J'ai toujours adoré ça, monter sur scène pour des spectacles.
J'ai fait de la danse de 4 à 15 ans. Chaque année, on faisait au minimum un spectacle La toute première année, c'était en GMS, on faisait un spectacle sur la mer, la prof m'avait choisie pour être la reine des vagues parce que j'étais la plus petite, je devais traîner un grand rouleau déplié de papier transparent, je m'étais amusée comme une petite folle. Je ne me rappelle pas de costumes trop laids, en général c'était juste justaucorps et collants pour la danse modern jazz, et jogging-brassière-baskets pour la danse hip-hop. En colo, systématiquement, je m'arrangeais pour être dans le groupe des filles qui montaient un spectacle de danse à la fin. Là, on avait des tenues nettement plus funky. On a aussi fait les Spice Girls, bien entendu. En école d'ingé, j'ai intégré la première équipe de pom-pom girls de l'histoire de l'école, parce que j'avais envie de me remettre à la danse. On a fait des chorés en tenue de pom-pom, sous les quolibets et les injures du public. Malheureusement ce n'était pas à la hauteur de mes attentes, chorégraphiquement parlant.
En troisième, j'ai fait partie de la chorale du collège, parce que le prof de musique était funky, il nous avait fait chanter Petite Marie de Francis Cabrel en version ragga. Pourtant, putain qu'est-ce que je chantais faux.
De la 6ème à la 2nde, j'ai fait aussi du théâtre. J'adorais vraiment ça. J'étais attirée par les rôles complexes, les doubles personnages, je jouais plusieurs rôles dans les pièces. J'étais fan des costumes. Je me rappelle d'une pièce où je devais sans cesse changer de costume, entre celui du détective, avec imper miteux et cigare allumé, celui de la bonne, avec une paire de faux seins en plastique et un tablier à dentelles, celui du valet, avec une veste et une queue de cheval. J'ai arrêté le théâtre parce que l'activité du lycée ne me plaisait pas, et je n'ai jamais repris parce que j'ai décidé de me consacrer aux arts martiaux. En prépa, on avait commencé à monter un spectacle, une pièce originale écrite pour l'occasion, mais bon les tensions ont eu raison du projet.
Et puis il y a eu toute la période castings, se donner en spectacle devant des types blasés, montrer ses cheveux, déclamer des textes à la con, prendre la pose en maillot, commencer à tourner des films qui n'ont jamais obtenu leur budget. A la fin, j'ai commencé à enregistrer un album expérimental avec un producteur de variété française, mais j'aimais pas chanter en français, et le projet est tombé à l'eau.
Pendant toute mon enfance et mon adolescence, j'étais d'une timidité maladive, je n'avais aucune confiance en moi, pourtant j'adorais la scène. C'était vital, ça me permettait de m'exprimer, de me lâcher. C'est probablement pour ça que j'aimais autant ces activités. D'ailleurs j'ai compris un truc grâce à ce sujet : c'était pas de l'exhibitionnisme ou de l'égocentrisme, c'était qu'en temps normal, je jugeais que les gens avaient mieux à faire que m'écouter parler, alors que pendant un spectacle, ils étaient là pour ça, et il ne fallait pas les décevoir.