Ma position sur le polyamour reste assez ambiguë : sur le principe, je suis tout à fait d'accord avec Shield, Louis, Foxey. Je peux aimer plusieurs personnes en même temps, je fais peu de distinction d'importance/de valeur entre amour et amitié. De toute façon, à mes yeux, chaque relation s'exprime sur un mode particulier. On peut avoir des amitiés extrêmement différentes tout comme des amours très différents. Des fois, il y a plus de similitudes entre une relation amoureuse et une relation amicale, qu'entre deux relations amoureuses distinctes par exemple. Ce sont des relations de personne à personne, la manière dont elles s'expriment, se construisent, ne dépendent pas d'une appellation (je suis ton amie, ton amante) mais simplement de la personne en face et de soi-même. De ce qu'on choisit de faire pour entretenir le lien. Enfin j'ai l'impression de dire des lapalissades.
Je ne ressens en tout cas pas le moindre besoin de normaliser, de formaliser, de nommer les relations que j'ai avec les personnes que j'aime, sauf dans un contexte social où on nous demande de labelliser les choses pour que ce soit intelligible le plus rapidement possible, quitte à être schématique et inexact. (Bonjour je suis la pote de truc, bonjour je suis la copine de machin.) Dans un monde idéal j'aimerais juste pouvoir dire que telle ou telle personne compte pour moi dans ce cas de figure. Le reste nous regarde, moi et la personne concernée.
Dans les faits, dans le cadre du polyamour, reste la question sous-jacente, et sur laquelle tout le monde se focalise souvent, du sexe. Je n'ai jamais fait de plan à 3 ou plus, je n'ai jamais eu deux partenaires sexuels sur une même période. Ce n'est pas quelque chose que j'exclus par principe. J'estime que tout est affaire d'occasion, et si occasion favorable il y a (ce qui, dans mon esprit, reste cependant assez compliqué à provoquer, comme occasion, surtout que j'en ai pas envie plus que ça pour le moment), pourquoi pas.
Quant à la question de "partager" quelqu'un avec quelqu'un d'autre : en fait, certaines relations demandent plus de temps que d'autres. Actuellement, je peux dire que je suis "en couple" même si je n'aime pas tellement cette expression. On passe beaucoup de temps ensemble. J'ai aussi des amis avec lesquels j'aime passer du temps. Et ça me convient, ça me suffit. J'aurais du mal, concrètement, à me consacrer à une personne de plus... notamment d'un point de vue sexuel en fait.
Parce que j'envisage pas trop pour l'instant le sexe pour le sexe, je peux pas coucher avec quelqu'un que je n'aime pas, je pense, enfin ça me tente pas. Comme je suis pas morte de faim, comme je suis satisfaite de nos rapports sexuels avec mon copain, j'éprouve pas le désir de chercher ailleurs. En ce sens, peut-être que je bride inconsciemment mon désir et que, seule, je serais ouverte à plus d'opportunités. Mais je n'exclus pas non plus la possibilité de croiser quelqu'un qui me donne suffisamment... envie de lui (ou d'elle, qui sait), pour que je franchisse le pas. Seulement en l'état ça me paraît compliqué. Je garde la pensée que ça doit valoir le coup pour que je puisse prendre ce risque (car se lier à quelqu'un, de quelque manière que ce soit, ça reste un risque à mes yeux - c'est aussi ce qui rend la chose si précieuse et si stimulante). Et ça doit aussi valoir suffisamment le coup pour que je prenne le risque de blesser mon copain (qui est plus tradi, exclusif etc.) Mais ce n'est pas un risque que j'exclus par principe, car ce serait trop con de s'empêcher de vivre par principe. Et j'estime qu'il est aussi libre de faire ce choix de son côté - je pense pas être très exclusive au fond. Lui aussi est très entouré, a des amitiés très fortes, mixtes, et je ne lui enlèverai ça pour rien au monde, car c'est ainsi qu'il se sent heureux. Si il se mettait à coucher avec quelqu'un d'autre, je serais surtout frustrée de devoir partager mon temps de sexe avec quelqu'un d'autre.
(Sans compter aussi la crainte des implications type MST etc.)
Je trouve important de distinguer théorie, principe, et réalité. Dans la théorie, on pourrait dire que je suis polyamoureuse dans la mesure où je m'interdis pas d'aimer plus d'une personne à la fois (ce genre d'interdits va contre mes idéaux de liberté et d'indépendance). Dans les faits, ce serait juste difficile d'un point de vue emploi du temps et énergie d'avoir un partenaire sexuel supplémentaire.