Je me suis inscrite au forum pour réagir au « freeganisme », surtout quand je lis les réactions relativement vive que cela provoque.
Je vis bien en-dessous du seuil de pauvreté (environ 700 euros par mois) et mon avis ne va donc concerner que ma propre situation et mon propre ressenti.
Ce qui me choque dans les propos de l’article ? Qu’elle juge qui est assez pauvre pour qu’il bénéficie des invendus avant elle. C’est vraiment un « raisonnement » basé que sur des préjugés. Je ne parais pas pauvre quand on me voit. Je suis (sur)diplômée, je suis blanche, je suis une jeune femme, j’ai eu et pour le moment encore j’ai un bon suivi médical (bonne dentition, je me tiens droite, etc…). Sur quels critères la personne qui pratique le freeganisme déterminera que moi, qui me serais en plus particulièrement bien habillée pour faire les poubelles par fierté, par dignitié, serais plus dans le besoin qu’elle ? C’est une impression très personnelle, et je conçois qu’elle soit très facilement réfutable, mais ce type de jugement est facilement effectué par ceux d’une classe sociale plus aisée par rapport à une autre.
Je loue ses efforts pour redistribuer ce qu’elle trouve, c’est une très belle démarche, qu’elles qu’en soient les raisons. En revanche, même quand elle laisse passer avant des personnes, elle laisse ceux présents. Perso, faire les poubelles en plein jour, c’est vraiment dur parce que je n’ai pas le choix, et cette question de choix est fondamentale dans le ressenti de la personne.
Certain(e)s s’emportent en parlant des friperies. Selon moi, tout le monde devrait d’abord opter pour les friperies. En revanche, personne ne devrait accepter de payer des vêtements vendus aujourd’hui 200 % plus cher qu’il y a quelques années parce que la demande a augmenté. En l’acceptant, on cautionne que les prix flambent pour tous les articles, pour tout le monde. Mais ce choix, seuls ceux qui ont les moyens de les acheter peuvent le faire. Les pauvres vont continuer de subir le choix de consommation des autres.
Si on veut changer le système de gaspillage, soit on récupère et redistribue tout à ceux qui ont moins les moyens (mais comment savoir qui va oser aller aux banques alimentaires, et qui n’y va pas même s’il le peut et qui préfère faire soi-même les poubelles), soit on ne touche pas les poubelles et on les laisse aux vrais nécessiteux et on choisit de consommer ailleurs. C’est un débat.
Un commentaire précédent indiquait aussi que faire de la récup’ demande une logistique et des moyens, et je tiens à souligner combien ce fait est vrai. J’ai des potes très aisés fiers de se meubler (partiellement) avec ce qu’ils trouvent dans la rue. Sauf qu’ils ont le temps de chercher, ils ne meublent pas en urgence alors ils ont le temps de choisir, ils ont des amis pour porter les meubles, et fait le plus important, ils ont les moyens d’habiter à Paris, où des gens aussi, voire plus aisés, jettent des objets de qualité. Quand on est pauvre, on vit plus souvent dans des zones excentrées où peu de choses sont jetées, et alors des objets de piètres qualité ou complètement cassés. Moi qui suit fière de meubler avec de la récup‘ me retrouve honteuse quand ils viennent chez moi parce que tout est de mauvaise qualité, taché, bancal, abîmé, alors qu’eux ont de jolis meubles avec la même démarche. Et même si c’est faux, j’ai alors l’impression que c’est de ma faute si je n’arrive pas à avoir un aussi joli intérieur.
Je suis désolée du long post, j’avais encore beaucoup de choses à dire mais personne ne lirait un message de 25 pages
. C’est seulement que les personnes qui commentent en précisant leur classe sociale se considèrent toujours « riches » (ce sont leur propos) et personne n’a dit « eh ! Moi je suis miséreux et j’aimerais donner mon point de vue
».