@Sassegra Effectivement le statut de concubin n'est pas très "enviable" lorsqu'on envisage la protection future de la personne qui partage notre vie.
Comment faire en sorte que son/sa compagnon-agne reçoive les biens, les comptes en banque, la voiture, l'appart', la collection de petits poneys, si on décède demain ?
@Sorbitou
Il y a une protection au niveau du bail, c'est à dire qu'il n'a pas à quitter le logement même s'il n'est pas titulaire du bail (mais à vérifier quand même).
J'apporte une nuance à cela :
- soit les deux personnes étaient co-titulaires du bail et dans ce cas le survivant continue seul le bail ;
- soit seul le concubin qui est décédé était titulaire du bail, et dans ce cas, le survivant peut se voir transférer le bail à son nom s'il établi qu'il vivait en concubinage
notoire (= relation continues, stable et connue) depuis au moins 1 an avec la personne décédée (
article 14 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989).
Par contre si le concubin décédé était propriétaire du bien qui constituait le logement du couple, le survivant n'a aucun droit de bail forcé et les héritiers ou même le bailleurs pourront le forcer à partir en mettant fin au bail.
Est ce que le mariage est obligatoire ?
Est ce qu'un PACS suffit ?
Le PACS offre une sécurité déjà bien meilleure que le concubinage pour le logement : poursuite du bail de location au profit du partenaire survivant, ou droit d'occupation
gratuit du logement pendant 1 an.
Entre cas de mariage, le conjoint survivant bénéficie lui aussi du maintien gratuit dans les lieux pendant 1 an. En outre, il pourra demande à bénéficier d'un droit d'habitation sur le logement à vie (+ droit d'usage du mobilier) sous
certaines conditions.
Pour les autres biens, la situation du pacsé est meilleure que le concubin mais moindre que le conjoint.
En effet, le "pacsé" n'est pas naturellement l'héritier du conjoint, c'est-à-dire qu'en l'absence de testament complémentaire, il viendra en concurrence avec les autres héritiers du pacsé décédé.
Le principe est le suivant : on prend l'ensemble du patrimoine disponible du défunt. La loi impose qu'une partie de ces biens (appelée la réserve héréditaire) revienne nécessairement à certains héritiers dits réservataires (s'ils acceptent la succession), que sont le conjoint et les descendants (les enfants). La part restante est appelée "quotité disponible". C'est cette part, laissée à la libre disposition du pacsé décédé, qui peut être léguée par testament à son partenaire. En l'absence d'héritier réservataire, l'ensemble des biens constitue la quotité disponible et on peut en disposer totalement.
Donc :
- si PACS, le partenaire est un héritier comme un autre + éventuel testament
- si mariage, on est héritier réservataire donc une part du patrimoine du décédé nous est réservée (1/4 de mémoire).
Pour les comptes en banque, les règles sont les mêmes PACS/mariage confondus : le compte mono-titulaire (donc pas le compte joint) est bloqué au décès de la personne concernée, et les procurations existant sur ce compte s'arrêtent également. Une personne ayant qualité d'héritier peut solliciter la clôture du compte, la somme disponible étant alors intégrée à la succession et sera répartie selon les règles habituelles de succession (cf plus bas). Au-delà de 5.000€ sur un compte, l'intervention d'un notaire est nécessaire.
C'est la même chose pour les autres biens, ils sont intégrés à la succession et distribués selon les règles vues plus haut.
Le mariage permet de bénéficier d'autres avantages :
- pension de réversion
- allocation de veuvage
- transmission d'une part supérieure à la quotité disponible ordinaire (appelée quotité disponible spéciale entre époux).
Certaines situations seront les mêmes qu'on soit pacsés ou mariés : impôts, protection sociales (prestations familiales, allocations logement,...).
Est ce qu'un testament suffit ?
Le testament reste donc une valeur sûre pour faire bénéficier de certains biens le partenaire survivant, si d'autres héritiers viennent en concurrence.
Il faut toutefois garder à l'esprit que tous les biens ne sont pas disponibles (cf la quotité disponible), et que des héritiers peuvent remettre en cause la répartition prévue par le testament.
Est ce que la taxation sur la succession change en fonction de ces options ?
PACS ou mariage, les deux
régimes fiscaux sont alignés sur ce point : les biens reçus en héritage (par testament pour le pacsé, par héritage direct pour le conjoint) sont totalement exonérés de droits de succession.
Sinon, du vivant des partenaires, ils peuvent se faire des
donations, dont l'imposition est la même que le couple soit marié ou pacsé. Mais elles peuvent également être remises en cause au moment de la succession, en raison notamment de leur montant (comme pour les biens légués par testament).
Je résumerai les choses ainsi :
- concubinage : aucune protection
- PACS : bonne protection en l'absence d'enfants ou si seulement enfants du couple (et pas d'enfants issus d'autres lits)
- mariage : meilleure protection si enfants d'autres lits.
Sinon, il existe la possibilité de créer une SCI (société civile immobilière) dite familiale : en gros, les membres d'une famille créé une SCI en y apportant des biens (physiques ou de l'argent) qui constituent le patrimoine de la SCI. Ce patrimoine est gérée par les associés sous le contrôle d'un gérant. Chaque associé est propriétaire de parts sociales dont il peut disposer. Lorsqu'un associé décède, ses parts sociales font partie de la succession et seront transmises à ses héritiers.
Là pour le coup un concubin sera protégé car il peut parfaitement faire partie des associés avec un montage (un peu complexe...) entre usufruit et nu-propriété.
Les règles fiscales de ce type de montage sont assez avantageuses.
Voilà désolée pour le pavé j'espère t'avoir éclairé sur ces quelques points
En tout cas je trouve ça très bien d'envisager la protection future de son partenaire, car ça permet de régler et de discuter en amont beaucoup de choses