Tristana;2298386 a dit :
Justement à mes yeux, c'est cela qui faut éviter à tout prix!
Je ne connaissais pas ce texte, il est marquant. Il met le doigt sur quelque chose qui est très important: On peut "aimer" quelqu'un dont les idéologies paraissent complètement intolérables à nos propres yeux. On peut l'accepter en tant que personne, parce qu'on l'aime pour ce qu'elle est, en essayant de mettre de côté les caractéristiques qui nous paraissent infectes. Pour ma part, cela me fait penser à pouvoir estimer par exemple une personne qui chasse. Chose intolérable dans mon schéma de valeurs. Ca demande vraiment beaucoup de travail sur soi et sur l'acceptation de l'autre. C'est un véritable sacrifice à faire. Très très difficile de pouvoir détacher un fait détestable d'une personne que l'on aime ou voudrait aimer.
Je me sens proche de ton opinion et de celle de Golden brown. Je ne parle pas d'aimer (je n'en suis pas encore là dans mon cheminement), mais juste d'accepter les différences d'opinions, de systèmes de valeurs qui peuvent nous opposer à d'autres personnes, en ayant l'humilité de penser que dans l'absolu, ces derniers ne sont pas inférieurs aux notres.
Parce que c'est tellement facile de s'auto-proclamer "tolérant" en se disant anti-raciste et en méprisant ceux qui le sont. La vraie tolérance, de mon point de vue, c'est admettre qu'en faisant tous partie de la même humanité, on construit tous nos opinions de la même façon, à travers notre vécu, nos préjugés (dont nous sommes tous dotés), notre éducation, nos modèles, nos origines sociales, la culture de notre pays, etc. Personnellement, je n'ai pas la prétention d'affirmer que j'arrive à admettre l'existence de toutes les opinions quelles qu'elles soient, mais en tout cas j'essaye de travailler sur mon ouverture d'esprit sur pas mal de choses.
En celà, les voyages à l'étranger sont extrêmement formateurs.
Ils révèlent par exemple la difficulté d'être anti-raciste, et... ne pas devenir raciste soi-même. J'ai passé pas mal de temps à l'étranger, et dans certaines situations, je me suis retrouvée à penser des trucs qui m'ont fait peur à moi-même. Se rendre compte qu'on peut soi-même verser dans ce qui nous semble être la chose la plus nauséabonde au monde, je peux vous dire que c'est une belle leçon d'humilité! Enfin, je vous rassure, avec l'expérience, j'ai appris à largement relativiser l'exaspération que peuvent générer certaines situations dans des pays culturellement et géographiquement éloignés de la France.
Les voyages à l'étranger ça m'a aussi permis de mesurer à quel point j'étais pétrie de préjugés (au sens très large du terme). Je ne cherche pas forcèment à tous les combattre (certains peuvent être salvateurs!) Simplement, admettre cet état de fait me permet de relativiser ces préjugés. On en a tous, donc il vaut mieux en avoir conscience pour combattre ceux qui nous empêchent d'avancer, plutôt que de clamer "non, moi j'ai aucun préjugé sur personne, j'aime tout le monde, et les racistes ils sont tous cons et méchants!"
Quand je suis moi-même victime de racisme ordinaire à l'étranger, je me dit juste "Cette personne se comporte comme ça non pas parce qu'elle est de telle nationalité, et parce que moi je suis blanche, mais parce que c'est un être humain. Comme...moi."