Tout d'abord, merci pour vos commentaires, qu'ils soient positifs ou négatifs. J'ai pour habitude de prendre les deux faces de ce qui est suscité, justement parce que je ne possède pas de "prétention littéraire".
Plusieurs points sont cependant à éclaircir :
En premier lieu, ces revues ne possèdent pas le statut de critiques, et ne sont donc pas à considérer comme telles. Il s'agit de papiers, d'articles, ou tout autre terme équivalent sur lesquels on me donne libre choix. Voici pourquoi je ne possède pas de quotas, d'oeuvres à lire pour écrire. J'ai pour but de faire partager ce que j'ai simplement apprécié ou ce qui ne m'a pas laissée de marbre. Ce qui m'a dérangée, transportée, interrogée.
En second lieu (et comme une demoiselle précédente l'a déjà dit), il n'a jamais été question de m'adapter au style littéraire de l'auteur pour écrire sur l'auteur. Je ne cherche pas à copier quiconque, et n'ai pas la prétention de pouvoir toucher du doigt le dixième du savoir-faire de Rostand, Süskind ou Austen. Aussi étonnant et stupide que cela puisse paraître, je ne me regarde pas écrire car j'écris à l'instinct et l'écoute, selon ce qui a été suscité en moi et les sentiments que l'on m'a tirés. Je suis très encline à absorber à la fois le contenant et le contenu, et certaines oeuvres ont su tout simplement me transporter sur le long cours.
C'est ainsi le cas d'Orgueils & Préjugés, qui reste à ce jour l'un de mes livres favoris pour tout un tas de raisons déjà énoncées et auxquelles je viens parfaitement m'accorder. Ces pages là m'ont remuée, et mon sentiment à leur égard a été largement mis en couleurs par les différentes adaptations (télévisuelles, cinématographiques) que j'en ai vues. J'aime percevoir ce monde là de cette façon, basé sur la musique, les tissus, le toucher. Ce n'est d'ailleurs - à mon sens - pas pour rien que la BBC en 1995 a fait débuter le générique de son adaptation par des mains brodant toute une série d'étoffes, et qu'en 2005 Joe Wright a consacré les premières minutes de la sienne à la grâce d'une nuque, la vue d'un livre et le toucher d'une couverture qui se referme.
Ces oeuvres laissent une empreinte différente pour chacun, et la mienne se trouve profondément ancrée dans le visuel. En conséquence, je tente toujours - et parfois échoue - de trouver les mots les plus idoines afin d'exposer les couleurs de mon monde, celui dans lequel ces pages là m'ont nettement jetée. Egoïste, sans doute, mais si je ne prétends pas vouloir imposer ma vue aux lecteurs qui s'attardent sur ces mots, j'aimerais tout du moins que certain aient envie d'être touchés par elle. Et qui sait, peut-être percevoir l'ensemble d'une façon semblable.
Pour finir, le point d'orgue énoncé à la fin de l'article était destiné à mettre en valeur la grande justesse du titre choisi. Lors de sa toute première rédaction, Orgueil & Préjugés n'existait pas, car Jane Austen avait opté alors pour un titre beaucoup plus neutre, et donc plus libre d'interprétations (First Impressions). Pourtant, c'est bien celui sous lequel nous connaissons l'oeuvre qui la porte le mieux, car il exprime et met en valeur la beauté d'une histoire traversée par deux "venins", destinés très tôt à en avoir raison. C'est incontestablement l'Orgueil et le Préjugé qui rendent seuls ce récit digne d'être si bien savouré.