Salut à toutes,
j'ai lu tous les messages de ce sujet vu que je m'y retrouve pas mal, et j'aimerais y ajouter mon témoignage.
Pour faire court, j'ai eu mon bac a 16 ans (oui j'ai connu l'étiquette d'intello
), et puis j'en avais marre de rédiger des dissertations, je voulais du concret! Comme j'avais toujours dessiné, fais de la couture et ce genre de choses, j'ai voulu aller en école d'art. J'ai donc fait une école d'arts appliqués en 3 ans dont je suis sortie diplomée.
Je suis ensuite venue a Paris, parce que c'était mon rêve de toujours, que mes meilleures amies habitaient a Paris et que je me voyais déjà arpenter les couloirs de métro lookée comme une modasse...
Sauf que voilà, novembre 2008, crise mondiale et blablabla, c'est devenu très dur de trouver un boulot (et non pas un stage, je venais de finir mon stage post-diplome et les conventions, c'était terminé). Donc chômage, puis boulot de vendeuse pendant un an où j'ai touché les tréfonds de l'ennui (no offense pour les vendeuses, ça n'était juste pas pour moi), puis j'ai démissionné, sans idée de la suite. Par hasard on m'a parlé du CNFDI pour obtenir une convention de stage pour à peu près n'importe quoi, je me suis inscrite, j'ai re-fait un stage dans mon domaine, puis re-chomage, puis installation en auto-entrepreneur, quelques maigres contrats de freelance, puis chomage, puis boulot régulier dans une agence. Le graal!
Mais (oui c'est un peu long, mais c'est pour dire quelque chose de précis après
), là, alors que je répétais à qui voulait l'entendre que c'était parfait, un job de D.A dans une jeune agence, une ambiance cool, un boulot régulier, j'ai réellement craqué. Genre crise de nerfs. Genre je suis rentrée chez moi en catastrophe, comme si toute l'angoisse que j'avais contenu était sortie d'un coup.
En fait, je n'étais pas heureuse dans mon boulot comme dans le reste, mais j'avais trop voulu que tout concorde, ça faisait trop longtemps que je cherchais que je ne me voyais pas dire "non, en fait j'ai bien réfléchi et ça m'ennuie comme job!"
J'ai passé 3 mois à la campagne, à alterner crises de déprime, d'angoisse, l'impression que mon cerveau ne voulait plus rien faire...
En septembre je suis rentrée à Paris, et rebelote, crises d'angoisses, de larmes, le désespoir...
Du coup, comme je ne voulais pas rentrer chez mes parents, je me suis "forcée" à rester a Paris, mais cette fois en prenant mon temps. J'ai admis l'idée que je n'allais pas retravailler tout de suite, que je ne savais pas du tout ce dont j'avais envie, que j'allais arrêter de faire semblant que ma vie était super bien remplie à coup d'expos, d'apéros où on voit les mêmes gens que les soirs précédents.
Je me suis achetée un carnet, j'ai écrit tout ce qui m'a traversé l'esprit, j'ai remis en question tout ce que je pensais être établi, je suis allée voir une psy, j'ai enfin dit à ma famille comment je me sentais réellement au lieu de toujours faire croire que je menais la vie témoin de la jeune qui bosse dans la com dans la "capitale", et toutes ces choses m'ont fait un bien fou.
Aujourd'hui je ne sais toujours pas ce que je vais faire, mais j'ai repris confiance, et surtout, surtout (et c'est à ça que je voulais arriver), j'ai arrêté de compter les minutes qui passent, moi qui voulait toujours rentabiliser mon temps, flippée à l'idée d'avoir des moments de vide, je les apprécie, je regarde les choses en face. Je vois mon expérience de vendeuse comme une expérience tout court, ça m'a permis de me décoincer vis à vis des gens. J'ai fait des stages? J'ai rencontré du coup 4 fois plus de personnes que si j'étais restée au même endroit. Je prends du temps pour réfléchir? Je m'épargne peut-être une dépression sévère dans 10 ans.
Je suis consciente qu'il est très dur de vivres ces moments sereinement, mais je pense que ce qui m'a ruiné la santé et le moral, c'est de vouloir me mettre en veilleuse. J'étais persuadée que de faire des choix toujours sur la base de la raison était ma meilleure arme. Aujourd'hui, le "coeur" s'est rappelé à moi, et "the hard way", comme on dirait outre-atlantique.
Alors, pour finir, je voudrais dire à toutes celles qui paniquent, que oui je comprends très bien, mais souvent lorsqu'on se sent décalé, pas à son aise, et bien c'est qu'on est fait pour autre chose! On dit qu'en créativité, un blocage c'est quand "on croit devoir faire quelque chose (le rationnel), mais que notre intuition nous dit de faire autre chose". Le travail c'est pareil! Si ça coince au quotidien, c'est peut-être que vous n'êtes pas au bon endroit, et souvent on est soulagé de se l'avouer et d'agir en conséquence... Et surtout, 20 ans, 23 ans, 27 ans, c'est pas vieux, on vit dans un monde qui voudrait nous faire croire que si on était faites pour être designer ou styliste, on devrait déjà l'être puisque certains le font à 12 ans! C'est, je pense, un mirage et une énorme perte de temps de se comparer (pourtant croyez-moi je l'ai fait, et je m'en suis rendue malade!)
Partez de ce que vous aimez, ce que vous faites depuis toujours mais auquel vous n'avez jamais accordé aucune importance ou valeur, c'est peut-être là que vous trouverez les meilleures pistes pour réfléchir... Et soyez indulgentes avec vous-mêmes, c'est toujours plus dur d'être de ceux qui se posent les questions qui font mal
"Stop competing with others, start competing with yourself" (et pas de pression sur le mot "compete" hein, l'idée c'est de se connaitre soi
)