Tant qu'on le laisse parler, a fortiori via toutes ses tribunes, on le laisse blesser.
En fait, je ne comprends pas trop pourquoi Zemmour précisément, quand ce dernier n'est finalement qu'une sorte d'idiot utile. Il ne fait que participer, entretenir la pensée réactionnaire mais il n'en est pas l'instigateur. Il est là où il est justement parce que les thématiques qu'il aborde, sont celles qui sont le plus mises en avant médiatiquement.
Ce n'est pas Zemmour qui a choisi que l'augmentation des faits divers de 80% dans les journaux en 10 ans. Les médias n'ont pas eu besoin de Zemmour en 2002 pour mener une campagne sur l'insécurité, ils n'ont pas eu besoin de lui non plus quand ils ont commencé à ethniciser le débat politique etc. Lui, c'est une goutte d'eau dans l'océan alors qu'il parte ou qu'il reste, je ne vois pas ce que ça changera. Les médias font bien plus de mal que Zemmour en tant que tel. Nos politiciens aussi, ce sont aussi les premiers à faire la distinction entre les citoyens français en fonction de leur origine ethnique, de leur religion, orientation sexuelle etc.
Et c'est en partie pour cette raison que j'ai votée non.
Si F. Taddei pouvait l'inviter lui et Jean-Claude Michéa à débattre dans CSOJ, ça serait déjà pas mal puisque Zemmour s'"inspire" de lui dans sa critique du libéralisme culturel et social. Seulement, il tombe dans le travers que Michéa dénonce et qui est celui de focaliser sur les questions d'ordre sociétal justement. Ce qu'il dit, c'est parce que la Gauche a abandonné la critique sociale, le principe de lutte des classes en lui préférant ce que les sociologues appelaient les nouveaux groupes sociaux, que les classes populaires ont déserté le champ politique. Et ça me paraît bien plus intéressant que la vision qu'a Zemmour de la pensée de Michéa.
Et d'ailleurs Zemmour, c'est aussi parce qu'il appartient aux "élites" qu'il se sent davantage concerné par la "féminisation" de la société, l'invasion par des hordes barbares... que par la misère sociale qui ne cesse de progresser chez les classes populaires, intermédiaires. Il garde de mai 68 les Cohn Bendit, les BHL et compagnie, tout en mettant de côté les millions d'ouvriers qui y ont participé et les revendications populaires.