Je trouve ça complètement hypocrite de parler d'intégration.
Je ne pense pas qu'un prénom aide réellement à l'intégration d'une personne. Si Monsieur et Madame Moustahalaf décident de quitter leur Maroc natal pour s'installer en France, et qu'une fois là-bas, ils appellent leur enfant Mohammed, aurait-il une vie différente que s'il s'était appelé Charles, Antoine ou autre prénom qui "sonne" français ? Je ne pense pas. Son prénom ne changera ni son nom, ni son physique. De même, un enfant de parents Asiatiques aura toujours des traîts "typés", quel que soit son prénom, un enfant de parents Congolais aura toujours une peau foncée. Et le petit Moustahalaf, le petit de parents asiatiques et celui aux parents congolais aura toujours sa propre culture, et ce, malgré son prénom du calendrier.
Utiliser l'excuse de l'intégration, c'est reconnaître qu'il y a un problème d'intégration en France pour les étrangers, c'est reconnaître une intolérance envers des personnes d'origine étrangère, c'est reconnaître qu'il y a un problème de racisme ambiant. Une espèce de racisme que l'on ne nomme pas, mais qui reste présent dans la société.
Face à ce problème, la "bonne" réaction ne serait donc pas d'exclure les autres cultures, mais de nous remettre en question, nous, français. Il faut se rappeler tout de même que la culture d'un pays est en constant changement, et que la culture française est née de plusieurs cultures, avec leur(s) différent(s) peuple(s), leur(s) différente(s) langue(s), leur(s) différente(s) façon(s) de penser. Comme le prouve nos chers prénoms français, qui sont en réalité d'origine latine, germanique ou grec ou encore hébreu (on dit hébreu ou hébraïque ?), sans compter les prénoms propres à une région, à un dialecte.
Si une personne étrangère vient vivre en France, et qu'elle souhaite nommer son enfant avec un prénom qui est originaire de sa culture pour continuer à exister aurpès d'elle, lui interdire ça, l'obliger à nommer son enfant avec un prénom "bien de chez nous" serait finalement une façon de l'obliger à s'éloigner de sa culture d'origine.
En plus de ça, si cette même personne étrangère venait d'un pays non-francophone, même une fois après être arrivée en France, il est possible que "nos" prénoms ne lui sont pas agréables à l'oreille, ou moins que "ses" prénoms. Ce sont là des questions d'affinités, de goûts, et aucun gouvernement ni aucune loi ne devrait pouvoir dicter à son peuple quoi aimer ou au contraire, ne pas aimer. Il semblerait même que ce soit contraire à ce qu'on appelle la Liberté. Et petit rappel, la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. Le prénom du gamin de ma voisine et le rapport avec Marine Le Pen ? Oui, c'est bien ce qu'il me semblait. Aucun. Ma voisine n'empiete pas plus sur sa liberté si elle appelle son enfant Martin, Gengis, Ali ou autre.
Ensuite, je pense qu'on peut arriver à deux autres débats : celui de la religion, et celui de l'identité.
Le problème de la religion a déjà été évoqué : la liste de prénoms "possibles" qu'elle utilise n'est pas une liste neutre, puisqu'une liste de prénoms chrétiens - en tout cas, de prénoms portés par des chrétiens, eux-mêmes reconnus et célébrés par le christianisme. N'autoriser que ces prénoms ressemble à une tentative d'effacer non seulement la culture d'origine, mais aussi une religion autre que la religion chrétienne.
Au niveau de l'identité, on dit souvent qu'avoir un prénom français est une preuve que nos parents se sentent français. Donc à partir de là, j'aimerais savoir ce que veut dire "se sentir français". Est-ce seulement une notion d'intégration ? Mais dans ce cas, si tu es né français, d'une certaine façon, tu es obligatoirement intégré. Et pourtant, des français intégrés qui ne se sentent pas français, ça existe.
(Bon, par contre, non seulement je fais remonter le topic, mais en plus, je ne fais pas avancer le débat. Mon post est peut-être un peu inutile du coup
)