A ce sujet, je suis assez embêtée quant à la question des humoristes. Je ne voudrais pas reprendre un débat qui avait eu lieu sur le topic Dieudonné puisqu'il ne m'intéresse pas en particulier et je pense que la question est différente. Certes l'humour contribue à véhiculer des stéréotypes et des idées préconçues en perpétuant leur expression. Mais sa composante dénonciatrice me semble plus importante. Le problème étant alors le degré auquel s'exprime l'humoriste. Comment savoir s'il s'agit de second degré, premier degré? Les intentions de l'auteur peuvent être décelées dans des déclarations hors scène, mais par des personnes qui se seront renseignées. Et lorsque l'humoriste continue à jouer un personnage dans son activité de personnage public, cela devient encore plus difficile à déceler. L'impact sur la masse dépend plus de ce que cette masse attend, c'est à dire souhaite, craint, et pense connaitre. On prête donc aux humoristes les intentions qu'on veut bien projeter. Pourquoi dira-t-on de certains qu'il font du second degré tandis que d'autres seront taxés d'intolérance abjecte? Question d'image, amalgame, sphères d'évolution, identification au public principal? La dénonciation par l'humour ne dérange-t-elle pas autant car elle renvoie à des opinions qu'il est plausible que nombre de spectateurs pensent tout bas? Dénonciation ou exutoire sous couvert d'humour, difficile de trancher. Comment pose-t-on la limite entre les deux dans notre analyse?
Choupette, en effet ce n'est pas une dictature, on ne met pas les gens en prison parce qu'ils pensent telle ou telle chose, on a "le droit" de ne pas aimer les étrangers, on a d'ailleurs "le droit" de penser que les femmes sont des êtes inférieurs, que les roux méritent d'être brûlés, que les juifs auraient mieux faits d'être exterminés. Tu me rétorqueras que ces opinions ne sont pas comparables au fait de ne pas aimer une population, mais concrètement on ne jette pas les gens en prison parce qu'ils ont ces opinions, tant qu'il ne passent pas à l'acte en leur nom. Est-ce que cela reste des opinions acceptables, pour autant? Non, au regard des valeurs portées la France. Valeurs d'égalité, de fraternité. De tolérance, d'une certaine manière. Et je pense que le fait de ne pas aimer 'les étrangers', justement parce qu'ils sont étrangers car on n'avance ici aucun autre argument, est également contraire à ces valeurs, car fondé sur un mécanisme similaire à celui donnant lieu aux opinions sus citées.
Certes, ces valeurs sont en danger perpétuel. Elles ne sont absolument pas portées par le gouvernement actuel notamment, et c'est d'ailleurs pour cela que, pour en revenir au sujet principal, je ne me sens pas française, car les valeurs que j'associe à ce pays, celles que j'ai le sentiment d'avoir reçues au travers de mon éducation publique, ne sont plus représentées. J'ai le sentiment d'être un peu paumée par rapport à la France, certaines valeurs que j'y associe encore me tiennent à coeur, mais les faits, le rayonnement concret, me font souvent faire la grimace pour rester dans l'euphémisme.