C'était trop d'entendre de nouveau ma mère parler dans mon dos au téléphone avec je-ne-sais-qui, mais que je connais sûremement. J'en ai marre de ses humiliations qu'elle étale partout... A croire que je ne m'entendrais jamais bien et simplement avec elle. Je fais toujours des efforts pour créer un terrain d'entente ou d'échanges "normaux", naturels alors que j'en ai pas forcément envie à chaque fois et quand je constate ce qu'elle balance derrière...
Je suis fatiguée de ses méchancetés gratuites et ses accusations, ses reproches de me rendre responsable de tout ce qui se passe à la maison. Tout à l'heure, on s'est encore bien enguelées ; c'est vraiment parti d'une réflexion volontaire de ma part (le genre de truc qu'elle me lance trop régulièrement depuis des années) qui l'a mise dans un état de furie hystérique. Elle hurlait : "Tu veux me mort, hein ?! C'est ça ?!". Quand j'essayais de lui répondre que c'est ce qu'elle me faisais subir depuis bien plus longtemps qu'une demi-minute, elle continuais à étaler mes défauts, mes tares, "la maladie" (oui bien sûr, il faut bien le rappeler, comment oublier un truc qu'on vous renvoie H24 dans la gueule ?) et tout un tas d'autres trucs blessants.
J'étais étonnée de ne pas pleurer tout de suite, d'habitude j'ai trop de mal à contenir mon découragement. J'ai simplement laissé couler, une fois seule dans ma chambre.
Les mots "Tu ne veux pas te soigner", je ne peux plus les entendre. Une fois par semaine avec la psy, je comprends mieux et sais que je n'ai pas toujours tort, mais qu'on continue à dire "Elle ne fais plus ses prises de sang./ Elle refuse tous soins./ Elle a arrêté son psychanalyste qu'elle voyait depuis cinq ans./ Elle ne se rend pas compte./ ..." à la fois et par plusieurs personnes... Je sature.
Je comprends que ma mère s'inquiète pour moi, mais à ce niveau-là, ça n'en est même plus. De la colère pure.
Il y a des moments où lorsque l'on arrive à atteindre un seuil agréable de discussion profitable, je me surprends à ne pas être moi-même, à avoir l'impression de marcher sur des oeufs et ressentir un trac monstre. Alors que c'est ma famille, putain ! Ma mère doit le sentir, parce qu'elle se débrouille toujours pour incérer une pique.
Et c'est une vieille histoire de famille ; depuis bien trois générations, la fille aînée et la mère ont toujours des problèmes ensemble. C'est vraiment con et simplement rancunier, mais je constate que ma mère reproduit parfaitement le schéma de ma grand-mère, avec qui elle est définitivement brouillée depuis sept ans.
Si j'étais un semblant plus débrouillarde, je ferais tout pour me barrer au plus vite. Mais là, je n'ai plus la motivation de faire n'importe quel genre d'effort. J'en peux simplement plus qu'on me dise que je n'aurai pas mon bac, que je n'entrerai jamais dans une école ou fac de mon choix, que je ne serai jamais assez compétente pour un job d'été, que je suis moche sans maquillage, ...
Merde, quoi.