Je suis juste abattue, choquée, dégoûtée, et apeurée. Ici aussi à Nancy c'est le calme plat, pas un bruit dans les rues alors que d'habitude ça grouille de monde.
J'ai beau réfléchir, je ne comprends pas comment on peut tomber dans un tel extrémisme. Et parce qu'un groupe d'abrutis fait n'importe quoi, toute une communauté va encore se faire lyncher. Partout je vois des ami(e)s, des connaissances, et même des inconnu(e)s me préciser que s'ils sont musulmans ils ne cautionnent pas. Ils ne devraient pas avoir à le faire, surtout dans un pays comme la France...
Aujourd'hui j'ai mal. Mal à mon pays, mal à ma culture, mal à mon patrimoine, et surtout mal au coeur. Les images d'horreur défilent sur FB, Twitter, les sites journalistiques, partout. Et on doit rester là à ne rien faire, si ce n'est mettre un mot ou deux d'encouragement. Hier j'ai fondu encore plus en larmes quand une fille d'à peu près mon âge a annoncé sur Twitter qu'elle avait retrouvé son père vivant. Parce que c'est la seule bonne nouvelle que j'ai entendu durant la nuit. Sur les milliers de messages postés, c'est le seul qui n'annonçait pas une victime supplémentaire. Et j'étais sincèrement heureuse pour qu'elle qu'ait retrouvé son petit papa.
On peut passer d'un éclat de rire en voyant une connerie sur FB aux larmes en voyant tout de suite après une vidéo atroce. J'ai passé la soirée à prier pour que ça soit vite réglé, que le nombre de victimes reste minime, qu'on n'ait pas encore à devoir vivre dans la peur dès qu'on s'approche d'un lieu potentiellement visé. J'habite précisément à l'endroit qui combine tout : une Fac juste en face, lieu de savoir, de culture, de mélange, de tolérance ; une banque à côté, lieu de puissance économique ; la gare à 1 minute, lieu de brassage et d'affluence puisqu'en ligne directe avec Paris-Est ; les commerces ; les bars ; la plan Stanislas, symbole de la ville de Nancy. Alors bon, je sais bien qu'il y a peu de chances que ces détraqués viennent par là. Mais quand même. On a toujours une petite voix dans notre tête qui murmure inlassablement "Et si?"
Aujourd'hui comme hier soir et cette nuit, je suis choquée. J'ai presque envie de vomir. Et ça me tue de ne rien pouvoir faire si ce n'est attendre le 18 pour aller donner mon sang.
À toutes les Mad'z qui ont vécu de près ou de loin ce drame ; à toutes celles qui ont perdu un proche, un ami, un collègue ; et à toutes les autres aussi, sachez que je vous aime, et que je vous souhaite beaucoup de courage. Ma messagerie vous est évidemment grande ouverte