Attention, pavé ! (Et je vous raconte un peu ma vie aussi)
De mon côté, ça a été la lutte pour m'accepter. Quand j'étais enfant et ado, j'étais potelée et ça a suffit à ce qu'on me traite de "grosse vache" à l'école.
À la puberté, j'avais des bonnes cuisses et des bonnes fesses, un petit bidon mais pas de poitrine. Et vas-y le surnom de "planche à pain" tout mon collège (et j'ai aussi eu droit au "vu tout le gras que t'as dans le cul, fais-le poirier la nuit ça va remonter dans la poitrine!" quand j'étais en 3ème). J'étais tellement complexée que je m'habillais avec des baggys de garçons (donc en plus j'avais le droit au "t'es pas une vraie fille, tu t'habilles pas en fille"

Merci monsieur connard

).
Au lycée, j'étais hyper complexée et j'avais beaucoup de mal à accepter ma féminité et ma forme de poire. J'ai été voir une psy ensuite parce que j'étais trop mal dans ma peau. Ça m'avait beaucoup aidée pour accepter ma féminité.
A la fac, je suis tombée malade ce qui m'a fait perdre une dizaine de kilos. Quand j'ai été guérie, et que j'étais "mince" au début j'étais contente. Adieu cuisses, adieu fesses, je me sentais en harmonie avec le fait de pas avoir de poitrine et j'avais l'impression de correspondre au canon de beauté imposé. Et là, flot de merde de nouveau : "eh mais vas-y mange", "t'as l'air malade, t'as les joues creusées", "t'es pas une femme, t'es trop maigre, t'as pas de formes", "si le vent souffle tu vas t'envoler"... blablablabla La maigrophobie ça y va aussi.

À partir de là j'ai compris que ça n'allait jamais s'arrêter les critiques sur le corps.
Il m'a fallu 2 ans pour pouvoir de nouveau manger normalement sans avoir de douleurs ensuite (à cause des restes de mes problèmes de santé car même si j'étais "guérie", mon corps a eu besoin de temps pour s'en remettre pleinement). Depuis environ quatre-cinq mois, j'arrive à manger normalement sans devoir faire attention à ce que je vais pouvoir digérer ou non. C'est tout bête mais j'arrive à prendre un vrai plaisir en mangeant sans me dire "tu vas avoir mal au ventre après, tu vas pas pouvoir dormir etc".
Et c'est un putain de putain de bonheur.
@Malinauka Le fait d'avoir été malade, ça m'a transformée dans le sens où avant j'étais hyper complexée par rapport à l'image que les autres pouvaient avoir de mon corps. Peu importe comment il était, ça n'allait
jamais. Il y avait toujours quelqu'un pour critiquer, pour pointer du doigt quelque chose. (

) et j'ai réalisé qu'avant je cherchais à plaire aux autres et pas à moi-même (phrase un peu cliché dit comme ça, mais c'était exactement ça).
Maintenant, ce qui m'importe c'est de le ressentir, de pouvoir faire des choses avec sans me sentir mal, de pouvoir manger et boire comme j'en ai envie. Du coup, j'ai vraiment laissé de côté l'image de mon corps pour me concentrer sur les sensations qu'il me procure et c'est devenu ça ma normalité : s'il fonctionne correctement et que je me sens "en bonne santé", c'est tout ce qui m'importe et il est très bien comme ça. Je rentre pas dans tel jean ? Eh beh tant pis, c'est le jean qui me va pas, pas moi qui vais pas au jean. J'ai des bourrelets ? Beh ouais c'est comme ça ils sont là et je vais pas les enlever à coups de hache.
Depuis, j'ai entendu des moqueries sur ma forme de poire, sur mes cuisses, mon gras de bras qui bouge, etc etc et juste, tant pis, tant pis pour ceux qui ont de l'énergie à dépenser à m'insulter. Qu'ils perdent leur temps à se moquer, j'ai juste plus assez d'énergie à accorder à ce genre de choses.
Ça me fait penser que la dernière que je me promenais en ville, on s'est pris des pâtisseries avec une copine. J'étais avec mon éclair au café, tranquille, en train de manger et un débile vient et fait à son pote "eehh tu l'as vu l'autre qui se gave avec son gros cul !". D'habitude je réponds jamais à ce genre de conneries mais là je lui ai dit "Et tu sais quoi ? Le gros cul est heureux parce que c'est délicieux !". Le mec a quand même trouvé le moyen de me souhaiter "bon appétit alors" avec une voix de gamin qui vient de se faire engueuler avant de continuer son chemin
Je pense fort à vous tous-tes

Tout est fait pour nous rappeler constamment que notre corps ne va pas, qu'on est pas assez bien, qu'on est pas assez belles/beaux mais petit à petit on peut apprendre à faire abstraction des autres. Qu'ils causent les merlus, on a tous le droit d'être heureux et bien dans notre peau
