Bon, il paraît que chez Madmoizelle, on peut raconter ce qu'on veut et partager ses coups de gueule. Donc voilà, aujourd'hui j'en ai vraiment marre et j'ai envie (besoin?) de le dire.
Accrochez vous, ça risque être long. (Notez que je ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières, je veux juste raconter mon ras-le-bol).
Hier je me rends à un entretien d'embauche. L'offre d'emploi à laquelle j'ai répondu est banale: dans le cadre d'une ouverture de magasin, CDD de 3 semaines, 35h, smic, évolution probable en CDI. Je me fous un peu du cdi (dans la mesure où tout le monde te le promet mais tu n'en vois jamais la couleur) car au chômage depuis 10 mois et ayant vraiment des difficultés financières, le salaire de 3 semaines de 35 h me permettrait de mettre un peu d'argent de côté pour payer les trucs sympas qui arrivent dès la rentrée ( taxe d'habitation et bois pour se chauffer cet hiver). Bref je ne me fais pas d'illusion, ne suis pas trop exigeante. Mon truc en ce moment c'est «prends ce qu'il y a à prendre, ça s'arrangera bien un jour». Je suis devenue patiente, j'ai revue toutes mes exigences à la baisse et commence à accepter l'idée que mon épanouissement ne passera peut être jamais par le travail. C'est non sans mal que j'ai accepté cette situation, mais il faut parfois se faire une raison: Je recherchais dorénavant ce qu'on appelle un job alimentaire.
Après avoir répondu à cette annonce, une chargée de recrutement m'appelle ; mon CV l’intéresse et elle veut en savoir plus sur moi. Elle va droit au but: elle a besoin de 8 personnes pour la mise en place de son magasin. Au moment de l'ouverture elle ne gardera que les plus efficaces. Combien?elle ne sait pas.Tout dépendra de la fréquentation. Elle m'affirme par contre qu'il s'agira de contrat en temps plein, sur plusieurs mois.
Ayant de l’expérience dans le management, elle me demande à plusieurs reprises si je suis encore intéressée par l'encadrement d'équipe, laissant entendre que je pourrais prétendre à un poste plus intéressant que celui pour lequel j'ai postulé. Elle me demande gentiment si je peux me libérer. Oh que oui je peux ! Rdv est donc pris à 8h30 au pôle emploi dont je dépends.Me voilà contente, remotivée! c'est peut être pas le job de ma vie, mais une autre perspective s'ouvre à moi, je commence à m'imaginer avoir un vrai salaire pendant quelques temps...Quelle folie!
Mais ma motivation se casse rapidement la gueule. Arrivée au pôle emploi, je vois une trentaine de personne agglutinées à l'accueil, et je comprends vite qu'ils sont tous la pour la même chose que moi. Après avoir coché nos noms sur une liste, un agent pole emploi nous fait monter dans une salle de réunion où nous attendent 2 personnes; Et oui la charmante personne que j'ai eu au téléphone est accompagnée d'un monsieur qui nous explique le fonctionnement de l'entreprise et ce qu'il attend de nous. En moins de 10 minutes, il nous raconte une journée type, puis fait circuler un formulaire pour inscrire nos noms afin d'organiser les entretiens individuels. Je vois avec horreurs que ceux ci s'étalent jusqu’à 15h... Pourquoi ne pas m'avoir prévenu qu'il fallait prévoir sa journée? Parce-que me voilà bien embêtée, on est mercredi, et j'ai un fiston à aller chercher à l'école à midi moi! Je me permets donc de dire que j'ai un impératif. On me regarde de travers, mais c'est bon, je passerai à 11h15, sachant qu'un entretien «n’excède pas 15 minutes», je suis sauvée.
On nous fait quitter la pièce à 9h15 , chacun attendant maintenant son tour.
En patientant je m'amuse à compter mes « concurrents» : 22 femmes, 5 hommes. Les gens commencent à discuter et je laisse traîner mes oreilles.On ne leur aurait pas tous dit la même chose, certains ayant été prévenu qu'il fallait prévoir la journée, d'autres comme moi assurent ne pas avoir été avertis; quelques uns disent qu'on leur a parlé de temps partiels, d'autres de CDI garantis. Bref personnes n'a les mêmes infos, alors que nous avons tous été contactés par la même personne. Ça sent pas bon cette affaire...
En attendant notre tour, un petit groupe de filles se forme et chacune raconte un bout de sa vie. Je suis hyper attristée par les histoires des unes et des autres. De tous âges, aucune n'a de stabilité, elles vont de petits contrats en petits contrats, en interim, mi temps ou cdd. Une raconte qu'à presque 50 ans elle a dû vendre sa maison pour reprendre un appartement plus petit en location parce qu’elle ne s'en sortait plus. Une autre a monté un dossier de surendettement et est repartie vivre chez ses parents avec son fils, parce que sans permis et vivant à la campagne, impossible de trouver du boulot (et sans boulot, pas moyen de se payer le permis). Une autre dit qu'elle a honte de n'avoir jamais amené ses enfants en vacances, ou que parfois elle doit faire avec 30 euros par semaine pour remplir son frigo... Mais elles ne se plaignent pas, à croire que la précarité est une fatalité. Elles ont compris que cette offre d'emploi n'étaient pas l'eldorado, mais tant pis, au moins «ça prolonge les droits au chômage».
Et en passant mon entretien, j'ai compris qu'elles avaient raison. En 10 minutes, on m'explique que finalement l'équipe encadrante a été recrutée en interne (ben oui c'est ça les grands groupes) et qu'ils craignent que mon expérience dans le management ne m'empêche de m'adapter à un poste de «simple employée» et de ce fait que je ne sois pas en mesure de respecter ma hiérarchie. J'essaie de les convaincre du contraire mais à priori ils ont déjà pris leur décision à mon sujet. De toute façon, ils me font comprendre qu'ils ne «garderont à priori personne»à l'issu des 3 semaines... ils cherchent seulement des gens corvéables à merci, pour les faire bosser comme des larbins avant l'ouverture.
J'ai l'impression d'avoir été hyper naïve et de m'être fait avoir.
J'en ai marre de m'entendre dire «vous êtes trop/pas assez compétente», que le fait d'avoir un enfant soit devenu un handicap dans ma recherche d'emploi. Marre que mes choix ne soient pas compris par les recruteurs; oui j'ai pris deux ans de congé parental, parce que je le voulais vraiment, j'ai ensuite repris un poste à responsabilités en restauration où je bossais 7j/7, environ 15h par jour. Quand la boîte a fermé je me suis dit plus jamais ça, je veux voir mon gosse grandir! Ça ne fait pas de moi une feignasse sur qui on ne peut pas compter . Et pourtant hier, on m'a encore posé LA question. Pourquoi ne pas avoir continuer ? « Parce que ce n'était pas compatible avec une vie de famille telle que je la conçois. » Petit sourire et même réponse : « vous savez chez nous il faut savoir être disponible, on demande une grande flexibilité … » je le sais bon sang, je n'irais pas postuler dans le commerce sinon ! Je dis seulement que je veux un jour de repos par semaine, c'est trop demander ?
Comme vous pouvez le voir, je suis en colère, blasée, ecoeurée. Je trouve qu'on vit dans un drôle de monde et la société dans laquelle j'évolue me fait peur. J’espère avoir été assez claire, parce que c'est pas facile d'essayer d'expliquer des émotions pareils.
Mais je m’arrête la, j'aurais encore tellement (trop) à dire.
Merci si vous m'avez lu et chapeau si vous m'avez comprise.
Accrochez vous, ça risque être long. (Notez que je ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières, je veux juste raconter mon ras-le-bol).
Hier je me rends à un entretien d'embauche. L'offre d'emploi à laquelle j'ai répondu est banale: dans le cadre d'une ouverture de magasin, CDD de 3 semaines, 35h, smic, évolution probable en CDI. Je me fous un peu du cdi (dans la mesure où tout le monde te le promet mais tu n'en vois jamais la couleur) car au chômage depuis 10 mois et ayant vraiment des difficultés financières, le salaire de 3 semaines de 35 h me permettrait de mettre un peu d'argent de côté pour payer les trucs sympas qui arrivent dès la rentrée ( taxe d'habitation et bois pour se chauffer cet hiver). Bref je ne me fais pas d'illusion, ne suis pas trop exigeante. Mon truc en ce moment c'est «prends ce qu'il y a à prendre, ça s'arrangera bien un jour». Je suis devenue patiente, j'ai revue toutes mes exigences à la baisse et commence à accepter l'idée que mon épanouissement ne passera peut être jamais par le travail. C'est non sans mal que j'ai accepté cette situation, mais il faut parfois se faire une raison: Je recherchais dorénavant ce qu'on appelle un job alimentaire.
Après avoir répondu à cette annonce, une chargée de recrutement m'appelle ; mon CV l’intéresse et elle veut en savoir plus sur moi. Elle va droit au but: elle a besoin de 8 personnes pour la mise en place de son magasin. Au moment de l'ouverture elle ne gardera que les plus efficaces. Combien?elle ne sait pas.Tout dépendra de la fréquentation. Elle m'affirme par contre qu'il s'agira de contrat en temps plein, sur plusieurs mois.
Ayant de l’expérience dans le management, elle me demande à plusieurs reprises si je suis encore intéressée par l'encadrement d'équipe, laissant entendre que je pourrais prétendre à un poste plus intéressant que celui pour lequel j'ai postulé. Elle me demande gentiment si je peux me libérer. Oh que oui je peux ! Rdv est donc pris à 8h30 au pôle emploi dont je dépends.Me voilà contente, remotivée! c'est peut être pas le job de ma vie, mais une autre perspective s'ouvre à moi, je commence à m'imaginer avoir un vrai salaire pendant quelques temps...Quelle folie!
Mais ma motivation se casse rapidement la gueule. Arrivée au pôle emploi, je vois une trentaine de personne agglutinées à l'accueil, et je comprends vite qu'ils sont tous la pour la même chose que moi. Après avoir coché nos noms sur une liste, un agent pole emploi nous fait monter dans une salle de réunion où nous attendent 2 personnes; Et oui la charmante personne que j'ai eu au téléphone est accompagnée d'un monsieur qui nous explique le fonctionnement de l'entreprise et ce qu'il attend de nous. En moins de 10 minutes, il nous raconte une journée type, puis fait circuler un formulaire pour inscrire nos noms afin d'organiser les entretiens individuels. Je vois avec horreurs que ceux ci s'étalent jusqu’à 15h... Pourquoi ne pas m'avoir prévenu qu'il fallait prévoir sa journée? Parce-que me voilà bien embêtée, on est mercredi, et j'ai un fiston à aller chercher à l'école à midi moi! Je me permets donc de dire que j'ai un impératif. On me regarde de travers, mais c'est bon, je passerai à 11h15, sachant qu'un entretien «n’excède pas 15 minutes», je suis sauvée.
On nous fait quitter la pièce à 9h15 , chacun attendant maintenant son tour.
En patientant je m'amuse à compter mes « concurrents» : 22 femmes, 5 hommes. Les gens commencent à discuter et je laisse traîner mes oreilles.On ne leur aurait pas tous dit la même chose, certains ayant été prévenu qu'il fallait prévoir la journée, d'autres comme moi assurent ne pas avoir été avertis; quelques uns disent qu'on leur a parlé de temps partiels, d'autres de CDI garantis. Bref personnes n'a les mêmes infos, alors que nous avons tous été contactés par la même personne. Ça sent pas bon cette affaire...
En attendant notre tour, un petit groupe de filles se forme et chacune raconte un bout de sa vie. Je suis hyper attristée par les histoires des unes et des autres. De tous âges, aucune n'a de stabilité, elles vont de petits contrats en petits contrats, en interim, mi temps ou cdd. Une raconte qu'à presque 50 ans elle a dû vendre sa maison pour reprendre un appartement plus petit en location parce qu’elle ne s'en sortait plus. Une autre a monté un dossier de surendettement et est repartie vivre chez ses parents avec son fils, parce que sans permis et vivant à la campagne, impossible de trouver du boulot (et sans boulot, pas moyen de se payer le permis). Une autre dit qu'elle a honte de n'avoir jamais amené ses enfants en vacances, ou que parfois elle doit faire avec 30 euros par semaine pour remplir son frigo... Mais elles ne se plaignent pas, à croire que la précarité est une fatalité. Elles ont compris que cette offre d'emploi n'étaient pas l'eldorado, mais tant pis, au moins «ça prolonge les droits au chômage».
Et en passant mon entretien, j'ai compris qu'elles avaient raison. En 10 minutes, on m'explique que finalement l'équipe encadrante a été recrutée en interne (ben oui c'est ça les grands groupes) et qu'ils craignent que mon expérience dans le management ne m'empêche de m'adapter à un poste de «simple employée» et de ce fait que je ne sois pas en mesure de respecter ma hiérarchie. J'essaie de les convaincre du contraire mais à priori ils ont déjà pris leur décision à mon sujet. De toute façon, ils me font comprendre qu'ils ne «garderont à priori personne»à l'issu des 3 semaines... ils cherchent seulement des gens corvéables à merci, pour les faire bosser comme des larbins avant l'ouverture.
J'ai l'impression d'avoir été hyper naïve et de m'être fait avoir.
J'en ai marre de m'entendre dire «vous êtes trop/pas assez compétente», que le fait d'avoir un enfant soit devenu un handicap dans ma recherche d'emploi. Marre que mes choix ne soient pas compris par les recruteurs; oui j'ai pris deux ans de congé parental, parce que je le voulais vraiment, j'ai ensuite repris un poste à responsabilités en restauration où je bossais 7j/7, environ 15h par jour. Quand la boîte a fermé je me suis dit plus jamais ça, je veux voir mon gosse grandir! Ça ne fait pas de moi une feignasse sur qui on ne peut pas compter . Et pourtant hier, on m'a encore posé LA question. Pourquoi ne pas avoir continuer ? « Parce que ce n'était pas compatible avec une vie de famille telle que je la conçois. » Petit sourire et même réponse : « vous savez chez nous il faut savoir être disponible, on demande une grande flexibilité … » je le sais bon sang, je n'irais pas postuler dans le commerce sinon ! Je dis seulement que je veux un jour de repos par semaine, c'est trop demander ?
Comme vous pouvez le voir, je suis en colère, blasée, ecoeurée. Je trouve qu'on vit dans un drôle de monde et la société dans laquelle j'évolue me fait peur. J’espère avoir été assez claire, parce que c'est pas facile d'essayer d'expliquer des émotions pareils.
Mais je m’arrête la, j'aurais encore tellement (trop) à dire.
Merci si vous m'avez lu et chapeau si vous m'avez comprise.