J'ai appris à lire un peu avant le CP, mais je ne lisais pas, ça ne m'intéressait pas. Ma mère essayait de me convaincre, il y avait beaucoup de livres de la Bibliothèque Rose à la maison, mais ils ne me plaisaient pas. Un jour, je m'ennuyais chez mon grand-père pendant que la famille prenait le café, et j'ai pris un exemplaire des Malheurs de Sophie qui trainait là et je l'ai lu d'une traite. Rentrée à la maison, j'ai commencé à lire les Comtesse de Ségur et je les ai tous lus, plusieurs fois. Les Malheurs de Sophie a toujours été mon préféré. Ensuite, j'ai attaqué les Fantômette, les Club des Cinq, Clan des Sept, etc. Je trichais pour lire tard le soir - je devais me coucher à 9h, mes parents pouvaient voir, de leur chambre, avant d'aller se coucher, s'il y avait de la lumière sous ma porte. Du coup je déposais des peluches devant celle-ci, pour cacher la lumière et lire plus tard. Je lisais en gros un livre par jour (je n'avais pas la télévision); puis je suis passée assez rapidement, en primaire, aux livres de la Bibliothèque Verte. J'aimais beaucoup les histoires d'Alice, la détective; et aussi les Chairs de Poule de R.L. Stine, que j'ai lu plusieurs fois avec passion.
Je suis passée rapidement aux livres d'adultes de mes parents, surtout des biographies historiques que ma mère avait, et les Henri Troyat, ça devait être début sixième. Je lui demandais souvent quoi lire, parce que les livres étaient si nombreux que je ne savais pas quoi choisir, et j'ai lu à peu près tout ce qui me tombait sous la main. J'ai lu les classiques qu'il y avait à la maison - des classiques français -, les Maupassant, les Zola, les Pierre Loti, j'en ai lu beaucoup, sans doute tous les Zola. Fin collège, je me suis mise aussi aux romans anglais - que je lisais encore en français - grâce à Daphné du Maurier. Bien sûr il y avait aussi Harry Potter, je ne renie pas cette lecture parce que c'est une excellente série de romans; et j'ai aussi aimé, brièvement, lire les Artemis Fowl, et d'autres séries de romans fantasy, mais ça m'a rapidement lassé.
En étudiant l'anglais au lycée, j'ai commencé - toujours en français cependant - à lire les romans de Jane Austen, des soeurs Brontë, et des romans britanniques, un peu n'importe lesquels. Je lisais aussi pas mal de Stephen King, un peu en secret, un peu honteuse. J'ai aussi lu énormément de romans classiques comme la Princesse de Clèves, les Liaisons dangereuses, Sade.
Fin lycée, prépa, je me suis mise aux auteurs américains, surtout Jack Kerouac dont je suis tombée amoureuse, j'ai lu tout ce qui avait été publié de lui en français en un été, entre l'hypokhâgne et la khâgne. J'ai aussi lu énormément de Philip Roth à ce moment-là, j'adorais son univers, et puis Paul Auster. Ça a duré un moment, en L3 je lisais beaucoup de romans américains contre-culture, quelques romans anglais, j'ai toujours lu surtout des classiques. J'ai aussi lu beaucoup de philo à ce moment-là, surtout Schopenhauer, Descartes (au début pour les cours, après pour moi, et j'aime toujours le relire parfois, il m'apaise), Sartre, Beauvoir, sans toujours savoir vraiment ce que je lisais. Je lisais aussi beaucoup d'essais littéraires, Barthes surtout, et toujours quelques classiques français, Marguerite Duras surtout.
Après je suis partie au Royaume-Uni, j'ai lu encore plus de classiques britanniques, voire américains. Je cherchais quoi étudier plus tard, je me suis mise à la poésie, surtout la poésie contemporaine irlandaise puisque c'est ce que j'étudie et ce qui m'intéresse. J'avais toujours trouvé la poésie ennuyeuse, et je la trouvais à présent vraiment drôle, ancrée dans son époque, valable, vraie. J'en lis toujours énormément, j'essaie de varier cependant, cette année j'ai essayé de lire davantage d'anglais, d'américains, quelques français. Du coup en ce moment, mes lectures sont essentiellement des poèmes, mais quand je rentre en France, jamais longtemps, deux semaines en général, je m'efforce de relire en français parce que ça me manque. Je lis peu de romans contemporains français; j'en lis davantage en anglais, ceux que je trouve à la bibliothèque, parce que je les trouve tellement réels, tellement intéressants et que je m'y retrouve souvent; les romans contemporains français, je ne sais jamais par quoi commencer, puis au Royaume-Uni je n'en trouve pas beaucoup - alors je n'en lis pas. Je lis les classiques que j'ai à la maison quand je rentre. J'ai beaucoup d'affection aussi pour (en vrac) les journaux intimes (Kafka, Sylvia Plath), les recueils de lettres (celles de Beauvoir, ou celles de Mozart, lues l'été il y a deux ans, magnifiques), les textes autobiographiques (Barthes sur sa mère), les gros classiques - les romans russes, américains, et les romans gothiques. Je lis peu de livres historiques ou de biographies, sauf exception ou obligation, ou sauf si le sujet me passionne particulièrement. Au final j'ai l'impression d'avoir une éducation très classique mais de ne rien connaître du roman contemporain, en particulier le roman français, mais pour le moment cette lacune n'est pas celle que je cherche à combler.