@junebouvier: je trouve surtout ça super représentatif de la domination des Etats-Unis sur le monde perso... Pourquoi une épreuve d'anglais précisément, et pas une épreuve d'espagnol, de chinois ou de russe? En fait on part du principe que tout le monde parle anglais dans le monde
entier. Si tu voyages dans un pays dont tu ne parles pas la langue, tu passes par l'anglais. Si, dans un lieu très touristique, personne ne parle anglais, tu vas râler; mais tu ne remarqueras même pas qu'ils ne parlent pas ta langue maternelle.
Et là où on retombe sur le classisme, c'est que du coup, il semble évident pour tout le monde qu'être bilingue en anglais parce que l'un de tes parents est anglophone est une chance immense dans la vie (et oh, tiens, les seuls anglophones qui immigrent en France appartiennent en général aux classes privilégiées); par contre être bilingue en arabe, oh ma pauvre, tu pars avec de mauvaises chances dans la vie...
(un jour j'apprendrai l'arabe et le romani, je le jure)
Sinon, je voulais partager ce
superbe article tout à fait d'actualité en ces temps où le chômage, c'est la faute des chômeurs, eux qui sont même pas foutus de trouver un travail qui n'existe pas. C'est même dit texto: "nous disons aux chômeurs que ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de travail qu'il ne faut pas chercher".
Donc, non seulement on les force à chercher un truc qui n'existe pas, mais en plus même s'ils sont trop vieux pour retravailler ils doivent quand même s'épuise à chercher un travail qu'ils savent qu'ils n'auront pas parce que personne n'embauche quelqu'un qui part à la retraite dans deux ans, c'est ridicule et inutile. Et pourtant: "Ce matin, j'ai radié une personne qui était à deux ans de la retraite." Et tu t'en vantes??
Et quand je dis qu'ils "s'épuisent" à chercher un travail qu'ils ne trouveront pas, ce n'est pas exagéré et cette charmante conseillère s'en rend compte elle-même: "Il y a aussi ceux qui nous disent qu'ils ne cherchent plus parce qu'ils sont au fond du trou, à bout, vidés après deux ou trois ans au chômage. On ne les sanctionne pas." Trop aimable! On se contente de les forcer à recommencer ce qui les a déjà détruits: envoyer des candidatures à la pelle qui ne seront jamais retenues, participer à des formations qu'ils ont déjà faites et qui ne servent à rien, rencontrer des conseillers qui n'ont aucun autre but que les fliquer, tout ça en se tapant des déplacements souvent importants (et coûteux), les humilier et les faire culpabiliser. Mais on les sanctionne pas, alors tout va bien.
EDIT: j'avais pas vu le message de @
AngelTen Richard II et en tant qu'animatrice habituée à voir défiler des enfants venant de familles d'accueil, je peux apporter mon témoignage: il y a absolument tous les cas de figure possibles et imaginables, et pas deux qui se ressemblent. Au mois d'août, presque tous les enfants que j'ai eus venaient de famille d'accueil ou de foyers, mais la majorité étaient dans la même famille d'accueil depuis qu'ils étaient très jeunes, et c'était vraiment comme s'ils avaient été chez leurs parents, c'étaient pas le moins du monde des enfants à problèmes et ils sautaient autant (voire plus) au cou de leurs parents d'accueil en les revoyant que les autres enfants avec leurs parents. Et en plus les femmes étaient adorables et ont pris le temps de discuter longuement avec moi de comment s'était passé le séjour, chose que font très rarement les parents (à mon grand désespoir).
Ca, c'est pour ceux qui ont été pris en charge correctement. Après, il y a ceux qui ont été maltraités pendant des années avant de se retrouver balancés dans un foyer où ils ne connaissent personne, puis dans une famille d'accueil, puis dans une autre, puis dans une colo, puis au retour de la colo c'est encore un autre adulte qu'ils connaissaient pas qui les a récupérés, puis retour dans un foyer, alors quand ils partent en vacances en sachant pas où ils "rentreront" après la colo, pendant qu'ils entendent les autres enfants raconter qu'ils vont bientôt retrouver leur maman ou leur papa; dans ces circonstances il y en a beaucoup qui passent les deux-trois derniers jours de la colo à péter des câbles, et ça peut se traduire par des épisodes de violence envers les autres enfants, ou les adultes, ou eux-mêmes, ou juste des crises de larmes sans raison.
Ou bien il y en a qui ont été récupérés par les services sociaux quand on a réalisé qu'à l'âge de 8 ans, leurs parents leur ont toujours pas appris à se doucher ou s'essuyer aux toilettes, mais qui ont pas de problèmes d'agressivité, juste aucune autonomie et besoin de beaucoup d'attention.
Ou encore il y en a qui arrivent en s'étant forgé une carapace de 50cm d'épaisseur et en s'étant juré que jamais, jamais ils ne feront confiance à un adulte parce que leur mère s'est jamais occupée d'eux, leur père n'existe pas et ce connard de juge les a séparés de leur petit frère alors qu'il le connait même pas; le premier jour ils sont sur la défensive avec tout le monde et agressent quiconque s'approche un peu trop, le troisième jour ils daignent adresser la parole aux anims , le cinquième ils tentent à tout hasard de participer à une activité, et puis le dernier ils prennent les adresses de tous leurs copains pour leur écrire des cartes postales et font des câlins aux adultes en disant merci à tout le monde (aussi appelé "moment où je me souviens pourquoi j'accepte d'être payée 4h de travail par jour pour en faire à peu près 24")
Ah, et sinon mon ex avait passé une partie de son adolescence en foyer où il passait son temps à se battre avec tout le monde, et quand je l'ai connu c'était un mec sérieux, réfléchi et tranquille avec des amis et un job stable. Mon ancienne collègue également avait été en foyer, où elle était la bête noire de ses éducs, et maintenant c'est une des personnes les plus douces et patientes que je connaisse et elle a deux enfants dont elle s'occupe très bien.
J'ai connu beaucoup de directeurs de colo qui refusaient de dire aux anims quels étaient les enfants qui étaient envoyés par les services sociaux pour éviter qu'ils soient stigmatisés "ah, lui il est du secours populaire, faudra le surveiller". Ca part d'une bonne intention, mais je pense que c'est pas toujours adapté, parce que les anims sont généralement beaucoup plus patients avec les enfants difficiles quand ils ont conscience du background familial qui les a amenés à avoir ce comportement. (ce qui ne veut en aucun cas dire "tout leur passer parce que c'est pas leur faute les pauvres" comme certains l'imaginent parfois dès qu'on parle d'être compréhensif; juste savoir mettre les limites avec calme et bienveillance au lieu de le faire en criant...)