van-kasteel;4135562 a dit :
Un enseignement unilingue dans tous les cursus dans aucun pays. Dans la plupart des pays, il a des cursus en anglais qui côtoient de façon tout à fait apaisée des cursus en VO. Même aux Pays-Bas et en Suède, les cursus sont loin d'être tous en anglais. Pas d'inquiétude à avoir à ce sujet là.
A Maastricht, tous les masters sont en anglais. Une seule exception: le droit néerlandais. Amsterdam, c'est 105 masters sur 170 en anglais.
En Suède, 9 thèses sur 10 sont rédigées en Anglais. L'objectif en Suède aujourd'hui, c'est de s'assurer que le suédois reste parlé en parallèle de l'anglais dans l'enseignement supérieur. Il est clair que le suédois est en train de s’appauvrir dans les domaines scientifiques et des sciences économiques.
Aujourd'hui, l'
Hochschulrektorenconferenz allemande, l'équivalent de notre conférence des présidents d'université, est en train de revenir sur l’anglicisation des cursus, parce que le bilan n'est pas bon. Si ils ont pu attirer plus d'étudiants initialement, ni les étudiants étrangers ni les professeurs n'ont le niveau suffisant pour que cet enseignement soit de haut niveau. Et la polarisation sur l'anglais s'est faite au détriment des autres langues, de l'ouverture internationale vers d'autres aires, et de la diffusion de la culture et de la langue allemande. Même au sujet de Kant, la recherche se fait maintenant en anglais !
Ce
rapport explique très bien comment l'avancée de l'usage de l'anglais comme langue unique des cursus de haut niveau s'est faite au détriment de la qualité des cours, parce que malgré leur niveau correct en anglais, les professeurs dont ce n'est pas la langue natale n'ont pas les mêmes capacités qu'un locuteur natif pour développer une pensée, interagir avec les étudiants...
van-kasteel;4135562 a dit :
Plutôt que de vouloir défendre à tout prix un enseignement en Français (quitte à nous isoler), il serait selon moi plus profitable d'imposer des cours intensifs en Français à ces étudiants étrangers.
Défendre l'usage du français ne va pas nous isoler. Je n'ai jamais dit qu'il fallait refuser les étudiants étrangers ni refuser d'utiliser l'anglais dans la recherche. Évidemment que l'anglais est aujourd'hui indispensable quand on fait de la recherche. Il faut bien sûr permettre un meilleur apprentissage de l'anglais, favoriser l'apprentissage par immersion avec des échanges, mais l'anglais doit rester la langue véhiculaire d'usage modéré pas la langue d'étude et de travail.
Lisez donc cette
tribune signé par un groupe d'universitaires étrangers (USA, Brésil, Chine, Japon, Ukraine, Roumanie, Turquie):
"Ce que nos meilleurs étudiants viennent chercher en France, la raison pour laquelle nous les y envoyons, c'est justement une autre façon de penser, une autre façon de voir le monde, un modèle culturel et intellectuel alternatif aux modèles anglo-saxons dominants. Nous avons impérativement besoin de cette autre voie. Or cette différence est liée à la langue que vous parlez."
Qu'avons nous à gagner de cette réforme ? Rien puisque les étudiants étrangers préféreront toujours l'original à la copie, l'université anglo-saxonne à l'université française qui tente piteusement de la singer.
Qu'avons-nous à perdre avec cette réforme ? Tout puisque les cours dispensés en un code de quelques centaines de mots ne permettront jamais d'obtenir la même clarté et la même précision qu'un cours dispensé dans la langue maternelle de son auteur.
Proposons plutôt d'améliorer le niveau des cours dans le secondaire, d'augmenter le volume horaire des cours d'anglais dans l'enseignement supérieur - en médecine, j'ai eu une heure par semaine pendant deux ans, cette année, j'ai eu 3h sur l'année !