La psychiatrie en prison:
Je cite ici une interview d'Eric Piel, psychiatre, chargé d'une mission par Bernard Kouchner sur la question de l'avenir de la psychiatrie publique en France
"Selon les experts, le niveau élevé de malades mentaux en prison serait lié à la réforme du code pénal de 1994 *** (voir note de bas de page).
Celui-ci a fait évoluer le taux d?irresponsabilité pénale en relation avec une pathologie mentale de 17% dans les années 80, à 0,17% aujourd?hui. En effet, les magistrats jugent de plus en plus souvent que les personnes atteintes de troubles psychiatriques sérieux sont responsables de leurs actes. Et donc passibles d?une sanction pénale, en particulier lorsqu?ils ont commis des actes graves. Ces malades aux symptômes psychiatriques lourds finissent donc incarcérés. Or les SMPR ne sont pas conçus pour traiter ce types de patients détenus. D?où l?impasse dans laquelle se trouve la psychiatrie en prison aujourd?hui.
*** L?expertise psychiatrique s?exerce en référence de l?article 122-1 du Code pénal qui depuis 1994 comporte deux alinéas :
1/ Abolition du discernement et du contrôle des actes au moment des faits = irresponsabilité totale de la personne.
2/ Altération du discernement = personne responsable"
Je trouve cela très interessant dans le cadre du débat sur la rétention de sûreté. Car qu'apprend-t-on ici?
- que depuis 1994, on met des personnes autrefois jugées pénalement irresponsables en prison (des "malades mentaux", comme on disait)
- que les psychiatres présents dans les hôpitaux n'ont pas pour rôle de soigner des maladies psychiatriques lourdes. Les détenus dans cette situation se trouvent ainsi privés de soins adaptés à leur état.
Et que prévoit la loi sur la rétention de sûreté?
Non pas d'offrir de réels soins psychiatriques aux patients qui en ont besoin. Mais de poursuivre l'enfermement de ces personnes après leur peine, pour enfin tenter de les soigner. Ridicule.
(ok, cette analyse est moins juridique que les précédentes. Mais il me semblait nécessaire d'en parler. Une excellente analyse du texte, par le syndicat de la magistrature, est disponible ici.)
Je cite ici une interview d'Eric Piel, psychiatre, chargé d'une mission par Bernard Kouchner sur la question de l'avenir de la psychiatrie publique en France
"Selon les experts, le niveau élevé de malades mentaux en prison serait lié à la réforme du code pénal de 1994 *** (voir note de bas de page).
Celui-ci a fait évoluer le taux d?irresponsabilité pénale en relation avec une pathologie mentale de 17% dans les années 80, à 0,17% aujourd?hui. En effet, les magistrats jugent de plus en plus souvent que les personnes atteintes de troubles psychiatriques sérieux sont responsables de leurs actes. Et donc passibles d?une sanction pénale, en particulier lorsqu?ils ont commis des actes graves. Ces malades aux symptômes psychiatriques lourds finissent donc incarcérés. Or les SMPR ne sont pas conçus pour traiter ce types de patients détenus. D?où l?impasse dans laquelle se trouve la psychiatrie en prison aujourd?hui.
*** L?expertise psychiatrique s?exerce en référence de l?article 122-1 du Code pénal qui depuis 1994 comporte deux alinéas :
1/ Abolition du discernement et du contrôle des actes au moment des faits = irresponsabilité totale de la personne.
2/ Altération du discernement = personne responsable"
Je trouve cela très interessant dans le cadre du débat sur la rétention de sûreté. Car qu'apprend-t-on ici?
- que depuis 1994, on met des personnes autrefois jugées pénalement irresponsables en prison (des "malades mentaux", comme on disait)
- que les psychiatres présents dans les hôpitaux n'ont pas pour rôle de soigner des maladies psychiatriques lourdes. Les détenus dans cette situation se trouvent ainsi privés de soins adaptés à leur état.
Et que prévoit la loi sur la rétention de sûreté?
Non pas d'offrir de réels soins psychiatriques aux patients qui en ont besoin. Mais de poursuivre l'enfermement de ces personnes après leur peine, pour enfin tenter de les soigner. Ridicule.
(ok, cette analyse est moins juridique que les précédentes. Mais il me semblait nécessaire d'en parler. Une excellente analyse du texte, par le syndicat de la magistrature, est disponible ici.)