Humanitaire et marrainage d'enfants

[Ruisseau]

Hello !
Au départ je cherchais un sujet sur le marrainage d'enfants en stuation de pauvreté mais comme j'ai vu qu'il n'y avait pas à proprement parler de topic actif sur le bénévolat ou l'humanitaire, je me suis dit que je pouvait l'élargir à ça !

Donc
1) J'ai rompu ma règle d'or anti-déprime récemment pour regarder des reportages et des documentaires sur l'actualité dans le monde et il en est ressorti la guerre, la fin, les enfants qui témoignent avec candeur, les mains dans le cambouis, qu'ils espèrent pouvoir aller à l'école yun jour et devenir avocats, d'autres en état de malnutrition intense qui regardent d'un air blasé la caméra, d'autres encore qui ramassent des fêves de cacao avec une larme discrète sur le visage ("Sur les routes de l'impossible"), un autre encore qui, coincé aux portes du désert, cherche à aller en Europe depuis qu'une phrase de son prof a changé sa vie alors qu'il n'avait pas de quoi acheter des fournitures scolaires : "L'école n'est pas fait pour les pauvres. On ne peut pas étudier quand on a le ventre vide." Et d'embrayer sur ce qu'il a à offrir : "Je danse bien, je sais cuisiner. Je travaille."

Breeeeef, pas mal d'images et de mots vus il y a des années ou quelques jours et qui me reviennent souvent, ajoutées aux mineurs isolés pleins de bonne volonté et de vivacité d'esprit que j'ai pu rencontrer en faisant du bénévolat.

J'ai fait des recherches sur le marrainage d'enfants mais il y a un côté néo-colonial qui me dérange dans la présentation des programmes.

C'est très encadré, peut-être trop. On reçoit un rapport sur l'évolution de l'enfant comme un scientifique en laboratoire, les échanges sont contrôlés dans des cartes préfabriquées avec un encart pour une note de l'enfant . Les infos qu'on nous donne sur lui paraissent orientées pour nous conforter dans l'idée que tout va bien et qu'il faut continuer de l'aider, comme une sorte de publicité slash newsletter annuelle... sauf que c'est à propos d'une personne. Malgré tout ça me tente vraiment. C'est peut-être possible de passer outre ce côté formel et en faire un échange plus authentique.

Bref si certaines d'entre vous le font ou l'ont déjà fait et que vous avez des témoignages, je suis toute ouïe.

Ca m'a quand même l'air d'être une belle expérience à la fois pour aider concrètement, matériellement, individuellement des personnes, et lisser un lien avec, même si c'est forcément un lien contraint et déséquilibré vu qu'on est des sponsors dans de pays développés qui vivons littéralement à 1000 lieues.

2) Partagez vos expériences de bénévolat ou de volontariat humanitaire ici !
J'ai la flemme de faire tout un topo, ma logorrhée sur le travail des enfants m'a épuisée

 

[Gaviota]

Bonjour,

Le sujet de l'humanitaire m'intéresse également, je suis très inquiète d'une part à cause du changement climatique, du fait que plusieurs pays vont devenir invivables d'ici quelques années, et d'autre part à cause de la montée des extrémistes dans de nombreux pays (y compris ici), en parallèle du recul des droits humains. Ce sont de bonnes raisons de s'engager, je crois.

Je n'ai pas d'expérience de bénévolat ou volontariat humanitaire à partager, en tout cas pas sur le terrain dans des pays lointains... Il m'est arrivé de participer à des "mapathons", des séances de cartographie participative, pour CartONG, une ONG qui travaille pour d'autres ONG comme Médecins sans Frontières ou le Haut Commissariat aux Réfugiés. Ce sont des retraités de mon entreprise qui organisent ça une fois par trimestre, c'est comme ça que j'en ai entendu parler. En général, le but est de détourer les bâtiments et les routes sur des photos aériennes, pour que les équipes de volontaires sur place planifient leurs interventions. Par exemple, lors de mon premier mapathon, on avait détouré les bâtiments d'un camp de réfugiés au Kenya, pour visualiser les zones les plus densément peuplées. C'est dans ces zones que les volontaires devaient se rendre en priorité pour vérifier que les habitants disposaient bien de toilettes et d'assainissement. Par rapport à ton message @Ruisseau , ce genre d'action est bien éloigné du marrainage d'enfant, on ne tisse pas de lien avec des personnes.

 

[Gringo]

Je passe par Un enfant par la main et ils m'ont donné en marrainage, il y a quelques années une petite fille de 5 ans et maintenant un petit garçon de 3 ans.

Alors ils ne me disent pas que tout va bien, là ils sont plutôt en train de me dire que tout va mal (en Haïti), qu'heureusement les réserves d'eau qu'ils ont construites sont encore salubres parce qu'il y a le choléra qui sévit et qu'il ne pleut pas depuis des mois, que les familles qu'ils suivent ont enfin pu retourner au marché pour vendre leur produit car les gangs sont partis et que pour l'instant ils n'envoient plus rien (ni argent, ni cadeaux, ni lettres) car trop de risque de rackett par les gangs pour leurs équipes sur place.

Mais ça fait quelque chose au coeur quand la petite fille me disait que son plat préféré c'est le riz et qu'elle voulait devenir couturière. Ils sont partis de la région où l'asso est, donc ils sont sortis du programme et j'espère qu'ils iront bien.
Là le petit de 3 ans je pense qu'il a été pris en charge par l'asso car les parents sont excessivement pauvres et qu'au moins il a de quoi manger avec le programme. Et mon argent permet, en plus de la nourriture, de payer l'instit, les réserves d'eau etc.

Mais l'échange est compliqué avec les parents, moi je n'ai eu d'échange qu'avec la tante de la petite fille, car c'était la seule, je pense, qui savait écrire (ou écrire en français). J'ai eu aussi un courrier de l'instit (en français) et ce n'était pas fou au niveau de la syntaxe. C'est pas leur langue du quotidien, ça se sent. Je ne suis pas sure que toutes mes lettres aient été bien traduites sur place.
Quant à ses résultats scolaires, ils étaient nuls. Je la soupçonne d'être plutôt matheuse (car en math elle avait de bonnes notes) et qu'en langue sont prof n'était pas bon et qu'elle ne comprenait pas la logique (car au vu de la lettre du prof, il n'y avait aucune logique dans la langue écrite). Mais bon, être néocoloniale serait d'envoyer des profs européens leur apprendre comme en Europe, là ils laissent faire les instit locaux même s'ils ne sont pas doués en pédagogie.

C'est aussi un pays compliqué d'accès car hyper insécuritaire, donc je savais que jamais je n'irai sur place.
Par contre je pouvais envoyer ce que je voulais et écrire ce que je voulais tant que ça restait à hauteur d'enfant et dans le respect de nos différence de niveau de vie (quand elle m'a dit qu'elle adorait le riz, moi je lui ai dit que j'adorais les pommes de terre et le poisson)

Je pense que c'est plus simple de tisser un lien quand tu parraines dans un pays stable (genre Vietnam, Sénégal), facile d'accès pour aller visiter ton filleul en temps voulu et que le français/l'anglais/l'espagnol est leur langue du quotidien.

Néanmoins tu peux aider autrement: mon compagnon a fait son stage de master au Togo, il vivait chez l'habitant, le fils ainé était passionné d'informatique, il voulait partir sur les routes pour venir en Europe étudier et il demandait à mon mec de l'argent. Mon mec lui a plutôt envoyé un ordinateur quand il est rentré en France, l'ado a pu s'exercer dessus en autodidacte, ce qui fait qu'il a été pris dans l'école d'informatique de son pays car il avait le niveau par rapport aux autres qui n'avaient pas accès à un ordinateur chez eux et il est maintenant informaticien et il fait construire une maison à sa mère.
Je pense qu'il y a des assos qui permettent ainsi à des jeunes adultes de débuter dans la vie: un ordinateur, une machine à coudre, ça peut faire la différence.

 

[Pélagique]

Merci pour ce sujet.

Pour ceux que ça intéresse, il existe aussi des dispositifs de parrainage de proximité d'enfants en situation de vulnérabilité (par exemple, placé, pupille de l'état, avec des difficultés à la maison...) en France : par exemple sur ce lien c'est expliqué https://www.france-parrainages.org/france/je-parraine-un-enfant-pres-de-chez-moi

ça demande un investissement en matière de temps / disponibilité sans doute plus important que le parrainage d'un enfant à l'étranger (présence régulière avec l'enfant - par exemple une journée par mois). Je trouve que c'est un très bel engagement et que ça permet de créer des liens humains très forts.
Personnellement, c'est quelque chose auquel je réfléchis beaucoup, et qui me parle plus que le parrainage d'un enfant de l'étranger (même si ça me plairait aussi je crois). Je suis en réflexion, mais aujourd'hui je préfère attendre d'avoir un enfant parce que je ne voudrais pas que l'arivée d'un enfant qui me rendrait beaucoup moins disponible vienne fragiliser le lien avec un enfant parrainé déjà émotionnellement vulnérable.

 

[UndoMiel333]

Je trouve vos messages très chouettes.
J'y pense régulièrement mais je n'ai jamais encore osé franchir le cap, pour l'instant je donne plutôt à des associations.

 

[Ruisseau]

Merci beaucoup pour tes infos @Gringo ! C'est super touchant ce que tu racontes par rapport aux enfants que vous avez aidés ton copain et toi. Ca fait réfléchir sur les petits coups de pouce qui peuvent POUCER loin (merci de capter mon jeu de mots pourri).

Spoiler

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[Abbiocco]

Spoiler: Ne pas citer svp à moitié parti

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