Bon, je ne répondrai pas sur le fond parce qu'après tout, chacun a le droit de se faire son idée d'un film. Mais je ne peux pas m'empêcher de relever la grosse incohérence par laquelle débute l'article.
"Non, Drive ne mérite pas d’être classé sous cette terminologie. Drive est un blockbuster américain, un film commandé, un long-métrage réalisé avec de gros moyens"
Ok. Passons aux chiffres. Le budget de Drive ? 25 millions de dollars. Quand on voit la somme comme ça, c'est sûr, ça fait beaucoup d'argent. Mais qu'on se détende! Regardons les films produits par l'industrie ciné américaine ces temps-ci :
Real Steel ? 110 millions de dollars.
Les 3 Mousquetaires ? 90 millions de dollars.
Passons aux dénommés (et dans leur cas, biennommés) "blockbusters" du cinéma américain :
Inception ? 160 millions de dollars.
Transformers 2 ? 200 millions de dollars.
Harry Potter et les reliques de la mort ? 250 millions de dollars.
Pirates des Caraibes : jusqu'au bout du monde ? 300 millions de dollars.
Titanic ? Avatar ? Plus de 200 millions de dollars.
Alors voilà, vous me direz, l'heure est peut être à la surenchère, mais peu importe. Là n'est pas le sujet. Le sujet, c'est que non, Drive n'est pas un blockbuster. Refn n'est pas connu pour avoir eu la chance de crouler sous les milliards (si l'on s'intéresse un temps soit peu à sa filmo, il a réalisé Pusher II juste pour rembourser des centaines de milliers de dollards de dettes).
Certes, Drive n'est pas original. Son scénario n'est pas original, son traitement bourré de partis pris non plus. Refn ne s'en est jamais caché, tout comme il n'a jamais caché avoir cherché à déverser dans le film ses nombreuses références cinématographiques. Le talent de Refn, c'est justement de faire un super film avec une histoire qui ne transcende rien. Cela ne doit pas empêcher de reconnaître au film sa photographie sublime, son travail global sur l'image et le son, sa mise en scène, son jeu d'acteurs. Si quelqu'un peut me citer un seul autre film à l'affiche actuellement qui ne contient pas plus de dialogues que ce qui a pu être mis dans la bande-annonce (allez quoi, 3 min, j'exagère ?), qu'il ne s'en prive pas. Oui, il y a des parti-pris dans ce film, comme il y a de la citation, preuve que Refn a une culture ciné bien supérieure à celle de la plupart de ses contemporains.
"le respect de la typologie des genres cinématographiques est à mon sens, l’ultime barrière contre la paresse intellectuelle et la décrépitude de nos corpus de références."
Pour finir, je dirai que je ne suis pas d'accord avec ça, et selon moi, les prises de tête relatives aux classements des films m’énervent catégoriquement. Ceci étant, et puisque c'est comme ça que cet article débute, je finirai moi aussi en me montrant "tatillonne" :
"Ni d’art et d’essai (Drive n’est pas un film expérimental)."
Cette bourde est représentative. Un film d'art et d'essai et un film expérimental, ce n'est absolument pas la même chose. Un film expérimental peut être totalement dépourvu de récit, de narration, il est marqué par sa caractéristique de recherche visuelle, sonore, ou autre. Un film d'art et d'essai, comme on en trouve dans les cinémas du même nom, ne correspond pas à cela. C'est un film d'auteur, souvent diffusé en VO, et qui a bien d'autres caractéristiques.
Alors peu importe à quelle catégorie appartient Drive. Pour moi, ce n'est ni un blockbuster, ni un film expérimental. Peu importe qu'il appartienne à la catégorie "Art et essai" ou pas. Pour moi, c'est un véritable film d'auteur.