Namaste (il y a des petits spoilers par ci par là)
Alors voilà, hier vers 2h, j'ai fini (enfin j'ai envie de dire puisque ça fait trois semaines que je l'avais commencé)
Les enfants de minuit. Je suis très contente de l'avoir lu, donc merci @
Sword de l'avoir mis dans le club de lecture.
Ce roman est tellement dense, que ça va être très dur de donner mes impressions je crois, et surtout je pourrais écrire des pages et des pages dessus.
J'ai eu beaucoup de mal à le terminer, notamment les trois dernier chapitres. Pas parce que ça me saoulait, mais parce que je savais qu'il ne me restait plus que quelque pages. Là j'ai l'impression d'être une orpheline de livre.
Ce que je trouve drôle c'est ce style, toute la construction, et la vie de Saleem, tous fouillis, un bouillonnement. C'est du chutney vert sur le feu (haha).
J'ai surkiffé toute la première partie avec l'histoire d'Aadam Aziz. Je l'ai trouvé très poétique, avec les montagnes du Cachemire en fond, et l'histoire de la rencontre avec Naseem est superbe. Et justement, j'ai l'impression que toute cette histoire est un prélude, avant le bouillonnement.
Mais quand je regarde en arrière sur ce passage, c'est assez étrange de se dire que Saleem n'est pas le petit fils biologique de Aadam, mais que j'ai senti dans cette partie toutes cordes de la filiation, de l'hérédité, qu'au final Saleem soit si lié à son grand père.
Et d'ailleurs c'est un sujet qui m'a titillée. Parce que je me demandais si être l'intrus dans la généalogie, puisque son fils est finalement le petit fils de son père adoptif, c'est quelque chose de triste, ou bénéfique, qui permet de se définir à partir de soi même, et non à partir de ses aïeux. Enfin c'est quelque chose sur lequel je n'arrive pas à mettre le doigt, puisque le personnage s'est toujours vu comme le fils des Sinai et pas autre chose.
Le passage sur sa perte de mémoire m'a complètement déroutée et je ne m'attendais pas à ça. Justement, je me suis demandée si ce n'était pas le résultat du fait qu'il ne soit réellement plus affilié une fois ses parents morts, et qu'il se retrouve à errer dans la forêt à la recherche de son identité. (peut être que je recherche trop loin) Et justement c'est Parvati qui lui rend son identité, qui est en fait l'identité de l'enfant de minuit...
Sinon j'ai beaucoup aimé le style, toutes les digressions, les constantes références au futur et au passé, l'avis de Padma au milieu du récit, ce qui permet en somme à l'auteur de pouvoir imposer un rythme, que j'ai souvent trouvé lent, mais qui s'accélère : je pense notamment au chapitre Tic-Tac, avec les heures, le nombre incalculable de virgule qui coupe des phrases énormes... Ou encore le chapitre Serpents et Echelles, ou L'Alpha et L'Oméga...
Après je dois dire que je n'ai pas été très fidèle à tous les passages sur les précisions historiques. Ce qui m'intéressait c'était de comprendre en quoi la vie de Saleem était liée intrinsèquement à l'histoire de son pays, donc je n'ai pas retenu tous les noms... Mais j'en ai quand même appris une tonne sur l'histoire de l'Inde, et du Pakistan mine de rien.
Par contre, quelque chose sur lequel je n'ai pas eu le temps de réfléchir : qu'est ce qui se passe pour les hommes? Nadir Khan est impuissant, Ahmed Sinai a une 'période de gel', après être insensible/impuissant, Saleem subis une vasectomie... Il y a un message là dessous non?
Mes deux chapitres préférés, et consécutifs, sont "Un accident dans un coffre à linge", et "Radio Inde", je trouve que ça relève presque de la littérature jeunesse. Et j'adore ce passage, quand il découvre qu'il a des pouvoirs, et qu'il doit garder ça pour lui.
Ce livre doit être génial à étudier en cours. Je me dis qu'il faudrait que je le relise pour vraiment toucher à tout ce qui m'a échappé pendant cette lecture.
Le seul truc c'est que je me suis toujours dis que quelque chose d'énorme allait arriver, comme un soulèvement des Enfants de minuit, et j'y croyais jusqu'à la fin, seulement j'ai eu cette réponse : "parce que c'est le privilège et la malédiction des enfants de minuits d'être à la fois maîtres et victimes de leur époque, d'abandonner l'intimité et d'être complètement engloutis dans l’anéantissement du tourbillon des multitudes et d'être incapables de vivre ou de mourir en paix." Et j'étais un peu comme ça
Parce que c'est très, trop réaliste.
Et le roman de 812 pages se termine de manière abrupte je trouve, avec encore tous ces retours en arrière, ces petites précisions, et tac, c'est Saleem la bombe qui explose sous la pression de la foule de Bombay.
Ce que je trouve ouf c'est le talent de Rushdie et la densité de ce roman. J'avais envie de me mettre à Hunger Games, mais ça me semble tellement creux par rapport à ce roman (commentaire prétentieux bonjour). Je crois que je vais devoir prendre le temps de le quitter.
http://www.youtube.com/watch?v=tcIaT5D4Iwc