@Lord Griffith @Bobbie in the Sky
Effectivement il y a une grosse tradition d'appropriation culturelle dans la comédie musicale américaine, où les comédiens noirs, s'ils sont même présents sont relégués aux seconds rôles, et les techniques de danse et de musique sont "empruntées" au jazz afro américain sans y donner aucun crédit. Comme ça je pense à Holiday Inn (1942) avec Bing Crosby, qui a été censuré dès les années 80 pour cause de blackface (lors d'un numéro où le héros rend hommage à Abraham Lincoln). Dans High Society, le premier film que tu cites Lord Griffith, les personnages musiciens noirs n'ont effectivement aucune caractérisation ou rôle dans l'intrigue à part jouer de la musique pour les héros blancs (ce qui me paraît encore plus choquant c'est que c'est un film des années 50, avec Louis Armstrong qui était une énorme star à l'époque...)
Pour Fred Astaire, je serais plus indulgente parce qu'il est un des rares acteurs de l'époque à avoir essayé de rendre hommage aux danseurs noirs l'ayant inspiré, parfois contre l'avis des studios (Même si c'est de manière controversée, dans un de ses premiers films avec Ginger Rogers, en 1934, il rend hommage à son modèle Bill Robinson avec une scène de danse en blackface. Mais c'est le seul moment où un danseur blanc admet l'héritage qu'il doit au jazz afroamerican, et Astaire avait apparemment insisté pour la faire).
En tout cas le sujet est hyper intéressant... Si jamais ça vous dit, je vous conseille de découvrir la chanteuse et actrice noire Lena Horne, qui malgré son talent et sa beauté a eu une brève renommée dans les comédies musicales à Hollywood, des années 40, et était presque toujours reléguée à un rôle secondaire, afin que ses interventions puissent être censurées dans les cinémas interdits aux personnes noires...
Il y a aussi la comédie musicale Showboat de 1936 (avec Hattie McDaniel), don't le spectacle d'origine n'est pas sans controverse mais qui a le mérite inédit pour l'époque de mettre des personnages noirs sur le devant de la scène : un personnage métis, Julie, qui dit être blanche pour mener sa carrière de chanteuse. Quand elle est dénoncée, son époux blanc, refuse de divorcer malgré l'intervention de la police.
Et il y a le personnage de Joe, interprété par l'acteur et activiste Paul Robeson, qui prend en charge le numéro principal du show, Ol Man river, qui dénonce clairement le racisme et l'esclavage. On est loin d'Autant en emporte le vent, même si ce film lui est antérieur (et le spectacle Showboat date carrément des années 20)
Edit: Sur une note plus contemporaine, il me semble que Lalaland s'est d'ailleurs pris un backlash quelques mois après sa sortie, lorsque le réalisateur a été accusé de reprendre la vieille tradition de jazz chère à Hollywood, ou les blancs sont mis sur le devant de la scène et les personnages noirs font de la figuration.