j'arrive un peu après la bataille, mais je voulais revenir sur la critique de Divines relayée par @Ana-Esperanza, et sur l'article d'Amandine Gay posté en miroir par @adita sur les conditions de production.
(je cite car les posts remontent à quelques pages mais je peux aussi virer les citations)
Par rapport à Divines : j'ai l'impression d'avoir le même point de départ que l'auteure, mais d'avoir lu le film complètement différemment.
Je suis d'accord que les personnages d'hommes arabes sont tous des personnages négatifs.
Par contre, pour moi le film ne présente pas du tout ces personnages comme négatifs en eux-mêmes, mais comme rendus négatifs par un système - le racisme et le classisme - qui ne leur donne que ces possibilités, et le film dénonce donc ce sytème à travers leurs histoires.
Par exemple
A mes yeux le film ne présentent aucun personnage comme mauvais intrinsèquement, mais des personnages tronqués par une société qui ne leur donne pas la place qu'ils méritent.
Ceci dit, je suis rompue aux théories marxistes et bourdieusiennes de l'analyse de la société, donc peut-être que c'est pour ça que j'ai clairement lu le film ainsi, peut-être que cette lecture ne coule pas du tout de source.
Mais pour finir je voudrais appuyer totalement l'article d'Amandine Gay. Pour être moi-même de ce côté là de la barrière, elle a totalement raison de dire que tant qu'on (on = toute personne voulant produire du cinéma (ou autre média) et n'étant pas un mec blanc) n'aura pas fait largement bougé les institutions qui distribuent l'argent pour qu'elles cessent de jouer en notre défaveur, il faut absolument rester uni.e.s et chercher la confrontation et le débat avec ces institutions, plutôt qu'avec les réalisateur.ices qui sont dans notre camp.
Être à la fois militant.e et vouloir vivre de ses productions (films, ou théâtre par ex), ça implique effectivement presque toujours de devoir faire des compromis. Par exemple :
- tronquer un peu le discoursradical militant de son film, et obtenir des subventions, donc disposer du pouvoir de donner du travail payé correctement à des genTes : et du coup choisir d'embaucher des personnes pas forcément très représentées dans ce milieu pro?
- ou bien garder intact le discours militant du film, mais ne pas avoir de subventions, et devoir faire travailler des gens gratuitement?
le choix n'est pas toujours facile à faire, et surtout le choix n'est pas tout noir ou tout blanc : pouvoir rémunérer correctement des gens pour leur travail, et utiliser la possibilité de se choisir une équipe qui correspond à notre militantisme, c'est aussi un vrai acte militant fort.
(je cite car les posts remontent à quelques pages mais je peux aussi virer les citations)
Par rapport aux réalisatrices maghrébines je viens de lire ça (sur un film que j'ai pas vu) :
Édit : attention c'est 100% spoiler de divines (mais si vous le lisez vous n'aurez peut-être plus envie de le voir)
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Sur les Césars et par rapport aux réalisatrices et réalisateurs racisé.e.s, un article de Amandine Gay (réalisatrice de Ouvrir la voix) sur l'indépendance des réalisatrices, les financements, etc.
Par rapport à Divines : j'ai l'impression d'avoir le même point de départ que l'auteure, mais d'avoir lu le film complètement différemment.
Je suis d'accord que les personnages d'hommes arabes sont tous des personnages négatifs.
Par contre, pour moi le film ne présente pas du tout ces personnages comme négatifs en eux-mêmes, mais comme rendus négatifs par un système - le racisme et le classisme - qui ne leur donne que ces possibilités, et le film dénonce donc ce sytème à travers leurs histoires.
Par exemple
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Ceci dit, je suis rompue aux théories marxistes et bourdieusiennes de l'analyse de la société, donc peut-être que c'est pour ça que j'ai clairement lu le film ainsi, peut-être que cette lecture ne coule pas du tout de source.
Mais pour finir je voudrais appuyer totalement l'article d'Amandine Gay. Pour être moi-même de ce côté là de la barrière, elle a totalement raison de dire que tant qu'on (on = toute personne voulant produire du cinéma (ou autre média) et n'étant pas un mec blanc) n'aura pas fait largement bougé les institutions qui distribuent l'argent pour qu'elles cessent de jouer en notre défaveur, il faut absolument rester uni.e.s et chercher la confrontation et le débat avec ces institutions, plutôt qu'avec les réalisateur.ices qui sont dans notre camp.
Être à la fois militant.e et vouloir vivre de ses productions (films, ou théâtre par ex), ça implique effectivement presque toujours de devoir faire des compromis. Par exemple :
- tronquer un peu le discours
- ou bien garder intact le discours militant du film, mais ne pas avoir de subventions, et devoir faire travailler des gens gratuitement?
le choix n'est pas toujours facile à faire, et surtout le choix n'est pas tout noir ou tout blanc : pouvoir rémunérer correctement des gens pour leur travail, et utiliser la possibilité de se choisir une équipe qui correspond à notre militantisme, c'est aussi un vrai acte militant fort.