deutsche-g;4280384 a dit :
@Spiracle : personnellement j'ai plutôt tendance à penser que ce sont les femmes qui ont été un peu connes dans l'histoire, parce qu'à mon sens si le don de sperme est anonyme, c'est justement pour éviter ce genre d'ennuis. Je comprends ton point de vue mais le problème c'est que la filiation.
Du coup la décision je la vois comme une sanction à l'égard du couple, façon.
Mais c'est vrai qu'il faudrait peut-être pour éviter ce genre de problèmes autoriser la PMA aux lesbiennes (si ça ne l'est pas encore, je n'en ai aucune idée non plus). Le problème c'est que ça risque de créer une inégalité entre elles et les couples d'hommes.
Et du coup faudra légaliser la GPA. Et là c'est plus compliqué bioéthiquement parlant que la PMA.
Pour la Belgique, je ne savais pas, tiens. J'ai pas assez réfléchi dessus pour avoir un avis tranché, du coup j'ai envie de prendre vachement de risques en disant qu'a priori "ça dépend"
Je suis quand même davantage pour assouplir les conditions d'adoption. Alors certes, on dira qu'un enfant de son sang c'est pas tout à fait pareil pour beaucoup qu'un enfant adopté, mais ça limiterait peut-être ce genre de cas ? (c'est une interrogation, pas une prédiction)
En fait c'est un débat assez compliqué à avoir pour moi dans ce contexte-ci, parce que je connais assez mal les conditions en vigueur en France...mais je vais essayer quand même
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Je pense malgré tout que c'est très malsain de la part du donneur. Peut-être que d'un point de vue génétique, le gosse est bien son enfant, mais je suis désolée, quand tu donnes ton sperme à un couple homosexuel (qui sont tes amis !) pour qu'il soit utilisé lors d'une PMA, puis que tu te ramènes fleur au fusil pour réclamer "ton" gosse, y'a un truc qui tourne pas tout à fait rond. Un gosse, c'est pas comme un paquet de céréales que tu prends sur une étagère au supermarché, puis que tu reposes, puis que tu reprends... Je continue à penser que la loi est très mal faite, et qu'elle n'a suivi aucun bon sens dans ce cas-ci. Mais je comprends aussi qu'elle doit suivre une logique pour continuer à être une justice impartiale, bien que sa décision me les brise pas mal (toujours dans l'absence de plus amples informations).
Je comprends que tu penses que les femmes ont été naïves, mais pour moi elles ont juste fait confiance à un ami, seule recours possible quand la loi te barre la route...
Quant à l'autorisation de la PMA alors que les hommes n'y ont pas droit... Je trouve que la PMA est une formidable avancée scientifique, et qu'elle ne devrait pas être mise au placard parce que les hommes ne peuvent pas en profiter. Je veux dire, c'est comme si on trouvait un médicament qui guérissait le cancer, mais qui ne fonctionne que chez les personnes qui portent un chromosome Y. Problème : les femmes souffrent aussi de ce cancer, mais elles ne peuvent pas avoir accès à ce médicament, parce qu'il ne fonctionnera pas en l'absence de chromosome Y. Qu'est-ce qu'on fait ? On ne l'administre pas aux hommes parce que les femmes continueront à mourir du cancer en question ?
Ou, pour donner une autre argumentation, ce passage d'un texte de Pascal Nouvel (contexte : on peut, même si c'est pas aisé, prendre une cellule de la peau -donc différenciée, c'est-à-dire "normalement" capable uniquement d'être de la peau-, y chipoter et en sortir une cellule germinale, c'est-à-dire un spermatozoïde ou un ovule, et ce peu importe le sexe de la personne dont le bout de peau est issu) (non ce n'est pas de la science-fiction).
Je pense qu'il y a un truc complexe dans chaque situation : en PMA "injection d'un sperme inconnu dans un ovocyte", le père (ou la deuxième mère) ne se reconnaîtra peut-être pas dans l'enfant ; en PMA "injection du sperme du mari dans un ovocyte inconnu, implanté ensuite dans l'utérus de l'épouse", c'est la mère qui ne s'y reconnaîtra peut-être pas, et qui porte en plus le tout ; en GPA "une madame inconnue porte un gosse et puis doit s'en défaire", ça doit être un peu rude psychologiquement, physiologiquement et physiquement pour la mère porteuse. Mais malgré tout, avoir un enfant, c'est pas que biologique, c'est aussi et surtout psychologique (raison pour laquelle j'irai bientôt donner certains de mes ovocytes : je n'ai pas l'impression de donner "mes" enfants mais des bouts de mon ADN, et euh, comment dire...mon ADN peut vivre sa vie comme il l'entend, dans n'importe qui : mon ADN, dans un autre être humain, n'est pas un bout de moi ; il n'est plus rien de moi, juste un composant d'un autre être -avis personnel).
Quant à assouplir les conditions d'adoption : jamais compris pourquoi il y a une telle psychose autour de l'adoption (peut-être qu'une madmoizelle mieux renseignée pourrait m'éclairer ?). Je comprends qu'un enfant n'est pas un paquet de céréales, que la situation sera complexe et que donc, autant vérifier un chouïa avant, mais quand on voit 1) les gosses qui n'ont pas de familles 2) les familles qui n'ont pas d'enfants et qui en voudraient et qu'on compare ça à 3) les gens qui peuvent avoir des gosses, qui en ont et qui s'en occupent n'importe comment, on est en droit de se demander si l'Etat s'immisce dans la vie privée des bonnes personnes (et encore, c'est un autre débat que de se demander jusqu'où l'Etat peut mettre son nez).
Ceci dit, le problème de l'adoption ne vient pas toujours de la législation du pays de l'adoptant, mais plutôt de celle du pays de l'adopté...
Pour clore ce long pavé, je voudrais remercier la Belgique pour ses décisions en matière d'homosexualité, que ce soit au niveau du mariage, de la PMA ou de l'adoption. Merci Belgique d'avoir été ouverte, d'avoir ouvert l'esprit des Belges, et d'avoir clos ce débat il y a presque dix ans déjà (chose que j'ai un peu tendance à oublier, tellement ça me paraît "normal"...).