Le mien aussi a été diagnostiqué malade de Parkinson il y a un 1 an, sauf qu'avant ça il avait déjà mentalement un pied dans la tombe à cause d'un cancer des voies urinaires mal identifié qui lui a valu sur une décennie l'ablation d'un rein (y avait 98% de chances que ce soit un cancer du rein au début, mais en fait non pas de pot on était dans les 2% donc on l'a enlevé pour rien celui là), de l'uretère puis de la vessie. A peine le cancer s'est-il résorbé que bam Parkinson. Mais je pense qu'il l'a depuis beaucoup plus longtemps que ça parce que je n'ai jamais noté un brusque changement chez lui, juste une lente dégradation de ses compétences intellectuelle et physique.
Je n'ai jamais connu mon père autrement que malade, comme un énorme dragon blessé et susceptible vivant au milieu du salon, qu'il fallait protéger et dont tous les besoins passaient avant ceux des autres (Papa a besoin que Maman rentre pour changer sa poche d'urine pendant la réunion parent-prof ? Pas de problème ! On annule !) asservissant ma mère (trop bonne, trop bête) en infirmière personnelle.
On m'a toujours décrit mon père jeune comme quelqu'un de très avenant, populaire (adjoint au maire deux mandats de suite) et intelligent (au sortir du lycée il est tourneur-fraiseur, et il enchaîne avec une Maitrise de Physique, beau gosse). Mais dans mon enfance la comparaison avec la réalité contemporaine n'en était que plus douloureuse. Incapable de tenir une conversation sans citer le journal de 20h mot pour mot, de réfléchir sur des sujets un tant soit peu intéressants sans emprunter au prêt à penser plébéien, et à le défendre farouchement à l'aide de préjugés divers, avec une tendance désagréable d'établir l'évidence ou des ouïes dires mensongers dans une longue et laborieuse démonstration inutile à la locution douteuse.
Petite il m’impressionnait par sa prestance et son assurance, mais plus je m'éduquais et plus je réalisait combien son arrogance intellectuelle avait de faibles fondements. Le dernier clou dans le cercueil de mon admiration béate de petite fille pour lui fut quand il ne comprit pas une allusion à la pomme de Blanche Neige. Il ne savait pas que la pomme de l'histoire était empoisonnée. Ce néant de culture couplé à cette difficulté de se renouveler et de réfléchir ont fait que j'ai été épouvantable à son égard (et je le suis toujours un peu) ce sont des choses qui peuvent paraître banales, mais qui au quotidien sont éreintantes, douloureuses, on a l'impression de vivre dans deux mondes différents. Avec ma mère, on pensait qu'il était dépressif.
Puis il y eut le diagnostic Parkinson, dont les symptômes comprennent la rigidité intellectuelle et la dépression. Mais où commençait la maladie, où commençait l'excuse et où commence la mauvaise foi ? Était-ce lui ou la maladie ? Quel différence cela devrait-il faire pour moi qui ne l'ai jamais connu autrement ? Et pour ma mère qui l'a quitté après la résorption de son cancer et avant le diagnostic Parkinsonien ?
Maintenant il est à la retraite, et il regarde canal+ sport toute la journée, enfin il somnole devant. Il ne se lève que pour se faire à manger où s'occuper du jardin.
Conclusion, la maladie, c'est de la merde, mais ça, on le savait déjà.
Edit : Je viens de me rendre compte que j'ai vidé mon sac d'une façon assez logorrhéique sans vraiment réagir au sujet ni aux autres posts -_-"" Veuillez m'en excuser, mais je ne trouve rien d'autre à dire, à part peut être bon courage à l'auteur de l'article, et à toutes les filles qui ont un proche atteint.