L'homosexualité des personnalités historiques bientôt dans les manuels ?

[Hyperbole]

Juste pour venir mettre ma pierre à l'édifice.

Evidemment il faut que ce soit pertinent, parce que le dire pour le dire euh oui mais non. C'est comme les femmes ou les maris d'un tel, il faut que ce soit pertinent sinon ça n'a aucun intérêt : oublier de dire qu'en Henri VIII a eu 6 femmes, c'est grave comme omission au même plan qu'oublier de préciser que la poésie de Verlaine a été influencer par sa relation si ce n'est son amour (c'est pas très claire historiquement donc bon) pour Rimbaud est primordiale pour le prisme de connaissance de son oeuvre.

 

[mouahMD]

Pour moi, vouloir banaliser l'homosexualité par le biais de l'histoire ou de la littérature etc n'est pas une solution. Les collégiens et lycéens savent que l'amour entre personnes du même sexe existe. Et les idées reçues déjà bien ancrées.
C'est tout petit qu'on doit expliquer aux enfants que c'est pas forcément uniquement un homme et une femme comme il le voit tous les jours à la maison, à la télé ou dans les livres...Mon expérience personnelle a voulu que je soit confrontée à des personnes homosexuelles dès toute petite, et du coup ça m'a toujours paru normal.
Il y a quelques années un dessin animé qui mettait en scène deux petits poisson mal avait été interdit dans les écoles. C'est pourtant typiquement le genre de truc qui ferait avance le problème AMHA....

 

[Norma Jean.]

Je pense qu'on est toutes d'accord,la ministre a bien dis qu'il faudrait mentionner l'homosexualité de personnages historiques quand celle ci à eu un affect sur leur vie ou leur œuvre!Et puis quand on étudie un auteur un peu finement en général on fait sa biographie (donc ses amours entre autres).
On devrait même plutôt dire "Éviter de passer sous silences certains aspects importants et influents sur leurs œuvres de la vie d'auteurs étudiés en cours sous prétexte que c'est tabou".
Comme on l'a dit avant moi c'est pas tant l'orientation sexuel d'un écrivain qui est importante,pour Aragon (comme pour Verlaine et Rimbaud) ça n'a pas de sens : Aragon était,il me semble,homosexuel mais amoureux d'Elsa.Il s'agit pas de les mettre dans des tiroirs pour éviter de trop se creuser la tête.
Mais je trouve ça ahurissant de raconter que Verlaine et Rimbaud étaient amis.Comment est ce qu'on explique toute l'histoire de Bruxelles?Le coup de pistolet?L'arrestation de Verlaine pour sodomie à la même époque c'est assez important!

Mais il me semble que oui,aborder ces thèmes pourrait faire en sorte que l'orientation sexuel ne soit plus un composant de notre carte d'identité sociale.

 

[Hole]

(je suis d'accord pour dire que la "mesure" me parait un peu hors sujet étant donné que le tabou ne semble pas spécifiquement exister à l'heure actuelle mais peu importe).

C’est délicieux, si tu reconnais l'inexistence du tabou, on en revient à mon premier post : NVB brasse du vent pour justifier son ministère.

- Quand on parle de Proust, son homosexualité est traitée en cours même si elle n'est pas dans le manuel.
- Même si Proust lui-même n'est pas dans le manuel, on en parle, de lui et de sa vie affective.
- Proust serait dans le manuel avec son homosexualité, rien n'obligerait le professeur d'en parler, de lui et de sa vie affective.

Je suis libérale, donc ni de gauche ni de droite, donc philosophiquement ouverte et tolérante. Je te le confirme, c’est SO bien-pensant (est-ce que je demande moi qu’on mette davantage l’accent sur les bienfaits du libéralisme politique et économique en cours d’éco, de philo, d'histoire afin de sensibiliser les jeunes à la défense de leurs libertés face à l'État ? c'est pourtant ma vision de l'intérêt général...)

La distinction essentiel/superflu est capitale dans une année scolaire finie avec des horaires limités. L’histoire de l’Empire Monomotapa est aussi enrichissante (il y a un bon bouquin de W. G. Randles dessus que j’ai découvert après la polémique) mais je suis sûre que ce n’est pas une priorité pour des gamins de 5e.

Au fond, j’ai perdu la bataille de la liberté de l’enseignement sur le terrain idéologique. Depuis Jean Macé et sa Ligue je perds. Hier l’éducation civique, demain la morale laïque, un peu de défense des minorités par-ci par-là et beaucoup de nivellement par le bas… je perds. Mais toi tu perds et tu continueras de perdre sur le terrain pratique avec ces méthodes, car ton citoyen cultivé, éduqué aux différences, éco-responsable, professionnellement apte, libre, avec une lééégère préférence pour la gauche, tu ne l’auras pas. La société et les mentalités ne fonctionnent pas comme ça.

Dis-moi si je te blesse dans mes messages. Souvent je m'emballe, je m'emballe...

 

[Asgard]

Hole , j'ai pas compris ce que tu as mis en spoiler ... parce que "l'histoire de l'art , une histoire masculine" oui carrément.
Je trouverais ça bien qu'on parle plus d'artistes féminines : Frida Kahlo , Nikki de Saint Phalle , Arthemisia ... enfin je trouverais ça déjà très cool qu'on fasse de l'histoire de l'art en Arts Plastiques *soupir*

 

[Mandorle]

- La condition des homosexuels dans l’Antiquité. (histoire)

à l'époque où j'étais en seconde, il y avait un chapitre sur la démocratie Athénienne du Ve siècle. Dans un cadre de ce genre, je trouve ça dommage de ne pas aborder un point qui 1/est un élément important dans la culture politique de l'époque 2/ aide à une meilleure compréhension des textes qu'on peut voir en philo (ou, soyons fous, en Grec ancien) 3/permet de voir la conception différente qu'on pouvait avoir de la sexualité mais aussi de plein d'autres choses (et ça me paraît important de concevoir l'histoire aussi comme une façon de se décentrer par rapport à sa propre culture).

Je pense pas que ce soit nécessairement plus orienté politiquement que d'autres éléments d'un programme d'histoire.

 

[Northern]

@Hole
Vu le succès que tu as avec tes propositions tu pourrais vraiment travailler à brasser de l'air pour le ministère du droit des femmes.

 

[Miawou]

En lisant Hole , j'ai un peu l'impression que aujourd'hui, on est taxé de bobo bien pensant de gauche dès qu'on fait un truc.
Désolée alors, je dois être bien-pensante, parce que je pense qu'effectivement les questions de racisme/sexisme/homophobie/discrimination sont des points importants de notre société, et qu'il est primordial de lutter contre. Donc non cette mesure ne va pas changer la face de la société, (et elle n'est pas très bien faite de plus), mais c'est par de petites choses, de tous petits pas qu'on arrive à faire avancer les choses. Je trouve ça fatiguant d'avoir constamment face à soi le discours "Ca sert à rien toutes façons, ça va pas changer le monde, et y a plus important"
Et éduquer les jeunes, au collège et au lycée, leur apprendre à réfléchir et à être ouverts d'esprits, afin qu'ils puissent avoir les armes nécessaires plus tard pour se forger des convictions ça me semble être quelque chose de capital. Je trouve que l'enseignement civique est important, il est malheureusement mal fait, et quand on voit que la moitié des lycéens ne savent pas ce que sont les élections cantonales, je reste convaincue que cette matière ne doit pas être supprimée.

Mais bon, je ne suis qu'une humaniste-utopiste-bien-pensante-de-gauche.
(Plus sincèrement, je trouve que ces histoires de gauche et droite n'ont rien à voir avec la choucroute...)

 

[Altheea]

Comme beaucoup je pense que ça ne doit pas être tabou mais qu'à côté de ça ce n'est vraiment pertinent à raconter que quand ça a pu influer sur l'oeuvre de l'auteur. Après le dire pour le dire si ça n'éclaire pas l'analyse sans être choquant c'est un peu inutile. La sexualité fait partie de la sphère privée forcément ça peut influer sur l'écriture mais au même titre que beaucoup d'autres chose donc c'est à voir au cas par cas. ...

 

[Hole]

Bon sang les filles, vous m’obligez à remuer mon capharnaüm pour retrouver les Lagarde & Michard.

Alors :

RIMBAUD ET VERLAINE
En septembre son rêve se réalise : il [Rimbaud] a envoyé des poèmes à Verlaine et celui-ci, enthousiasmé, l’invite à Paris. Rimbaud choque ceux qu’il approche par la grossièreté de ses manières, mais, lorsqu’il quitte la capitale en juillet 1872, Verlaine le suit. Ils mènent alors, en Belgique et en Angleterre, une existence errante qui inspire à Verlaine ses Romances sans paroles et à Rimbaud certaines de ses Illuminations. Finalement c’est le drame : le 10 juillet 1873, à Bruxelles, Verlaine blesse son ami d’une balle de révolver. Après sa conversion il tentera vainement de le ramener à Dieu, et ils cesseront de se voir après une dernière réunion à Stuttgart en 1875.

Collection littéraire LAGARDE & MICHARD, XIXe siècle. Dépôt légal : 4e trimestre 1966

Certes, certes, le mot homosexualité n’est pas écrit… mais j'ai comme l'impression que tous le savaient

Cocomilie. : Je suis désolée, je serais plus douce. Je ne dis pas que les manuels ne doivent pas parler de l’homosexualité des écrivains, je dis :
- L'école le fait déjà
- Parler de ça n'est qu'un artifice pour ne pas agir sur les dysfonctionnements profonds de l'école. Le sociétal c'est facile, ça coûte pas cher et une fois la petite résistance des conservateurs vaincue (je ne parle même pas des libéraux, inexistants en France), ça finit par passer. Génial l'école change ! ... mais rien ne change. Oui @Miawou je suis intraitable sur les priorités.

@Novocaïne :

Je ne demande pas au lycée de produire une éducation morale

mais…
J'arrête le combat. En admettant la nécessité (histoire du féminisme, vision de l'homosexualité, minorités et tout et tout) : comment l'inclure dans les programmes sans empiéter sur le reste alors que - et ça reste dans mon premier post ! - les élèves ne maîtrisent pas le reste.

@Edwarda @Mandorle @Solania
Que mon ironie vous paraisse l’évidence me flatte, ça montre que j’ai assez bien saisi le logiciel en marche.



Bon, je cède devant le nombre.
Les filles, créez-moi le ministère du Changement des Mentalités, un budget financé à crédit et je vous révolutionne l’Éducation nationale en deux mois. Et la place dans les programmes ? On la trouvera ! Ce sont des luttes e-ssen-tielles

 

[Mandorle]

Que mon ironie vous paraisse l’évidence me flatte, ça montre que j’ai assez bien saisi le logiciel en marche.

ça ne me paraissait pas spécialement une évidence, je voulais juste souligner que dans certains contextes ça peut faire sens d'un point de vue scientifique (donc que ce n'est pas nécessairement de la bien pensance). Mais peu importe, en ce qui concerne les programmes d'histoire, je trouve ça un peu dommage de se contenter de dire que les élèves ne connaissent pas l'essentiel, sans se demander au préalable ce qu'est l'essentiel et pourquoi on le considère comme essentiel (et, attention, je ne pense pas spécialement que l'histoire de la sexualité soit une priorité, et il me paraît plus important de savoir ce qu'est le Vel d'Hiv ). Sans compter qu'un changement de perspective n'induit pas forcément un changement radical de contenu.

 

[SallyVonHolle]

Je sais pas trop comment me prononcer sur cette question. D'un côté je rejoins celles qui pronent la "révélation" de l'homosexualité/bisexualité d'un auteur/personnage historique si cela a influencé son oeuvre, sa vie, ses actes (ne prenons que Kerouac pour sortir des exemples bien français, qui était homosexuel refoulé complet, au point d'en être méga homophobe, mais qui fricotait quand même avec Ginsberg et qui était fou amoureux de Neal Cassady).
D'un autre côté, est-ce qu'on dirait d'un peintre hétérosexuel "Alors cette oeuvre a été fortement influencée par son orientation sexuelle" quand il nous barbouille quelques jolies nénettes ?!

Le problème en fait n'en est pas un. Ce n'est pas en évoquant l'homosexualité de personnages illustres que les élèves deviendront tolérants. Les jeunes sont confrontés à l'homosexualité tous les jours, via les stars, les chanteurs, les animateurs télés, les personnages de films et de séries, contrairement à ce que certains pensent ici de toute évidence. Si on n'explique pas derrière que ce n'est pas un tare, une maladie, un péché (pour certains), on n'avancera pas tout simplement.Et je ne pense pas que ça relève du cours d'histoire (sauf dans le cas d'une étude de la place de l'homosexualité dans la société) ou de littérature/français, mais plutôt du cours d'éducation civique.