Je pense pas qu'un terme géographique qui réunit tout ce dont on parle existe.
Pour désigner les DOM-TOM concernées par l'histoire de l'esclavage et les anciennes colonies françaises dans la même situation, les chercheurs utilisent souvent le terme de "mondes créoles", "territoires créoles" voire "îles créoles" quand la Guyane n'est pas comprise. Ces expressions peuvent inclure La Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, Haïti, l'Ile Maurice et la Guyane qui sont toutes concernées par l'esclavage et parlent toutes un créole spécifique.
La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française ne sont pas de cultures créoles, ne parlent pas le créole et n'ont pas vécu l'esclavage sous cette forme. Quant à Mayotte qui n'est pas non plus créole, c'est assez particulier puisque l'île a été colonisée par la France tardivement, quasiment à l'abolition de l'esclavage, donc on comprend bien de quoi on parle quand on dit "mondes créoles"
Concernant le ton parfois adopté pendant la commémoration de l'esclavage, le problème c'est que le peu qui est raconté sur l'esclavage dans les programmes et par les institutions se centre sur le point de vue des blancs - et ce que les blancs voyaient c'était la traite, la manière dont les maitres se comportaient et l'abolition. Les discours blancs visaient à victimiser (si abolionniste) ou caricaturer (si esclavagiste) les esclaves et à se concentrer sur les "bénéfices" de l'esclavage ou le traitement des maitres. Du coup, ça créé une certaine distance avec les esclaves. Puisqu'on s'appuie sur le discours blanc déshumanisant et contemporain de l'esclavage, on véhicule une vision assez déshumanisée des esclaves.
Mais les universités d'outre-mer (principalement en Martinique, Guadeloupe et Réunion) mènent et on déjà publié de nombreuses études très différentes qui ne sont pas forcément centrées sur la traite et l'organisation du travail mais sur des choses qui n'intéressaient pas trop les blancs ou les effrayaient comme le mode de vie des esclaves, leurs cultures, leurs pratiques, leurs paroles, leurs révoltes, leurs résistances ordinaires etc. Elles donnent une vision très différente des esclaves, avec une vie de famille, une organisation communautaire indépendante des maitres, des stratégies pour préserver le souvenir de leurs ancêtres et leurs rites etc.
Les journées commémoratives peuvent servir à visibiliser le point de vue de ces esclaves plutôt que celui des maitres et des abolitionnistes blancs, ça permet de montrer que même si les esclaves étaient victimes d'un système inhumain et que l'administration les définissaient comme ça, ils étaient loin de se résumer à ça.
Je pensais d'ailleurs que le discours sur l'esclavage était beaucoup moins stéréotypé dans les DOM-TOM?