A lire absolument, pour s'éclairer l'esprit, ce papier publié par Le Monde en juillet 2010.
J'ai fait décrypter mon génome
Extrait 1 :
Le 26 juin 2000, le président américain Bill Clinton annonçait que la carte complète du génome humain avait été séquencée. Dix ans plus tard, des sociétés de génétique proposent d'analyser votre ADN pour retracer les déplacements de vos ancêtres, depuis la sortie d'Afrique par Homo sapiens, il y a 60 000 ans jusqu'à aujourd'hui. J'ai tenté l'expérience. Grosses surprises.
Extrait 2
Un mois après avoir expédié les échantillons, j'ai reçu une abondante documentation sur l'état actuel des recherches en génétique des populations, dix pages imprimées et deux cartes m'expliquant les mouvements probables de mes ancêtres depuis 60 000 ans. Mon ADN dit mitochondrial (transmis par ma mère) et mon chromosome Y (transmis par mon père), les éléments les moins variables de mon génome au fil des générations, ont parlé.
J'avoue que j'ai été surpris, et laissé rêveur, d'appartenir à une lignée paternelle me reliant à un groupe d'hommes extrêmement rare en Europe, l'"haplogroupe G", identifié par la "mutation 201" : 1 à 3 % d'habitants en sont. Moi qui croyais être simplement auvergnat par mon père et, comme tel, plutôt descendre des peuples qui dressaient des menhirs de granit au néolithique, après l'arrivée de l'homme de Cro-Magnon ; ou plus récemment des fiers Arvernes, dont Vercingétorix fut le chef. Eh bien, c'est plus compliqué !
D'après la génétique des populations, les "M201" apparaissent il y a 30 000 ans dans le Caucase. Ces lointains et surprenants ancêtres ont laissé très peu de descendants. Ils se sont déplacés durant les millénaires qui ont suivi, emportant avec eux leurs chèvres et leurs moutons, s'installant sur les contreforts des montagnes des actuels Iran, Afghanistan, Pakistan et Cachemire. Par la suite, vers ?10 000, quelques-uns de ces "M201" ont gagné le Croissant fertile, la grande région comprise entre la Méditerranée et le golfe Persique, autour du Tigre et l'Euphrate, où ils se sont sédentarisés....
Extrait 3 :
Ce décryptage a le mérite de donner au profane les grandes lignes de l'extraordinaire voyage qu'une partie de ses ancêtres a effectué, millénaire après millénaire, pour arriver jusqu'à vous, que vous viviez dans l'île Inaccessible ou à Bécon-les-Bruyères. Elles lui fournissent un aperçu de la continuité humaine, et lui apprennent que nous constituons une seule et même espèce aux variations génétiques infimes.
Comme le rappelle le Dr Spencer Wells, de Genographic : "Nous sommes tous cousins. Deux mille générations seulement nous séparent des hommes sortis d'Afrique." Voilà pourquoi, si un Auvergnat a besoin d'un don d'organe, il trouvera aussi bien un donneur compatible en bas de chez lui qu'en Arabie.
Il n'empêche. Il arrive que les interprétations des migrations de ses lointains parents mènent à de véritables traumas identitaires chez certaines personnes racistes. Je l'ai vérifié plusieurs fois, autour de moi, dès que j'ai parlé de cette enquête et présenté les résultats. Toute allusion à des différences génétiques, si minimes soient-elles, ou à des origines géographiques lointaines et millénaires, suscite bien souvent un malaise....
J'ai fait décrypter mon génome
Extrait 1 :
Le 26 juin 2000, le président américain Bill Clinton annonçait que la carte complète du génome humain avait été séquencée. Dix ans plus tard, des sociétés de génétique proposent d'analyser votre ADN pour retracer les déplacements de vos ancêtres, depuis la sortie d'Afrique par Homo sapiens, il y a 60 000 ans jusqu'à aujourd'hui. J'ai tenté l'expérience. Grosses surprises.
Extrait 2
Un mois après avoir expédié les échantillons, j'ai reçu une abondante documentation sur l'état actuel des recherches en génétique des populations, dix pages imprimées et deux cartes m'expliquant les mouvements probables de mes ancêtres depuis 60 000 ans. Mon ADN dit mitochondrial (transmis par ma mère) et mon chromosome Y (transmis par mon père), les éléments les moins variables de mon génome au fil des générations, ont parlé.
J'avoue que j'ai été surpris, et laissé rêveur, d'appartenir à une lignée paternelle me reliant à un groupe d'hommes extrêmement rare en Europe, l'"haplogroupe G", identifié par la "mutation 201" : 1 à 3 % d'habitants en sont. Moi qui croyais être simplement auvergnat par mon père et, comme tel, plutôt descendre des peuples qui dressaient des menhirs de granit au néolithique, après l'arrivée de l'homme de Cro-Magnon ; ou plus récemment des fiers Arvernes, dont Vercingétorix fut le chef. Eh bien, c'est plus compliqué !
D'après la génétique des populations, les "M201" apparaissent il y a 30 000 ans dans le Caucase. Ces lointains et surprenants ancêtres ont laissé très peu de descendants. Ils se sont déplacés durant les millénaires qui ont suivi, emportant avec eux leurs chèvres et leurs moutons, s'installant sur les contreforts des montagnes des actuels Iran, Afghanistan, Pakistan et Cachemire. Par la suite, vers ?10 000, quelques-uns de ces "M201" ont gagné le Croissant fertile, la grande région comprise entre la Méditerranée et le golfe Persique, autour du Tigre et l'Euphrate, où ils se sont sédentarisés....
Extrait 3 :
Ce décryptage a le mérite de donner au profane les grandes lignes de l'extraordinaire voyage qu'une partie de ses ancêtres a effectué, millénaire après millénaire, pour arriver jusqu'à vous, que vous viviez dans l'île Inaccessible ou à Bécon-les-Bruyères. Elles lui fournissent un aperçu de la continuité humaine, et lui apprennent que nous constituons une seule et même espèce aux variations génétiques infimes.
Comme le rappelle le Dr Spencer Wells, de Genographic : "Nous sommes tous cousins. Deux mille générations seulement nous séparent des hommes sortis d'Afrique." Voilà pourquoi, si un Auvergnat a besoin d'un don d'organe, il trouvera aussi bien un donneur compatible en bas de chez lui qu'en Arabie.
Il n'empêche. Il arrive que les interprétations des migrations de ses lointains parents mènent à de véritables traumas identitaires chez certaines personnes racistes. Je l'ai vérifié plusieurs fois, autour de moi, dès que j'ai parlé de cette enquête et présenté les résultats. Toute allusion à des différences génétiques, si minimes soient-elles, ou à des origines géographiques lointaines et millénaires, suscite bien souvent un malaise....