J'adore patienter avant de satisfaire un désir, je trouve que ça décuple la jouissance.
Par exemple, quand j'ai faim et que je sais que je vais avoir un bon repas sous peu, j'aime attendre ce repas avant de manger, quitte à crever la dalle et à avoir le ventre qui hurle à la mort.C'est pareil, même quand j'ai trop faim, je préfère attendre que le plat cuise le plus longtemps possible afin qu'il ait beaucoup de goût plutôt que d'arrêter la cuisson parce que ma faim est insoutenable. C'est peut-être pour ça que j'adore quand les aliments sont bien grillés, parce que ça m'oblige à patienter un peu plus.
Finalement je raisonne ainsi pour plein de choses : quand j'ai froid et que je n'ai qu'un pull, je préfère éprouver le froid le plus longtemps possible avant de me résoudre à mettre mon pull, parce que je sais que plus je l'aurai espéré, plus ce pull me fera de bien.
En fait j'ai entendu une chanson d'Emmanuel Moire (drôle de référence je sais
) qui résume très bien le phénomène : « Il m'a fallu la peur pour être rassuré ; il m'a fallu la douleur avant d'être consolé...». Et ben moi, il me faut le froid pour vouloir être réchauffée, il me faut la faim pour être vraiment rassasiée, il faut que ma vessie soit au bord de l'implosion pour que je sois soulagée (bon mes paroles sont un peu moins poétiques
) !
J'aime bien jouer avec mes nerfs en fait, m'obliger à être patiente, rendre une situation presque insoutenable pour mieux jubiler ensuite lors de la délivrance, même si a priori c'est un petit rien. J'adore aller d'un extrême à l'autre, je crois que j'ai besoin d'éprouver le versant négatif d'une situation avant d'en savourer le positif, si bien que dans ma tête le négatif n'est pas réellement indésirable. C'est plutôt une étape dans mon cheminement vers le désirable
.
Bref ! Sinon, j'adore écouter une chanson pendant que je marche et faire comme si elle était la BO d'un film que je m'invente. Pour ça, je fais des mouvements avec mes yeux comme s'ils étaient une caméra : je fais des ralentis, je fais passer la caméra de droite à gauche, de haut en bas. J'imagine que je joue avec les points de vue : pendant un moment c'est une caméra subjective (on voit ce qu'il se passe avec mes yeux à moi) et puis après c'est une caméra objective, je deviens un personnage dans mon propre film... Enfin voilà, je m'éclate bien quoi.
Hier ça me l'a fait en écoutant
Run boy run de Woodkid. J'étais dans une ruelle et il faisait noir. Je m'imaginais cette chanson sur un film où une personne court, parce qu'elle fuit quelqu'un ou juste parce qu'elle a besoin de faire le vide. J'imaginais la personne flipper à chaque virage, être surprise par une tête, voir une ombre débarquer. Mon film était trop cool, je verrais bien cette chanson dans un remake de
La nuit du chasseur par exemple. Ou dans un film de Fincher, dans une scène où tout va très vite !
D'ailleurs puisqu'on est sur ce topic, j'adore écouter Woodkid. Je trouve que sa musique est très épique et ça a le don de me plonger dans des petits films virtuels dès que je l'entends. C'est limite s'il ne me donne pas envie de devenir metteuse en scène juste pour pouvoir matérialiser mes délires