de la maison, et grimpait debout sur le point culminant de mon petit monde : Un trapèze. Dans ma tête, ce n'était pas seulement un rond de ciel bleu, non, c'était le signal, le signal que j'espérais depuis tellement de temps, le signal que ma vie allait être bouleversée à tout jamais. J'allais m'envoler par ce portail et rejoindre un autre monde, plein de magie et de sphinx gentils-ailést ! Ça allait marcher, c'était obligé. Je pris mon courage à deux mains, respirait un grand coup, fixait mon regard sur le ciel et...m'élançait dans le vide, battant frénétiquement des bras et en hurlant "VOLE, VOLE,VOOOLE !".
Ma désillusion fut pour le moins brutale. Je me suis écrasée comme un vieux steak, faisant un magnifique plat dans la pelouse. Bizarrement, je n'ai presque rien senti, et je ne me suis rien cassée, mis à part ma dignité qui en avait pris un sacré coup. Quelle tristesse.