Unsa';1223022 a dit :
Jusqu'à l'âge de neuf ans, mes origines syriennes, je les portais sans problème.
On a les mêmes origines \o/
Je crois que je n'ai jamais vraiment été personnelement victime de remarques racistes à propement parler (malgrè le fait que j'ai été le souffre-douleur de ma classe pendant un an en 3e).
En général, les gens n'arrivent pas à me situer, ils se doutent que j'ai des origines étrangères mais où? Du coup, il m'arrive d'en jouer avec les gens qui essaient de me draguer comme ça dans la rue, je leur dis un truc du genre "je te donne trois chances, si tu trouves, j'te file mon numéro". Et ils ne trouvent jamais. Je fais pareil avec mon prénom qui est très particulier.
Par contre, parfois, j'entend des clichés hallucinants et quand je me dis qu'il aurait suffit que je sois un peu plus typée pour y avoir droit, ça me tue. Ca va au niveau d'éducation (tu peux pas depasser le collège), à la religion, à l'argent (t'es obligé de venir d'une famille nombreuse avec parents chomeurs/ouvrier/femme de ménge: oui bah non, mon père a une situation très valorisante et je n'ai qu'un frère)... En fait, je me dis d'un côté que j'ai de la chance d'y echapper mais de l'autre, ça m'agace au plus haut point. Je pense qu'un des souvenirs les plus marquants était au début de cet été. Je suis rentrée d'un week-end à la plage dans la voiture de gens que je ne connaissais pas très bien et forcément, comme à part mon prénom (qui même lui, n'a pas vraiment une consonnance arbe), il n'y avait rien qui laissait deviner que j'avais des origines, ils ont commencé à discuter des "jeunes arabes qui roulent en Mercedes, qui ont forcément gagné leur argent salement et se croient tout permis, nous on a une petite voiture mais au moins, c'est avec de l'argent gagné honnetement, des arabes qui se permettent toujours de doubler tout le monde... et des jeunes qui rackettent les autres au lycée ou dans le métro, ou de ceux qui écoutent leur musique à fond dans le métro et gènent tout le monde" avec l'eternelle conclusion "si t'es pas content ici, t'as qu'à retourner d'où tu viens". Ca m'avait mise hors de moi (et pourtant, c'est dur de m'enerver à ce point).
Sinon, personnellement, j'avoue que j'ai de la chance d'avoir des parents relativement ouverts d'esprit qui acceptent l'idée que leur fille ne croit pas en Dieu (même s'ils ont eu du mal au début), qui me laissent porter ce que je veux, qui estiment qu'une goutte d'alcool ne me tuera pas. Ils ont certains principes qui peuvent passer pour psycho-rigides et certains de mes potes me disent de me rebeller mais étant donné que je me suis toujours relativement bien entendu avec eux, je me contente d'occulter les parties de ma vie qu'ils pourraient desaprouver, c'est ma manière de respecter leurs croyances (et je ne vois pas l'interet de leur faire de la peine inutilement).
J'ai eu la "chance" de vivre quelques années dans mon pays d'origine mais j'avoue que même si je parle frequemment l'arabe, que je connais les moeurs et la culture, je ne me sens pas très proche de mes origines. C'est pourquoi j'ai en général du mal à en parler, j'ai l'impression d'être un imposteur, d'autant plus que justement, je ne suis pas typée et que du coup, mes origines sont très discretes (et que les gens ont facilement tendance à les oublier).