Je repasserai pour présenter ici les films et séries choisies pour le jeu. J'aime les analyses, débats, discussions et critiques approfondies, personnelles. Donc j'aime mieux le faire ici que sur le fil du jeu pour pouvoir m'étaler, j'espère que ça vous ira
@celacanto je trouve ta question finale hyper intéressante ! Je n'ai pas vu Broad City alors je ne vais pas rebondir sur cette œuvre ici (noté sur la watch-list par contre !).
Je vais parler depuis mon point de vue ici, alors je vais m'affranchir sauf au début des marqueurs de subjectivité, mais ce n'est que ma vue personnelle.
D'après moi, le cinéma* est et doit rester pluriel, de qualité inégale et donc appréciable et critiquable pour son fond comme sa forme. Il n'y a pas une manière de filmer et donc de représenter des personnages, il y en a plein !
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J'inclus les séries dans le cinéma pour simplifier mon propos, je ne vais parler quasi que de films mais les séries sont incluses dans ma réflexion
Pour les personnages queer, différents paramètres interférent. Certains font d'une oeuvre un pur produit de son époque
(Philadelphia), d'autre un intemporel (
The Rocky Horror Picture Show). Parfois un film sera boycotté à sa sortie en salles puis réhabilité sur le tard ! La vie d'un film et surtout sa réputation est fort variable sur le long terme.
De nos jours, on laisse des cinéastes s'emparer de ces sujets sans trop de contraintes (autres que le cadre légal, soit plus d'X-phobie caractérisée type
Ace Ventura quoi), avec une certaine liberté dans l'écriture pour façonner des personnages queer divers. En approfondissant la question de l'identité de genre et/ou de l'orientation sexuelle de celleux-ci, ou au contraire en confinant ces aspects intimes à l'anecdotique, ou en utilisant un personnage plus secondaire aussi, on façonne une palette de personnages singuliers les uns par rapport aux autres.
Et j'ai l'impression qu'à force, on évince de plus en plus certains aspects caricaturaux pour "obliger" les scénaristes, réalisateur.ices, acteur.ices et ainsi de suite à aiguiser leur talent, surtout dans l'écriture et l'interprétation des personnages !
Bref, je trouve que de nos jours de plus en plus le cinéma et les séries parviennent à brasser une palette large de personnages queer et à plaire au grand public (
Sex Educations, 120BPM, Skams, Why Women Kill...).
Ça ne veut pas dire d'ailleurs que les personnages queer ne peuvent pas parfois être jugés médiocres ou perfectibles, selon vous, selon la critique, selon moi, ... De par leur simple écriture déjà, selon le contexte aussi ou les choix de production (développements scénaristiques, direction d'acteur.ice.s, décors et costumes, casting...), on ne distille pas le même propos à travers son personnage. On sent généralement bien la différence entre les films réalisés par des auteur.e.s elleux-meme queer et les autres d'ailleurs, pareil pour l'acting...
Et même dans ce petit cercle, un réalisateur publiquement gay comme Dolan, quand il met en scène un personnage trans (joué par un acteur cisgenre dans
Laurence Aniways), il fait montre d'une certaine transphobie. Sûrement le fruit d'un manque de recherche quant à son personnage, ou d'une paresse peu salutaire. Toujours est-il qu'il ne parvient pas à produire un film un tant soit peu réaliste quant à sa thématique principale à cause de ce personnage, central. Et c'est quand même un comble pour un real' gay de véhiculer des préjugés plutôt transphobes (sur la transidentité, la dysphorie de genre, l'identité de genre...).
On peut en discuter en tout cas, donc même si c'est pour dire "fuyez cette daube, je vous explique ce qui ne va pas dans ce film", il mérite d'exister. Mais il doit coexister en même temps avec des oeuvres moins caricaturales, un bon paquet d'oeuvres mieux réalisées.
Dans le même temps, les films et séries queer ayant longtemps été soumis à la censure et aux moeurs d'époques rétrogrades, ils peuvent sous des aspects aujourd'hui peu perceptibles porter une part plus ou moins grande dans la banalisation ou au contraire le rejet/la moquerie des sujets queer dans nos sociétés actuelles. Si
La Cage Aux Folles fait grincer des dents aujourd'hui, à l'époque c'était une œuvre plutôt progressiste, qui aura permis au moins à quelques hommes gays de se sentir un peu représentés par le septième Art. On est d'accord pour dire que c'est pas la meilleure des représentations surtout quand c'est sur l'unique modèle de la "folle" donc, bien sûr ! Mais ça fait partie de l'histoire du cinéma français et queer. Et je sais que certains hommes queer aiment se revendiquer folles aussi pour en connaître, alors je n'ai pas une opinion bien arrêtée sur le sujet. Mais je n'aime pas ce film, de toute façon !
Le cinéma est profondément politique, on le sait, alors il demeure avant tout important de représenter la "queerness" de manière multi-dimensionnelle et aussi de la situer dans l'Histoire, avec un grand H. De comprendre pourquoi les curseurs actuels ne sont pas ceux d'hier et sûrement de demain et/ou les différences des cinémas queer selon la nationalité du film aussi. Donc ne pas faire de l'identité de genre/l'orientation sexuelle un axe à développer pour un perso queer est selon moi une excellente manière de rendre leur présence je dirais presque anodine, et il faut que ces oeuvres perdurent pour en empreigner durablement nos sociétés (selon le prisme perso queer j'entends, un peu comme voir plus de personnages féminins forts, indépendants, divers etc. pour contre-balancer le modèle d'antan, comme la femme selon Hitchcock, souvent filmée comme blanche, belle et plutôt soumise, conformément aux diktats de son époque, qui font de son cinéma un portrait plutôt significatif du sexisme en ces temps je trouve).
Voilà, j'arrête ici, désolée pour la tartine et le côté décousu de ma réflexion, j'espère que ça reste digeste à lire