SO, le cours que j'ai eu ce matin.
Il s'agit de mes notes, fautes d'orthographes authentiques.
Ce qui veut dire que je poste ça comme ça, en tant que ressources. Si vous ne comprenez pas certaines choses, n'hésitez vraiment pas, on peut s'en servir comme base de discussion. Je reviendrais moi même là dessus plus tard demain ^^
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Transformation de la menace par rapport à ce que fut Al Quaida.
Selon le 1er ministre on est en guerre. Depuis l'élément de langage c'est plus DAESH, c'est l'état islamique.
Dans quel mesure c'est acté "notre guerre", pour la génération à venir ?
Nouveauté : base arrière belge. Attaque coordonnée.
Opération aérienne Chamal. On attribue à la France 10% des frappes. DAESH contrôle un tiers Irak/un tiers Syrie. Le Qualifat a été proclamé en juin 2014 avec Al Baghdadi, nom générique que les successeurs reprennent, son prénom :"Abou Bakar" Chef plus spirituel que militaire. La plus part de ces chefs se sont rencontré dans une prison américaine en Irak.
Ce qui trouble les stratèges : DAESH revendique une implantation territoriale, vs Al Quaida et son mythe de la detteriorialisation. Etat non seulement via revendication territoriale mais aussi dans l'organisation bureaucratique qui se développe. Marketing officiel : ils publient leurs PIB. Ils sont très forts en com'. Exemple : DAESH most wanted, qui met en avant leurs figures les plus recherchées.
Arabie Saoudite : sur les 18 responsables des attentas du 11 septembre ls 3/4 ont fait leurs études à bac +3/4 en Occident. Les élites du "sud" viennent se former en occident.
Oct 14, décapitation d'H. Gourdel en Algérie : auteurs se réclament de l'état islamique, précisent que c'est une réponse au bombardement français en Irak.
Les frères Kouachi revendiquent des liens avec Al Quaida, Coulibay avec DAESH. Vrai ou pas ? On sait pas, on ne connait pas l'implication de l'EI concrète, même s'il les revendique.
Origine : trois dates clefs dans la formation de l'EI :
15 oct 2006 : création de l'état islamique d'IRAK. En Syrie il n'a pas de légitimité locale, les cadres de l'EI sont des anciens de Sadam Husein.
2013 : extension de l'EI à la Syrie "état islamique en Irak et Au Levant".
Juin 14 : annonce la restauration du Califat.
Précurseur : Al Zarquawi. 1966-2006. Emprisonné en Jordanie, gracié en 1999. Fonde son propre camp d'entrainement en Afghanistan. Se réfugie suite à l'intervention US au Kurdistan iranien. Prête allégeance à un groupe fondamentaliste sunnite proche d'Al Quaida. Organise un attentat suicide devant l'ONU en Irak. Devient branche officielle d'Al Quaida en Irak. Al Zarquawi meurt en 2006. Un successeur, Abou Omar, peu connu, peu respecté.
On retient que le mouvement prend de l'ampleur avec Abou Bakar le chef actuel en 2010.
En 2013 il s'émancipe d'Al Quaida et s'affilie à Al Nostra en Syrie Problème. Al Nostra refuse cette affiliation. Al Quaida tente de faire le lien entre les djihadistes en IRak et en Syrie.
Prise de mossoul en juin 2014 en Irak. Proclame califat et établissement charia.
Change également les moyens : financiers et com'. Les chiffres varient en gros sur les forces militaires : entre 30 000 et 60 000 sont 20% d'étrangers. Commandement de l'état islamique quasi exclusivement en Irak. Formé par d'ancien officie de Sadam Hussein et ancien chef de renseignement d'Hussein. Sur fond de guerre dans la Ouma entre sunnite et chiite. (Gouvernement Sadam = sunnite. Puis sous domination US gouvernement chiite, ça passe mal).
Quand DAESH publie son PIB il annonce 2 milions. On connait les financements : dont indirect des pays du golfe, Arabie Saoudite, Qatar. But Arabie Saoudite : contrer les milices chiites (car Iran). Impôt révolutionnaire. Contre bande : pétrole, arme. Fait par d'anciens chefs de renseignement d'Husein : vieux réseaux criminels/mafieux réactivés.
Pillage des territoires conquis, rançons d’enlèvement, trafic d'oeuvre d'art.
On parle même de Djiadad "2.0". Une sociologue (Bouzimi, le prof est pas sur), travaille sur le dé-radicalisation des jeunes : 25% des jeunes qui partent sont issus de très bonnes familles. Une forte proportion d'ado qui partent sont issus de famille où l'Islam est déjà pratiqué. Ce qui fait dire qu'il s'agirait des conséquences... d'une crise d'ado.
Les différences entre l'EI et Al Quaida : Générationnel, doctrinale et politique.
Bases idéologiques communes.
Différence : référentiel, l'age d'or du combat. Pour Al Quaida : les soviétiques en Afghanistan dans les 80. Pour l'EI c'est l'invasion de l'Irak par l'État islamique.
Les ennemis ne sont pas tout à fait les mêmes. Maintenant ce ne sont plus les US trop loin, mais l'Europe, comme maillon faible "ventre mou".
Ne pas oublier pour l'EI l'ennemis est avant tout chiite. Ils ont l'Iran en ligne de mire, d'ou l'attitude trouble des pays du Golfe.
Différence politique : l'EI bureaucratise son territoire, s'implémente.
Sur le plan doctrinal : il semblerait que l'EI soit plus homogène qu'Al Quaida qui était plutôt un système de franchise. Il semble.
Sur la manière dont les cadres de l'EI se sont rencontré : anciens prisonniers du camps de Buccar en Irak USA : 4 des postes de gouverneurs centraux, 7 des gouverneurs de provinces. 150 officiers de l'ex armée américaine. Parmi lesquels l'ancien chef d'état major de Saddam. Et l'ancien général des services de renseignements.
Atout et faiblesse de l'EI d'un point de vue stratégiques.
Atouts : sources importants et renouvelées de financements. La détermination des combattants, contrairement à l'occident. Mobilise des tributs sunnites humiliées par le pouvoir chiite en Irak. Province gouvernées par un gouverneur ET un juge islamique.
Faiblesses : zones enclavées. Pas d'accès à la mer. Pas d'aviation. Troupe à pied. Face à eux une coalition très hétéroclite (Russie + Iran + USA + Europe...) facilité par l'EI. Non reconnaissance des autorités musulmanes. Les plus hauts dignitaires (Moufti de la Mecque) les refusent.
On a affaire à quelque chose de structurel : pour le prof ça va durer une bonne partie de notre vie et de celle de nos enfants...
Qui joue double jeu ? : la Turquie, le Golfe...
La plus grande opportunité stratégique : la guerre sunnite-chiite.
Un autre prof de RI (que j'adore également, Mr Gilles Dorronsoro) suppose que l'EI au contraire n'en a pour pas longtemps : sur place c'est n'importe quoi, alliance en face d'eux... Malgré des attentats spectaculaires.
Mais le prof répond : l'EI n'en a peut être pas pour longtemps, mais si la crise est structurel, la portée mondiale d'un conflit mondial entre islam djihadiste et occident risque de durer, quitte à changer dans le temps. Accélération des événements ? Perspective sur 30 ans de l'islamisme organisé par l'état : Frère musulman depuis les années 30/40.
Important : utilisation du vocable de guerre par les politiques. Les stratèges ont passé leur temps à dire qu'il ne s'agissait pas d'une guerre aux politiques jusqu'à présent, à présent on explique plutôt qu'il s'agit d'une guerre asymétrique. (Terme à définir ? Article de SLATE).
Problème de la criminalisation de l'ennemis : il faut criminaliser ce type de terrorisme pour ne pas lui donner de légitimité.
Comment relier les problématiques de politiques intérieures et extérieures ? A plus long terme ce que nos états occidentaux ne savent pas faire : quel est le projet politique à 50 ans ? 100 ans ? Quelle place des occidentaux dans ce bordel ? Idem pour Israel. Malheur des occidentaux : dépendance au pétrole des monarchies du Golfe. Permettra d'avoir une autre politique vis à vis des chiites.
Pourquoi les USA sont intervenus en Irak ? Pas pour le pétrole Irakien, mais plutôt pour être moins dépendant du pétrole Saoudien. Le deal "pétrole contre sécurité garantie par les US sur les lieux saints" c'est un deal vieux des années 50.
Il faut que la politique étrangère française tue Papa De Gaulle.
S'intéresser à cette jeunesse qui entre 12 et 16 ans veut faire le djihad ? Il faut étudier ce problème là sans regarder la Syrie : comment un ado peut être en rupture avec le système today ? Djihad ou... écologie. Les ados ont pas de grands combats sous la main tout près à mener. Dans le cas de ces jeunes il ne s'agit pas que de raisons matérielles pour le prof "le chômage qui créer les terroristes" ? Pas seulement, même si ça pèse quand on voit son père qui a rasé les murs toute sa vie pour un taff de merde. Mais quid de la cellule familiale ? Un gosse qui fugue ce n'est pas la responsabilité de l'Etat, même si c'est à nuancer. On est pas seulement l'objet des structures sociales.
Islam première génération : ils ont pas lu le Coran, pratiquait l'Islam comme culture.
Maintenant : hausse des pèlerinages, hausse consommation viande Halal... Pratique très technique pour le musulman de base en France. Consommation de viande Halal : c'est un moyen de se vivre français au final (même si c'est paradoxal) : c'est vivre la société de consommation. Leurs parents ont une pudeur dans la communication : on n'évoque pas les souffrances, pourquoi on est en France. Les pères ont de la pudeur à évoquer tout ça.
Parallèlement il faut étudier le cas syrien sans se soucier du problème de cheval de Troie de la jeunesse de nos banlieues.
Utilisation du mots guerre : implique un certain nombre de politique intérieur, dont politique d'exception en droit et en finance. Dans les éléments de langage ce qui est intéressant c'est que DAESH est devenus l'Etat islamique : pour une guerre il faut définir un état. Quand Hollande et Valls après les attentats parlent de guerre ils ont été briefé par leurs états major. Ca va impliquer des changements majeurs qu'on a du mal à évaluer : conscription, chômage à plus de 10%, société de surveillance perpétuelle, pas de retraite à 60 ans, contrôle avec délit au faciès... Les hommes politiques n'ont pas préparé la population à ces conséquences.
On peut faire une micro sociologie des motivations des combattants : qu'est ce qui fait qu'un combattant prend l'arme puis la dépose ? Lire Marianne Debos. Pour faire déposer les armes il faut proposer une reconversion possible. Meilleur au monde : Sydney Tarreau et Kalyvas sur la sociologie des insurrections.
Source (parce que le plagiat ne passera pas par moi) : Gregory Daho, cours de l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne.
@LittleMyrtille
Mon prof vient de faire la même analyse que toi, avec ce punch line qui restera dans ma mémoire : " aujourd'hui un ado il veut faire sa crise d'ado il a quoi comme modèle alternatif ? être djihadiste ou écolo".