Ceci est une intro pour une histoire que j'ai longtemps hésité à écrire. Je ne sais pas si je la continuerais mais voilà l'introduction (le titre est temporaire):
Je ne suis pas une gentille fille. Enfin, ca dépend de ce qu'on appelle une gentille fille...
- COURS !
Je suis plutôt du genre à m attribuer ce qui ne m appartient pas, 'voyez ?
- TAXI !
- Putain, tout ca pour une robe, éructa Daniel avant de s?engouffrer dans un taxi et d?indiquer mon adresse au conducteur.
J?éclatai de rire et regardai une dernière fois les hommes de la sécurité disparaître derrière ma vitre. Mes mains étaient encore crispées autour de mon sac dont une bretelle de ma robe violette dépassait. Je me détendis et savourai le reste d?adrénaline dans mes veines avant d?échapper un soupir de victoire. Dan? se calma après avoir allumé sa clope et nous échangeâmes un regard complice.
- N?empêche, on les a sacrément bien niqué !
- WOUHOU ! hurlai-je en lui serrant la main avec vigueur. J?y crois pas, cette robe doit coûter dans les mille dollars ! C?est une édition limitée de la marque. Oh ! N?oublies pas de remercier ton pote Eddy?
- Grâce à lui, la direction va s?étonner de voir que « oups ! », la caméra ne filmait pas au moment du vol. Que c?est bête?
Je ris de nouveau et regardai le soleil se coucher alors que nous passions sur le pont de Brooklyn, tandis que les lumières de la ville s?éveillaient peu à peu. Je crois que c?était une drogue : le vol. Ce sentiment d?adrénaline, passer en une seconde de la peur à l?invincible, de la prison à la liberté. Cette robe avait doublé sa valeur de par les circonstances où je l?avais acquise. C?était maintenant un trophée, une pépite d?or dans l?ensemble de ma garde robe et qui, à mesure que le véhicule se rapprochait, allait se ternir dans mon monde de poussière et d?ombres.
Dès lors, il apparut devant moi ces immeubles familiers, aux échelles de secours rouillées, aux briques vieillies et égratignées, aux couleurs ocres et noirâtres des intempéries, parfois recouvertes de tags des gangs du quartier. Je sentis alors une certaine nervosité poindre dans le regard du chauffeur, quand Daniel lui fit signe :
- Laissez-nous là, dit-il avant de sortir de sa poche de la monnaie.
Daniel n?avait pas besoin de voler. Il aimait juste cette adrénaline que nous procurait l?action, mais dès qu?il rentrerait chez lui, il aurait son père qui l?attendrait devant son écran plasma du salon et sa mère qui le préviendrait que le dîner est presque prêt. Beaucoup de mes potes me demandaient pourquoi je traînais avec ce petit Blanc au quotidien, mais je les envoyai paître parce que Daniel me suivait partout où j?allais. Quel qu?en soit le prix, il était partant. Faut dire aussi que je l?avais mené loin le petit gars : des repères de dealers aux pots de vin et autres, il me suivait comme mon ombre. Enfin, à vingt ans, on n?était plus assez jeunes pour ignorer que s?il tenait autant à moi, c?est que j?étais plus qu?une bonne amie à ses yeux. Seulement, on était trop adultes pour en parler. Trop lâches. Nous avions peur que les choses changent en crevant l?abcès, alors on faisait comme si de rien n?était.
- On se voit demain ? me demanda-t-il alors que nous étions arrivés au carrefour habituel où nous nous séparions.
- Peut-être, dis-je en lui lançant un regard aguicheur.
- Bah ! s?exclama-t-il en balayant l?air avec sa main, de toute façon, on a plutôt intérêt à faire profil bas pendant un moment.
- Aurais-tu peur Daniel Richards ? dis-je en m?approchant de lui.
- Euh, mais non ! bafouilla-t-il.
Je ne sais pas si c?était le début de l?été, le soleil qui s?éclipsait ou simplement la journée que nous avions passés ensemble, mais ce soir-là, j?embrassai Daniel Richards avec autant d?amour que je n?en avais jamais donné auparavant. Plus qu?à tous ces mecs avec qui j?étais sorti pendant des années et devant lesquelles Danny s?était tu sans pour autant s?éloigner. L?air était chaud, je transpirai sous mon blouson de cuir à manches courtes et après la course que nous avions faite, mais je me souviens encore du frisson qui parcourut mon dos quand ses mains glissèrent autour de ma taille. J?éprouvai la même adrénaline, le même sentiment de liberté et d?invincibilité lorsqu?il me serra contre lui. Et quand, enfin, je rompis ce baiser en le regardant plus fragile et vulnérable que je ne l?avais jamais été devant lui ; je compris combien je l?avais sous-estimé. Les lèvres de Daniel avait un goût? d?espoir. L?espoir que, au-delà de ce quartier pourri dans lequel j?habitais, il pouvait m?arriver quelque chose de bien. De spécial. De précieux.
Daniel me sourit comme un enfant et m?embrassa une dernière fois avant de partir. Nous nous quittâmes comme à notre habitude, au coin de cette avenue, à quelques pas de chez moi. Mais, cette fois-ci, nous nous retournâmes à plusieurs reprises sur nos pas, le c?ur battant, observant l?autre avec un autre regard.
Nous avions vingt ans. Nous étions invincibles, et nous nous aimions.
Le lendemain, on retrouva le corps de Daniel dans une ruelle, poignardé à plusieurs reprises pour une montre de luxe que nous avions volé, et qu?il portait à son poignet. Une petite foule s?était attroupée autour des policiers. Parmi cette foule, il y avait cette ombre vide, saignée de tout son amour et de tous ses espoirs.
Cette ombre, cette fille, c?est moi. Ydie.
Ydie
.Je ne suis pas une gentille fille. Enfin, ca dépend de ce qu'on appelle une gentille fille...
- COURS !
Je suis plutôt du genre à m attribuer ce qui ne m appartient pas, 'voyez ?
- TAXI !
- Putain, tout ca pour une robe, éructa Daniel avant de s?engouffrer dans un taxi et d?indiquer mon adresse au conducteur.
J?éclatai de rire et regardai une dernière fois les hommes de la sécurité disparaître derrière ma vitre. Mes mains étaient encore crispées autour de mon sac dont une bretelle de ma robe violette dépassait. Je me détendis et savourai le reste d?adrénaline dans mes veines avant d?échapper un soupir de victoire. Dan? se calma après avoir allumé sa clope et nous échangeâmes un regard complice.
- N?empêche, on les a sacrément bien niqué !
- WOUHOU ! hurlai-je en lui serrant la main avec vigueur. J?y crois pas, cette robe doit coûter dans les mille dollars ! C?est une édition limitée de la marque. Oh ! N?oublies pas de remercier ton pote Eddy?
- Grâce à lui, la direction va s?étonner de voir que « oups ! », la caméra ne filmait pas au moment du vol. Que c?est bête?
Je ris de nouveau et regardai le soleil se coucher alors que nous passions sur le pont de Brooklyn, tandis que les lumières de la ville s?éveillaient peu à peu. Je crois que c?était une drogue : le vol. Ce sentiment d?adrénaline, passer en une seconde de la peur à l?invincible, de la prison à la liberté. Cette robe avait doublé sa valeur de par les circonstances où je l?avais acquise. C?était maintenant un trophée, une pépite d?or dans l?ensemble de ma garde robe et qui, à mesure que le véhicule se rapprochait, allait se ternir dans mon monde de poussière et d?ombres.
Dès lors, il apparut devant moi ces immeubles familiers, aux échelles de secours rouillées, aux briques vieillies et égratignées, aux couleurs ocres et noirâtres des intempéries, parfois recouvertes de tags des gangs du quartier. Je sentis alors une certaine nervosité poindre dans le regard du chauffeur, quand Daniel lui fit signe :
- Laissez-nous là, dit-il avant de sortir de sa poche de la monnaie.
Daniel n?avait pas besoin de voler. Il aimait juste cette adrénaline que nous procurait l?action, mais dès qu?il rentrerait chez lui, il aurait son père qui l?attendrait devant son écran plasma du salon et sa mère qui le préviendrait que le dîner est presque prêt. Beaucoup de mes potes me demandaient pourquoi je traînais avec ce petit Blanc au quotidien, mais je les envoyai paître parce que Daniel me suivait partout où j?allais. Quel qu?en soit le prix, il était partant. Faut dire aussi que je l?avais mené loin le petit gars : des repères de dealers aux pots de vin et autres, il me suivait comme mon ombre. Enfin, à vingt ans, on n?était plus assez jeunes pour ignorer que s?il tenait autant à moi, c?est que j?étais plus qu?une bonne amie à ses yeux. Seulement, on était trop adultes pour en parler. Trop lâches. Nous avions peur que les choses changent en crevant l?abcès, alors on faisait comme si de rien n?était.
- On se voit demain ? me demanda-t-il alors que nous étions arrivés au carrefour habituel où nous nous séparions.
- Peut-être, dis-je en lui lançant un regard aguicheur.
- Bah ! s?exclama-t-il en balayant l?air avec sa main, de toute façon, on a plutôt intérêt à faire profil bas pendant un moment.
- Aurais-tu peur Daniel Richards ? dis-je en m?approchant de lui.
- Euh, mais non ! bafouilla-t-il.
Je ne sais pas si c?était le début de l?été, le soleil qui s?éclipsait ou simplement la journée que nous avions passés ensemble, mais ce soir-là, j?embrassai Daniel Richards avec autant d?amour que je n?en avais jamais donné auparavant. Plus qu?à tous ces mecs avec qui j?étais sorti pendant des années et devant lesquelles Danny s?était tu sans pour autant s?éloigner. L?air était chaud, je transpirai sous mon blouson de cuir à manches courtes et après la course que nous avions faite, mais je me souviens encore du frisson qui parcourut mon dos quand ses mains glissèrent autour de ma taille. J?éprouvai la même adrénaline, le même sentiment de liberté et d?invincibilité lorsqu?il me serra contre lui. Et quand, enfin, je rompis ce baiser en le regardant plus fragile et vulnérable que je ne l?avais jamais été devant lui ; je compris combien je l?avais sous-estimé. Les lèvres de Daniel avait un goût? d?espoir. L?espoir que, au-delà de ce quartier pourri dans lequel j?habitais, il pouvait m?arriver quelque chose de bien. De spécial. De précieux.
Daniel me sourit comme un enfant et m?embrassa une dernière fois avant de partir. Nous nous quittâmes comme à notre habitude, au coin de cette avenue, à quelques pas de chez moi. Mais, cette fois-ci, nous nous retournâmes à plusieurs reprises sur nos pas, le c?ur battant, observant l?autre avec un autre regard.
Nous avions vingt ans. Nous étions invincibles, et nous nous aimions.
Le lendemain, on retrouva le corps de Daniel dans une ruelle, poignardé à plusieurs reprises pour une montre de luxe que nous avions volé, et qu?il portait à son poignet. Une petite foule s?était attroupée autour des policiers. Parmi cette foule, il y avait cette ombre vide, saignée de tout son amour et de tous ses espoirs.
Cette ombre, cette fille, c?est moi. Ydie.