Bonjour,
C'est la première fois que je poste sur le forum (coucou !), mais j'avais terriblement envie de témoigner sur ce sujet, parce que véritablement, tout ça me prend aux tripes.
J'ai énormément souffert de grossophobie étant enfant. Et en fait, pendant très longtemps, j'ai cru que c'était normal. Cela ne fait que depuis quelques temps que je me rends compte à quel point c'était violent. Dès ma naissance, j'étais plus grosse que tous les autres. Et ça a été de manière exponentielle. En fait, je mangeais de manière démesurée à cause de problèmes familiaux, et en plus, mes proches étaient dans une optique de "ça fait plaisir de la voir manger, mange ma chérie !" ...
Je me souviens des adultes qui me comparaient à ma cousine ou à mon frère "Oh ils ont le même âge ! mais on dirait des crevettes à coté de celle ci !", "oh la mignonne petite fille !" (pour ma cousine) "oh, ben celle-ci elle fait pas pitié hein !" (pour moi). je me souviens de la prof de danse qui peste parce qu'elle doit me trouver un costume en 14 ans alors que j'en ai 8. Je me souviens de ma grand mère qui me dit "regarde ton frère comme il est svelte, comme il est agile !". Je me souviens de ce marchand de bonbons, qui a regardé ma mère comme une mauvaise mère et lui a fait une remarque déplacée, l'obligeant à se justifier de m'acheter quelques dragibus. Je me souviens de ces jeux en primaire, où mes copines faisaient les mannequins qui défilent, et moi la mannequin refusée parce que trop grosse. Je me souviens de ces cours de sport où j'étais la dernière à être choisie (par défaut bien sûr) dans les équipes de sport co. Je me souviens de mon premier bisou avec un garçon au collège, quand j'ai appris après que c'était parce qu'il avait perdu un pari. Je me souviens de cette adulte qui m'a dit à 11 ans que c'était ma faute, que j'avais qu'à faire du sport.
Aujourd'hui, je fais un poids considéré comme "normal" (70 kg pour 1m74) mais je continue à marcher la tête basse, à prendre des vêtements trois tailles plus grandes dans les magasins, à ne pas pouvoir soutenir le regard des personnes plus minces que moi. Mon rapport à mon corps, à mon image, à la nourriture est tout déglingué.
Et ce sont les mêmes personnes qui me faisaient ces remarques quand j'étais petite, qui ne comprennent pas qu'aujourd'hui j'ai besoin d'un suivi psy et me disent "ben t'en fais pas un peu des trop avec ta dépression ! franchement t'as la chance de pas être grosse arrête de faire des manières comme ça"...
En tant qu'enseignante, j'essaye de prévenir au maximum la grossophobie auprès des jeunes, notamment en leur racontant ce que j'ai subis, mais quand je vois à quel point certain(e)s ados sont déjà tout bousillé(e)s par ça, ça me fait mal.
Sur ce, des bisous.