Je ne suis pas sûre qu'il faille comprendre le terme "actif" au sens "employé", mais actif au sein de la société. La baisse d'activité professionnelle des jeunes ne pourrait-elle pas s'expliquer par le fait qu'il est plus fréquent de nos jours de faire des études longues ? Les stats de l'INSEE ne le précisent pas. Et je ne suis pas bien sûre de comprendre la différence que cela jouerait dans le fait d'avoir le droit de vote ou pas.
Et quand bien même il seraient au chômage, devrait-on envisager d'enlever le droit de vote aux gens pour autant ?
Je pense que l'idée c'était qu'on trouvait les mineurs-salariés assez responsables pour travailler mais pas pour d'autres choses, et ça créait une certaine discrimination. Il ne s'agit pas de lier le travail au droit de vote, mais plus de dire que les travailleurs ont une vie d'adulte. Or, quand la majorité a été abaissée, les mineurs gagnaient leurs croûtes dans leur grande majorité sans pour autant être émancipés de leurs parents, ce qui était quand même très étrange. Il semblait donc logique de libérer les jeunes de la responsabilité de leurs parents s'ils étaient déjà autant engagés dans la vie active.
Et aujourd'hui, on ne considère pas que les mineurs devrait avoir les responsabilités d'un travailleur adulte. Le travail avant 18 ans est très strictement encadré pour protéger les mineurs, et certaines situations de travail sont tout bonnement interdites. Du coup, il y a peu de mineurs qui ont des responsabilités de travailleurs et presque aucun de travailleurs adultes qui justifieraient de changer la majorité au nom de leur place dans le monde du travail. En revanche, si on permettait des mineurs à s'exposer autant que les adultes au travail sans leur donner les mêmes droits, ça serait problématique.
Je trouve ça très intéressant ce que tu évoques avec le fait de se considérer trop jeune : la peur de se tromper ? De ne pas avoir une vision assez claire/complète des sujets ? Qu'est-ce qui vous poussait à penser ça ?
Ou alors cette idée qu'on a des adultes, à cet-âge, qui seraient des sujets sachant dans tous les domaines ? (après on grandit et on se rend compte que pas du tout ?)
C'est difficile de parler à la place de la moi de 16 ans
car je ne me souviens pas de toutes les raisons, mais l'article en parle également en disant que la majorité des mineurs ne veulent pas du droit de vote. Du coup, perso, je trouve ce débat un peu "populiste" (c'est pas le mot, mais je me souviens plus du bon, sorry
). Pourquoi des adultes tiennent à ce point à donner des responsabilités à des mineurs qui préfèrerait ne pas les avoir avant leur majorité (ce débat était déjà récurrent quand j'étais à l'école Primaire)? Pour ne pas avoir l'air de vieux cons? Pour se donner des airs progressistes? Parce qu'on pense finalement savoir ce qui est mieux pour la jeunesse qu'elle?
Je vais quand même essayer d'expliquer ma situation de l'époque. J'étais dans un environnement où les parents nous laissaient beaucoup d'autonomie tout en étant quand même très présents. Du coup, le fait d'être mineur était quand même une situation assez rassurante. On pouvait choisir certaines choses comme nos sorties, nos activités, notre orientation scolaire, mais nos parents avaient quand même leur mot à dire, et c'était eux qui prenaient en charge toutes les questions qui nous semblaient difficiles comme les problèmes financiers, les problèmes administratifs, etc. J'imagine que ça nous donnait l'impression qu'on pouvait faire des erreurs en toute sécurité car les adultes seraient là pour corriger le tir en cas de problème. Bien sûr, les adultes pouvaient parfois prendre des décisions qui nous semblaient injustes comme nous empêcher de faire certaines activités ou nous obliger à suivre certains cursus scolaires. Néanmoins, je trouve qu'il y avait un équilibre plutôt correct entre notre propre responsabilité et notre encadrement, et je ne cherchais pas à accélérer ma sortie du statut de mineur.
Et nos responsabilités/notre autonomie augmentaient graduellement avec l'âge, ce qui fait qu'arriver au stade du vote semblait un aboutissement logique de plusieurs années d'autonomisation mais on ne voyait pas spécialement l'intérêt de griller les étapes.
Je pense qu'on se rendait bien compte que les adultes pouvaient tout autant se tromper, mais être sûr de ses convictions et de ses choix quand on débute dans le débat d'idées, c'est pas évident. Pour nous, ça ne paraissait pas être une mauvaise idée d'attendre un peu de mûrir notre réflexion et d'être plus sûrs de ce qu'on pense avant de devoir faire un choix politique qui influencerait tous les autres Français. Je supose qu'on voyait ça comme une trop grande responsabilité pour notre manque d'expérience, on ne se voyait pas encore prêts à prendre des décisions pour les autres. Pour nous, c'était une responsabilité d'adultes que de faire ce genre de choses. Et bien sûr que ça peut être frustrant de ne pas avoir certaines responsabilités... mais c'est aussi très protecteur.
Je n'ai jamais eu l'impression que les choses se jouaient à 2 ans près et que les adultes autour de moi faisaient un choix qu'il fallait absolument que j'inverse par mon vote. Les adultes de ma famille assumaient beaucoup de choses pour moi et j'avais des idées politiques proches des leurs donc ça me paraissait logique que ce soit aussi eux qui prennent en charge la responsabilité du vote jusqu'à ce que je devienne adulte. D'autant que je pouvais discuter politique avec mes parents et que je pense que si j'avais eu une idée très ferme sur qui voter et que je l'avais argumentée devant eux, ça aurait compté dans leurs choix. Ainsi, j'ai voté pour la première fois à 18 ans exactement (les présidentielles je crois) et c'était très symbolique : ça marquait vraiment mon passage à l'âge adulte où désormais, je prends la responsabilité de ma vie, de mes choix et de mon avenir.
(au-delà de leur implication dans des associations ou autre qui ont tout de même un impact très limité).
Ben en vrai, l'implication dans des associations peut avoir un impact bien plus palpable que le vote je trouve! A une époque, je travaillais dans la mobilisation des jeunes (dans un pays étranger) et les lycéens étaient bien plus influents dans leur domaine quand ils faisaient campagne et levaient des fonds à l'échelle de leurs communautés pour différentes causes qu'un adulte avec son vote. De même, dans mon lycée, il y avait des jeunes investis dans les syndicats lycéens et leurs revendications paraissaient dans les journaux.
Je trouve ça personnellement plus efficace que le vote en fait, et ça permet de dimensionner la charge émotionnelle et morale à une cause plus petite que le destin de la Nation, je trouve que c'est une responsabilité un peu plus pertinente pour les mineurs. Ils peuvent ainsi s'engager dans les causes qui les concernent (l'environnement, l'éducation, l'accès à l'emploi, les sujets de société) en fonction de leurs responsabilités et laisser aux adultes les questions qu'ils ne maitrisent pas encore car ils n'ont jamais eu à y penser avant d'en entendre parler à la télé (les retraites, les impôts, etc.).