Quand j’étais au lycée, un de mes potes avait écrit et monté toute une pièce de théâtre avec de nombreuses blagues pédophiles, à l’époque lui et ses potes rigolaient beaucoup de ce genre de blagues. Plein d’adultes avaient été choqués et avec le recul, c’était hyper malaisant, mais je raconte cette anecdote par rapport à la notion de liberté d’expression et de censure artistique brandie par les soutiens de Vivès et le festival.
Déjà, mon pote avait 16 ou 17 ans, donc suffisamment âgé pour que les blagues sur les enfants abusés passent moyen mais aussi suffisamment jeune pour qu’on puisse se douter que l’humour sur le sujet était une façon de mettre à distance et rendre moins terrifiant un sujet qui pouvait toujours le concerner : les ados aussi sont à la merci du bon vouloir des adultes et ça ne change pas forcément d’un coup à 18 ans.
Et surtout, les blagues pédophiles servaient en partie à rendre certains personnages douteux et malaisants, et je pense que certains adultes étaient mal à l’aise parce que montrer un prof ou un curé pédophile avec en face leur ado qui joue sa victime comme une blague funky, ça leur mettait le nez dans le fait qu’on vit dans une culture qui banalise totalement la culture du viol et ces blagues ne permettaient pas de faire comme si de rien n’était.
Ce n’était pas une mise en scène de fantasmes ou une vision glamour et excitante du sexe avec des enfants, et pour moi c’est une grosse partie de la différence en plus du profil de l’artiste.
Même si peut-être qu’aujourd’hui, c’est une pièce qui me paraîtrait banaliser la pédophilie ou contribuer à la culture du viol en en faisant un sujet rigolo (je ne m’en souviens plus assez), mais je n’aurais jamais demandé une interdiction ou un boycott, plutôt des critiques et une réflexion politique.
Les dessins incriminés de Bastien Vivès sont d’un autre registre, ça va clairement au-delà de l’art au vu de l’angle adopté et le boycott est parfaitement justifié.