@AngelTen Richard II
Ok!
Et une relation entre une femme cis et un homme trans (donc assignée femme), il s'agit d'une relation hétérosexuelle, ou homosexuelle (mais "hétérogenre" - je sais pas si ça se dit)
Par principe, ou "de base" sans contexte ni rien, c'est une relation hétérosexuelle, puisqu'il s'agit d'une relation entre un homme et une femme.
Après, le parcours de vie de certaines personnes peuvent les amener à identifier leur relation comme étant lesbienne : ainsi, il y a de nombreux exemples d'hommes trans qui ont vécu dans des milieux lesbiens, se sont mis en couple avec une femme lesbienne, et continuent de s'identifier comme lesbien(ne)s même après leur transition. Les raisons de cette identification sont multiples et propres à chaque personne.
Je voudrais dire, aussi (et ça n'est pas du tout un reproche que je fais
ce sujet est l'endroit où il faut poser des questions, et je trouve ça cool que vous cherchiez à comprendre et à savoir, je n'ajoute ces lignes qu'en complément de réflexion) qu'il faut se méfier des distinctions entre sexe et genre qui ne sont pas aussi claires qu'elles n'en ont l'air.
Le langage utilisé pour parler du sexe n'est pas neutre : il contribue lui aussi à classer l'humanité en deux catégories exclusives, à tracer des frontières infranchissables entre ces deux catégories qui n'ont pas lieu d'être, et il est parfois, voire souvent, utilisé pour invalider l'identité des personnes transgenres. L'article de wakening princess intitulé
"du coup, t'es une femme mâle?" que je vous mets en lien explique tout ceci mieux que moi, et je vous encourage vraiment à le lire :
https://wakeningprincess.wordpress.com/2015/02/19/du-coup-tes-une-femme-male/
Je trouve qu'il est toujours bon de s'interroger sur la pertinence qu'il y aurait à faire une différence entre les hommes cis et les hommes trans, en quoi est-ce que la transidentité d'une personne nécessiterait la création d'un langage nouveau.
Il est intéressant de se demander pourquoi est-ce que parmi toutes les différences qui existent entre les corps (et qui peuvent être très marquées), c'est les organes sexuels qui vont établir une distinction entre des personnes du même genre, et amener à créer deux mots pour désigner des relations avec des hommes qui ont ou qui n'ont pas le sexe attendu.
J'ai le sentiment que ça inscrit dans le langage (et donc dans la pensée, parce que ça construit ces différences-là, et pas d'autres) l'idée qu'il y a deux catégories de sexes seulement (et sans même parler des personnes intersexes, ça minimise voire ça nie toutes les transformations qui peuvent arriver à un vagin qui vit une puberté à la testostérone, ou un pénis qui vit une puberté à l'oestrogène, bref ça construit une dichotomie où les vagins cis et trans sont pareils, et les pénis cis et trans sont pareils), que ces organes sexuels ont nécessairement une place importante dans toute relation sexuelle et qu'on fait toujours des choses un peu semblables avec (sinon, on aurait pu avoir un langage qui crée une distinction entre les relations sexuelles avec ou sans ces organes, par exemple), et aussi, qu'il est par extension ok de catégoriser ses relations amoureuses et de couple en fonction des organes sexuels de la personne, parce que s'il y a une distinction que le langage ne fait pas (et que ce sujet n'a pas vraiment interrogée), c'est la distinction entre la relation homosexuelle (l'acte sexuel en lui-même) et la relation homosexuelle (le fait d'être en couple homosexuel). Bien sûr, ces mots, et les distinctions qu'ils font et ne font pas, ne vont pas créer des automatismes qui déterminent notre pensée - mais ils l'orientent déjà, et ce n'est pas anodin du tout. Le langage, c'est important
(Edit: tout ceci ne remet pas en question le fait qu'il est ok de ne pas aimer les pénis ou les vulves, et qu'il est ok, et sain, de dire non à une relation sexuelle, quelle qu'en soit la raison, même sans raison, et sans avoir à en donner. Il est toujours ok de dire non. A vrai dire l'hétérosexualité ou l'homosexualité d'une personne ne présuppose pas l'attirance automatique envers toutes les personnes du genre concerné.)
Bref, rien de tout ceci n'est dit pour blâmer qui que ce soit, au contraire
je trouve très chouette que tout le monde se questionne. J'invite juste à questionner les questions - c'est à dire à remettre en question les schémas prédéfinis de la société, et les distinctions qu'elle a mis en place ou pas.