Hahaha, c'est mignon ce que dit S&P's... Pour avoir la chance de se maintenir en AA+, il faut à la fois réduire le déficit, et relancer la croissance. Sauf que si on suppose, comme de nombreux économistes, que la croissance à long terme réside avant tout dans la capacité de notre pays à développer des B&S innovants, alors il faudra :
- mettre en oeuvre une véritable politique industrielle, passant par des investissements ciblés dans des entreprises (PME en priorité) situées sur des secteurs-clés
- investir dans la formation, tant initiale que "tout au long de la vie" (essentielle pour notre compétitivité, mais également indispensable dans une optique de flexisécurité pour tous ceux qui envisageraient un "assouplissement" des règles d'entrée et de sortie dans l'emploi)
Alors bon, certes, on peut jouer sur les recettesfiscales pour financer (du moins en partie) ces investissements (suppression tant attendue des niches fiscales et renforcement des contrôles, c'est à vous que je pense), mais il me semble tout de même très compliqué, à court terme, d'envisager une réduction des déficits...
Pour faire plaisir à S&P's, une seule solution alors : des coupes sèches dans les dépenses de l'Etat, type réduction drastique des effectifs des fonctions publiques, baisse des prestations sociales, investissements publics réduits à leur strict minimum... Soit un arrêt programmé de la croissance, et pour un bon moment, sans rien qui puisse garantir qu'elle finira par repartir (puisque aucun investissement de compétitivité n'aura pu être effectué). Sans parler, bien évidemment, des conséquences désastreuses pour les tranches déjà les plus défavorisées de la population.
Honnêtement, d'habitude j'essaie d'être un peu optimiste, mais là... Les recommandations économiques de S&P's sont à mon sens aberrantes : la France est en récession, ce dont elle a besoin c'est de politiques de relance (non pas par la demande, de façon keynésienne, ces politiques étant fort peu efficaces en économie ouverte) en jouant sur la compétitivité et l'innovation (avec, en objectif prioritaire, la création d'emplois). Ce n'est que si la croissance repart qu'on pourra s'attaquer efficacement au déficit et à la dette (parce qu'alors, certaines dépenses seront moins nécessaires, les recettes seront plus nombreuses, etc.).
M'enfin pour ça, faudrait qu'on nous laisse un peu de temps...
EDIT : B&S = biens et services (vieux réflexe de cours, pardon)