Et si on arrêtait le girly-bashing ?

22 Octobre 2011
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Paris
Je repensais à un truc concernant cette histoire de dénigrer ce qui est produit par des femmes parce que c'est "produit par des femmes".

Bon, comme je l'ai déjà dit : il faut différencier ce qui est produit par des femmes pour des femmes de ce qui est produit par des femmes pour plaire à un public assez universel. Désolée de rentrer dans le tas avec un exemple si basique mais Harry Potter a été écrit par une femme et je n'ai entendu personne le qualifier de "truc de fille" (ou alors, ça ne devait pas être très très sérieux).

Comme je l'avais aussi déjà dit plus haut (ainsi que d'autres) la différence qu'on note entre J.K. Rowling et les exemples cités dans l'article c'est que les auteurs des blog BD cités ont un public pré-défini et spécifiquement féminin.

Maintenant, est-ce que ça justifie qu'on dénigre ces oeuvres? Je dirais : oui et non.

Oui parce que je pense que dans un certain sens pour qualifier quelque chose "d'oeuvre d'art" il faut que cette oeuvre s'adresse à un public universel (intemporel, venant de toute classe sociale, de tout genre, de tout pays, etc...) Bien sûr il faut modérer cela par le fait que certaines oeuvres ne seront pas accessible à certaines personne parce que la détermination culturelle serait trop forte (encore que je doute que l'oeuvre ne produise, dans ce cas, aucune émotion).
Or, quand on fait une BD qui s'adresse clairement a un public féminin, il faut s'attendre à ce que cette BD ait du mal à conquérir un public universel. C'est normal, puisque ce n'est pas le but visé ! C'est ce qui explique, à mon sens, le fait que certaines oeuvres de qualité n'accèdent pas pour autant au titre d'oeuvre universellement considérée comme artistique.

Mais d'un autre côté "non" ça ne justifie pas le dénigrement pour la simple et bonne raison que rien ne nous oblige à être à la recherche constante de quelque chose d'artistique. De la même manière que les bd "de geek" existent, les bd "de filles" existent et même s'il peut être perçu comme "légitime" de ne pas les considérer comme de l'art avec un grand A, ça ne veut pas dire pour autant que c'est à jeter. La qualité de ce que je qualifierai moi de "bd de fille" vient de la faculté à me divertir, me détendre, me faire rire, me parler à moi, personnellement, sans m'attendre à avoir une réflexion profonde et poussée sur le monde, sur des thèmes universels tels que la mort, la morale, et autres sujets de réflexion que l'on s'attend à pouvoir trouver dans un objet artistique.
 
6 Août 2010
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Montréal
Shield... euh bah j'ai les cheveux courts, je n'ai rien contre le mariage, je veux des enfants, et pourtant je me considère féminine aussi (et je me maquille et tout hein...) ! Comme quoi la féminitié est différente selon chacune ! et pourtant je ne suis pas non plus girly !

Quand je vois tout cet étalage de rose et ces sujets... c'est objectivement orienté fille quoi ! je vois pas en quoi c'est péjoratif, c'est juste objectif. Déjà que certaines filles, dont moi, ne se retrouvent pas dans cette caricature "j'adore les macarons et je rêve d'avoir des louboutins" alors un mec.... J'avais deja du mal avec Sex and the city, ce culte de la robe et de la chaussure, pour après nous dire "les femmes ne sont pas des petits êtres superficiels mais ont des vrais problèmes dans la vie". Enfin ce genre de séries, de bds, de littérature c'est clairement girly quoi... et je ne vois pas où est le mal de le qualifier ainsi... ça détend, c'est mignon, c'est ciblé...

Je trouve ça dommage de toujours se placer en victime : j'écris des trucs clairement orientés fifilles mais suis pas girly quoi ! bah je vois pas où est le mal d'écrire/dessiner des trucs pour les filles... faut arrêter de s'offusquer pour un oui ou pour un non et au lieu de toujours de se victimiser autant admettre sa stratégie ou affirmer son orientation, c'est un peu plus logique et mature... (un jour Bigare sera offusqué d'être qualifié de vulgaire à ce rythme...)
 
6 Février 2011
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Paris
Le débat était très intéressant à lire. Quelques remarques en vrac pour ma part... (Je vais faire des bulletpoints, parce que les bulletpoints c'est cool, ça donne un côté professoral faussement intelligent et clarificateur)

- je crois que beaucoup de choses ont été mélangées au cours du débat
* la description objective d'un genre de BD qui existe quoi qu'on en dise (comme d'autres l'ont dit : d'abord un outil marketing, c'est devenu un genre dans lequel des auteurs se complaisent volontiers) : la BD Girly
et
* la connotation péjorative que peut avoir le qualificatif "girly"

- Un genre est un genre, il a des codes qui créent une attente particulière et qui vise un public en particulier. (Comme n'importe quel autre genre, la BD SF, la BD humour, le shonen ou le shojo en manga etc.)

Théoriquement, on n'évalue pas la qualité d'une oeuvre par rapport au genre auquel il appartient. (Comme, théoriquement, on ne devrait pas juger une oeuvre en fonction du sexe de l'auteur, de l'époque dans laquelle elle a été conçue, du pays d'origine etc.) Ce sont des données contextuelles, factuelles ; elles font partie de l'essence de l'oeuvre mais ne la résument pas.

Donc, comme beaucoup l'ont dit, l'article de Maïa avait peu de sens : c'est comme si les auteurs de polar ou de SF dénigraient leur genre, niaient qu'ils usent de codes que l'on peut retrouver dans des oeuvres voisines.

- Je ne connais pas très bien Bastien Vivès, mais de ce que j'ai pu en voir, il me semble qu'il n'obéit pas aux codes Girly. "Girly" ne veut pas dire thématiques féminines comme on a dit (sans quoi, je veux dire, Madame Bovary c'est de la chick-lit ? :P) mais s'attache plus à un stéréotype propre à notre époque (la hipster égotiste, pour aller très vite).

Evidemment, après, les catégories ont toujours quelque chose de flou, les codes sont plus souples qu'on pense. Mais on peut au moins distinguer certains motifs qui permettent des classifications (dont les visées sont purement pragmatiques et marketing. Mais l'homme est ainsi fait, tout ça c'est juste pour gagner du temps avant la mort au fond et pour éviter de sombrer dans le flou des existences artistes. Je m'égare). Et dans le cas du girly comme on a pu dire, il y a la couleur rose, la tendance à une féminité régressive, acidulée etc.

- Il y a une connotation négative propre au terme "girly" (qui ne désigne pas seulement des oeuvres, mais un "style" comme ont pu le dire - comme on peut parler de geek, d'emo, d'hipster, de bobo etc.) Mais cette connotation négative vaut pour toute étiquette de ce type qui décrit un cliché (et donc même si geek c'est à la mode, ça a pu avoir une connotation négative, de même que bobo, hipster, etc.) De même que le polar ou la SF sont des genres considérés comme moins nobles dans certains milieux que la grande littérature parce qu'ils paraissent cloisonnés dans des codes étriqués pour qui ne connaît pas en profondeur la SF ou le polar etc. (Et la "grande littérature" serait plus affranchie des codes, mais bien sûr c'est faux.)

- D'une manière générale on estime que plus une oeuvre s'affranchit des codes sur lesquels elle s'appuie, pour faire parler une voix personnelle, vivante (détachée d'un genre, d'un sexe, d'une nationalité, et tend à l'universel), plus elle est de qualité. Justement parce que se cantonner dans les codes rend forcément le récit plus étriqué et plus impersonnel, car il suffit d'avoir un peu de technique pour arriver à se plier aux codes. C'est comme un mauvais polar de roman de gare qui use des mêmes ficelles éculées alors qu'une grande oeuvre, elle, surprend par son individualité.

Or, la "BD Girly", comme le décrit bien Tanxx, a l'air de se complaire dans ses propres limites, et c'est ce qui peut créer la frustration à la lecture de cet article de Maïa, qui sonne plus comme un éloge de la "médiocrité" (n'essayons pas de faire mieux, essayons simplement de valoriser ce qui se revendique comme médiocre). Je ne suis pas sûre qu'elle ait voulu faire passer ce message, mais le fait est qu'elle a l'air de restreindre la part créative féminine, la littérature féminine au "girly" (tout l'entête de l'article crée cette confusion). Ce qui est franchement désagréable.
Je ne connais pas assez la BD girly, mais pour comparer avec un genre proche, je suis grande fan de Shojo, et il y a des shojos qui se distinguent du lot, qui transcendent le genre et qui arrivent à avoir une portée plus universelle, même si de base y a des fleurs de l'amour et du rose aux joues.

Il est possible de puiser dans un genre pour s'en affranchir et affirmer une véritable personnalité. Que ce soit pour la BD Girly ou autre chose. (Et là, les exemples cités ont pas l'air de s'affranchir de leur cadre, hélas. C'est ce qui est gênant.)
Et puis je pense fondamentalement qu'un mec pourrait faire de la BD Girly, pour moi la question du sexe de l'auteur (comme de sa nationalité, de ses préférences sexuelles, voire de sa vie personnelle) est hors de propos. On continue de confondre auteur et oeuvre, c'est un vrai problème ça. (Même pour les gens qui écrivent, faut croire, qui se sentent attaqués pour ce qu'ils sont, alors qu'on ne fait qu'attaquer ce qu'ils écrivent... :cretin:)
Mais bon voilà, les femmes peuvent s'emparer de n'importe quel genre - polar, SF, action, geek, girly, gothique, emo, fantastique, chick-litt - et sublimer le genre, voire le transcender, le dépasser, devenir des individus autonomes et artistes. Ou être médiocres comme des hommes médiocres.

Après, comme on a pu le dire, on cherche pas forcément la qualité en permanence et il n'y a pas à se culpabiliser de se distraire avec du médiocre. (J'entends médiocre au sens "moyen".) Nous ne sommes pas des êtres suprêmes hélas.
C'est simplement triste de résumer la création (ici féminine) à du médiocre.
 

Fab

Fondateur de mad
30 Septembre 2005
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20 261
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Paris
www.fabflorent.com
Quand je lis certains coms énervés ici, j'me dis qu'on n'a pas dû lire le même article - ou alors il est temps que je prenne ma retraite - mais BREF, Maïa pourra au moins se réjouir que Navo (le mec qui est derrière Bref.) est d'accord avec elle. (maigre consolation, je suppose)

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22 Octobre 2011
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Mais le fait que les membres apportent un regard critique sur ce qui est posté est quelque chose de si négatif, de si décevant? Je sais pas si c'est sensé être un argument d'autorité mais que Navo soit d'accord ou non avec Maïa ça ne rend pas nos critiques moins valables ^^.
 

Fab

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Mr. Octopus;2720191 a dit :
Mais le fait que les membres apportent un regard critique sur ce qui est posté est quelque chose de si négatif, de si décevant?

Alors négatif, non, bien sûr, mais globalement, oui, c'est plutôt """décevant""" (j'mets des guillements, hein).
On écrit pour vous, donc quand on lit - pour caricaturer - "c'est mal écrit" ou bien "c'est quoi ce torchon ?" ou encore "cet article est daubé", alors que c'est un papier qu'on trouve, nous (et a fortiori moi, en tant que rédac chef), de qualité, ça fait bizarre. Mais c'est un autre débat.

Mr. Octopus;2720191 a dit :
Je sais pas si c'est sensé être un argument d'autorité mais que Navo soit d'accord ou non avec Maïa ça ne rend pas nos critiques moins valables ^^.

C'était une boutade, un clin d'oeil, à aucun moment, je n'ai dit que vos critiques n'étaient "pas valables".

J'ai juste l'impression que je n'ai pas lu le même papier que les plus virulentes d'entre vous et parfois, ça m'inquiète un peu, c'est tout (ça m'inquiète pour moi, pour le job que j'ai à faire, hein)
Perso, j'ai lu que Maïa y parle d'étiquettes qu'"on" (les médias, les lectrices, les préjugés, le monde entier) colle à certaines auteures et regrette que ce collage d'étiquettes ne marche que dans un sens (des histoires de filles écrites par des filles, c'est "girly", des histoires de mecs ou des histoires de filles racontées par un mec - Polina, c'est... rien).
 
22 Octobre 2011
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Fab;2720217 a dit :
Alors négatif, non, bien sûr, mais globalement, oui, c'est plutôt """décevant""" (j'mets des guillements, hein).
On écrit pour vous, donc quand on lit - pour caricaturer - "c'est mal écrit" ou bien "c'est quoi ce torchon ?" ou encore "cet article est daubé", alors que c'est un papier qu'on trouve, nous (et a fortiori moi, en tant que rédac chef), de qualité, ça fait bizarre. Mais c'est un autre débat.



C'était une boutade, un clin d'oeil, à aucun moment, je n'ai dit que vos critiques n'étaient "pas valables".

J'ai juste l'impression que je n'ai pas lu le même papier que les plus virulentes d'entre vous et parfois, ça m'inquiète un peu, c'est tout (ça m'inquiète pour moi, pour le job que j'ai à faire, hein)
Perso, j'ai lu que Maïa y parle d'étiquettes qu'"on" (les médias, les lectrices, les préjugés, le monde entier) colle à certaines auteures et regrette que ce collage d'étiquettes ne marche que dans un sens (des histoires de filles écrites par des filles, c'est "girly", des histoires de mecs ou des histoires de filles racontées par un mec - Polina, c'est... rien).

Je comprends bien la boutade mais ce que je veux dire c'est que : nous avons bien lu le même article. On apporte juste un éclairage différent dessus :).

Peut-être que mes critiques viennent du fait que je ne suis pas héritière d'un milieu très féministe, peut-être que je n'ai pas vu en priorité "halte à la discrimination faite aux femmes artistes !" mais que j'ai d'abord vu, de part mon éducation "artistique" une interrogation sur la possibilité (ou non) de donner le titre "d'oeuvre d'art" à un texte / un objet ne s'adressant qu'aux femmes. Ca me parait normal !

Comparer Polina a Margaux Motin, par exemple, me semble assez houleux. Polina c'est certes l'histoire d'une femme (le personnage principal est une femme) mais les thèmes traités sont universels ! On parle de l'amour au sens large, on parle de la danse aussi bien féminine que masculine, on parle de la relation maitre/élève. Moi je vois une différence énorme entre ça et parler de poil/règles/bébé/sac à main. (J'exagère le trait mais ce que j'entends par là c'est que Margaux Motin, lorsqu'elle illustre des pubs pour des Louboutin, n'a pas l'ambition de parler à un public universel, il me semble - et je ne suis même pas sûre qu'elle ait vocation à faire, dans ce cas précis, quelque chose de spécifiquement artistique).
 
17 Décembre 2005
16 222
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Fab;2720217 a dit :
J'ai juste l'impression que je n'ai pas lu le même papier que les plus virulentes d'entre vous et parfois, ça m'inquiète un peu, c'est tout (ça m'inquiète pour moi, pour le job que j'ai à faire, hein)

C'est une citation vu et revu, mais bon...

Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre.

La communication ce n'est pas quelque chose de simple :)
 
4 Avril 2010
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Paname
(N'ayant lu aucun des commentaires précédents avant d'intervenir, je suis bonne à être poussée sous les roues d'un bus si le c?ur vous en dit.) (A l'arrêt, le bus.)

Je n'aime pas les étiquettes. Même "girl" (même "boy"), c'est un terme préconçu que les autres nous collent dessus, et que l'on n'est pas obligé d'assumer. Pour assumer, il faut avoir envie.
Cet article donne l'impression de refuser aussi cette étiquette. Il aurait pu sortir de l'opposition générique stérile et conflictuelle qu'on adore introduire partout. Fille, mec, wtf ? Quel intérêt surtout ?

Alors cet article m'a plu :)
 
11 Octobre 2011
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www.msoriginaldoll.com
J'ai trouvé cette article très pertinent, car c'est vrai mon copain travaille dans un librairie spécialisé dans la BD et quand je lui ai parler de Péneloppe Bagieu, il m'a aussitôt dit que c'était de la BD pour filles sauf que non, il y comme tu dis de supers bon auteurs. Par exemple, maliki (la BD) est géniallissime et pourtant elle est écrit par un mec !

Alors arrêtons de juger les femmes qui écrivent des histoires de femmes, car quand un homme le fait on ne lui dit rien !
 
11 Octobre 2011
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www.msoriginaldoll.com
* Foxey * Bah ce que je voulais dire par là, c'était surtout qu'une histoire avec un femme à l'intérieur n'est pas spécialement girly que ce soit un homme ou une femme qui l'ai écrit.

Exemple encore mieux tiens, SKY.Doll bon même si ce sont des auteurs homme-femme qui l'on écrit il n'est pas du tout girly et est vraiment passionnant
 

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