Ben, non, le principe c'est que je n'ai pas à leur dire quoi porter, et elles n'ont pas à me dire quoi porter non plus. On ne peut contrôler que ce qu'on porte soi. On a la liberté de choisir pour soi, pas pour les autres.C'est peut être une question débile, mais est ce que l'autorisation du topless ne va pas mettre mal à l'aise les personnes choisissant le burkini? Parce que si tes croyances et convictions mettent en avant la pudeur, t'es pas forcément très à l'aise si toi et ta famille êtes à côté de quelqu'un qui est radicalement contre ces croyances.
Y'a des gens qui sont dégoûtés des pieds au point d'être mal à l'aise de voir des orteils, on ne va pas tous se baigner en chaussettes pour leur faire plaisir ! (Au collège j'avais une connaissance qui venait en chaussettes de piscine en plastique parce qu'elle détestait l'idée de mettre ses pieds là où d'autres pieds nus avaient touché.) Quand on va à la piscine, on est au courant qu'on risque de voir des gens torses nus et des orteils partout. x)
(Et un peu HS, mais point de vue pudeur, parfois, c'est vu comme plus pudique d'être nu (un état naturel, donc) que d'être habillé de vêtements très révélateurs ou sexualisés.)
Je ne serais pas pour des créneaux réservés aux hommes, non (même si je pourrais comprendre que ça soit adopté pour faire passer la pilule de créneaux/espaces réservés aux femmes), parce que dans un monde patriarcal, les hommes sont les oppresseurs, pas les opprimés, la présence des femmes n'est ni une nuisance ni un danger pour eux, elle ne leur fait rien perdre. Que des femmes soient là ou non, ça ne changera rien à leur expérience d'aller nager à la piscine.Et quid des créneaux réservés aux hommes ? C'est bizarre d'être contre un type de ségrégation (l'interdiction d'accès aux femmes en burkini) et d'être OK avec un autre (des créneaux différenciés en fonction du genre)... Je ne pense pas que ce type de partage d'un espace publique soit la solution à nos insécurités pour le coup.
(Cela dit, je parlais aussi d'imaginer des créneaux réservés aux personnes âgées, qui pourrait aussi bénéficier de pouvoir nager à leur rythme et occuper l'espace et le matériel à leur guise.)
Ce n'est pas une question de ségrégation, personnellement, je suis pour tout ce qui contribue à la libération des femmes, à notre indépendance, à notre liberté de mouvement, à notre émancipation. Donc c'est une bonne chose qu'on ne soit pas forcées de révéler notre corps si on ne veut pas (maillot couvrant) et qu'on ne soit pas forcées de cacher des parties du corps qu'on ne demande pas aux hommes de cacher (topless), tout comme ce serait une bonne chose d'avoir la possibilité d'espaces non-mixtes, sans le regard des hommes. Il ne s'agit pas d'interdire aux femmes de partager des espaces en mixité, simplement d'avoir la possibilité, le choix, l'accès à des espaces non-mixtes.
Cela dit, je peux entendre, même si ce n'est pas mon avis, qu'on considère qu'une piscine municipale, publique, ne soit pas forcément le lieu pour ça, mais j'adorerais voir des piscines associatives ou appartenant à des entreprises proposer plus de choses de ce type.
Personnellement, je suis d'une "famille" du féminisme qui ne recherche pas spécialement l'égalité mais la libération des femmes du patriarcat, ce qui peut effectivement amener des situations qui ne seront pas strictement égales mais qui bénéficieront malgré tout aux femmes et peuvent être nécessaires à notre émancipation (ça peut être des quotas à respecter, des espaces non-mixtes, des droits spécifiques (si on avait droit au congé menstruel, par exemple, les femmes auraient sans doute plus de jours d'arrêt que les hommes, tant pis, on a des différences biologiques à prendre en compte, c'est comme ça, personne ne l'a choisi, c'est la vie), une priorité sur certaines choses, etc).Je te rejoins, @Dragon-Mangue . Nous n'obtiendrons pas l'égalité en obtenant des créneaux séparés... Nous aurons l'égalité le jour où notre présence dans les espaces publics et privés sera aussi neutre que celle d'un homme blanc hétéro. Partout où l'on se sent différente, moins en sécurité, voire carrément en danger, c'est le comportement des hommes qu'il faut faire évoluer, et pas nous réserver un petit espace de sécurité, comme s'il fallait nous faire une place dans la société... Alors que cette place nous est due !
Encore une fois, quand on parle d'espace non-mixte, il ne s'agit pas de ségrégation : les femmes ne seraient pas interdites de fréquenter les autres lieux, elles ne seraient pas non plus obligées de fréquenter les endroits "pour femmes". Si certaines ne veulent jamais y mettre les pieds, y'a pas de souci.
Je comprends ton point de vue, et je le partage jusqu'à un certain point, je pense simplement qu'il faut les deux : continuer à fréquenter et à s'imposer dans des espaces mixtes, et avoir la possibilité de pratiquer ces mêmes activités dans des espaces féminins. Ne serait-ce que, pour l'instant, le comportement des hommes est toujours un problème. Je veux bien être sympa et attendre qu'ils évoluent, mais en attendant, j'aimerais avoir une autre option que juste subir leur comportement (ou me priver d'une activité si je ne veux pas de ce risque). Sachant qu'on ne parle pas juste de mecs chiants, de jeunes qui beuglent et font des bombes dans la piscine au milieu des nageurs et monopolisent le jacuzzi, on parle aussi de gars qui regardent par dessous les cloisons des cabines individuelles, qui te reluquent dans la douche, qui montrent leur bite dans les vestiaires, qui détachent les ficelles des hauts de maillot de bain, qui te touchent "accidentellement" les fesses à chaque longueur... En attendant qu'ils se décident à se comporter avec un brin de décence, on devrait pouvoir ne pas les subir. On vient pour faire du sport ou pour se détendre, pas pour se battre.
Et puis mine de rien, occuper l'espace, ça s'apprend. Beaucoup de filles, de femmes, ne s'aperçoivent même pas qu'elles restent sur le côté, qu'elles se contentent des miettes d'espace laissées par les hommes, parce qu'elles ne connaissent que ça, parce que c'est "normal". J'ai toujours remarqué que les ados qui sautent dans la piscine, qui chahutent, qui utilisent le plus les toboggans et les plongeoirs, ce sont toujours des groupes de garçons. Je vois rarement des groupes d'adolescentes à la piscine. D'ailleurs, ado, je n'aurais JAMAIS eu le droit d'aller à la piscine toute seule, même si c'était au bout de la rue, même si on connaissait le maître nageur. Et ce n'était pas par crainte que je me noie. J'avais peur de sauter, plonger, utiliser le toboggan, même enfant, en maillot de bain deux pièces de peur de perdre mon haut ou que mon maillot se déplace et qu'on voit une fesse ou un téton. J'ai connu ma mère n'allant pas à la piscine, même en vacances l'été, parce qu'elle avait honte de son corps en maillot ou parce qu'elle n'osait pas mettre un tampon de peur que la ficelle dépasse et soit vue. J'ai grandi avec un frère, des camarades de classe, et même des garçons que je connaissais même pas, me baisser le maillot, nager en dessous de moi à la piscine pour me mater les seins, se moquer de mes seins, me pousser dans l'eau par surprise, essayer de me chatouiller, de me pincer, de claquer l'élastique de mon maillot pour me faire mal... Ils se faisaient la plupart du temps engueulés, quand on osait le dire, mais le mal est fait. Et ça n'empêchait pas de recommencer.
Je ne dis pas que les gamines sont parfaites, il y avait parfois des moqueries dans les vestiaires, mais c'était pas nous qui étions à plat ventre devant le vestiaire de l'autre sexe pour regarder sous la porte. Aucune femme ne m'a subitement montré sa chatte dans le pédiluve.
Et même sans parler de violence ou de méchanceté, beaucoup d'hommes ne se rendent pas compte de la place qu'ils prennent ou qu'ils gênent les autres. Je parlais des ados qui se poussent dans l'eau ou font la bombe à des endroits plein de gens, mais y'a pas qu'eux. Y'a toujours un gars qui pense que le règlement ou les panneaux ne sont pas pour lui et qui se ramène avec ses palmes énormes à un endroit pas prévu pour. Ou juste des mecs qui sont là pour faire leur truc, et le fait qu'ils tapent quelqu'un tous les deux mètres quand ils font du papillon, ou qu'ils imposent leur rythme à toute la ligne de nage quitte à ce que d'autres soient contraints de se mettre sur le côté parce qu'ils ne peuvent plus nager à leur rythme ou en ont marre de se faire limite nager dessus.
Pour s'imposer dans un espace mixte, à l'être avec le fait de prendre de la place, il faut avoir pu occuper l'espace un jour ! Et c'est difficile dans une société sexiste où on encourage les petites filles à rester sagement dans un coin et les petits garçons à être actifs.