Merci pour ton article, il m'a aussi touchée, mais finalement, pas autant que je le pensais...
Mon père est parkinsonien depuis 18 ans, c'est à dire diagnostiqué depuis l'année de ma naissance.
Mon papa, je l'ai toujours connu malade, et je crois que si ton article ne m'a pas autant touchée, c'est parce que je n'y ai pas ressenti la haine que je vis tous les jours.
Le plus vieux souvenir que j'ai de lui, c'était quand il cuisinait, et que ma mère nous interdisait à mon frère et à moi d'entrer dans la cuisine, car sa diskinésie (mouvements involontaires liés aux médicaments qu'il prenait) pouvait être dangereuse.
Alors si je devais parler de mon papa, je vous dirais bien sûr que je l'aime et que c'est mon héros, mais aussi à quel point c'est compliqué.
Compliqué de le voir tirer la gueule ou s'énerver à longueur de temps parce qu'il est fatigué ou parce qu'il n'a pas pris ses médocs, compliqué d'être trop proche de lui, et de l'entendre me dire que sans nous, il se serait tiré une balle depuis longtemps, compliqué d'accepter de voir son père de 46 ans coincé dans le corps d'un homme de 60 ans.
Et en vouloir toujours à tout le monde. A lui, un peu, et à la vie, surtout. A cette salope de maladie qui pousse un petit garçon à poser toujours la même question : "Pourquoi tu viens pas jouer au foot avec moi, papa ?", qui te coupe trop vite ton enfance, et finit par te bousiller.
Parce que oui, depuis que je comprend, je flippe. Rentrer du lycée en imaginant qu'il est tombé, qu'il ne s'est pas relevé. Flipper dès qu'il ne répond pas à un texto, ou quand il arrive en retard.
Mon papa, je l'aime, je l'aime tellement fort. Mais en venir à le détester parfois pour ses sautes d'humeurs, son sourire qui devient trop rare, ses mots bruts et son irritabilité, c'est vraiment pas facile.