Attentats à Paris - plus de 120 morts et 180 blessés

[Mamy Chouette]

@Manhole : (si tu veux bien)

Vraiment vraiment vraiment, j'en veux pas à mes profs hein, je vous l'assure ! Je comprends toutes les raisons pour lesquelles ils choisissent de ne pas en parler. Mais égoïstement, j'ai besoin qu'ils nous en parlent. Mais s'ils ne le font pas j'irai pas hurler au prof indigne; je serai même pas déçue.

@Hyaline : pour toi aussi (là encore, si tu veux)

 

[Dragonya]

@If-Only Ils en parleront peut-être plus tard avec le recul. Mais heureusement que j'ai eu mes 6e quand même, malgré ce petit bout qui m'a fait peur à retardement, parce que les 4e là merci mais non merci. C'est les miens, que je suis PP et je les adore (pour pas dire que les aime car c'est quand même pas les miens pour de vrai). Mais là, juste non.

 

[Zizanie]

Depuis vendredi, ils s'en sont passés des choses dans ma tête.
Tellement que j'ai besoin de les faire sortir.
Je ne savais pas où, je me dis qu'ici ce n'est pas une mauvaise idée.

Vendredi soir, j'étais chez moi.
Je regardais ma série, et j'étais même prête à aller me coucher sans avoir eu vent des événements.
Mais une amie m'en a parlé, et là impossible d'aller dormir.
Chaîne d'info en continue, actualisation du fil de Facebook, envoie de messages à mes proches.

Je suis née à Paris, j'ai grandi à Paris, et je vis toujours à Paris.
J'ai donc plein d'amis qui étaient dans la quartier de République ce soir là. Tout le monde était sain et sauf heureusement.
En ayant vu des gens en sang, et en ayant passé la soirée enfermée dans un bar, mais en vie.
Mais j'ai des amis d'amis qui n'ont pas eu cette chance.
D'autres ont survécus, mais sont psychologiquement au plus bas après avoir vu de telles atrocités.

Après une mauvaise nuit, je passe mon samedi à voir défiler les photos des personnes encore recherchées, à lire des témoignages tous plus affreux les uns que les autres.
Je vois de la colère, je vois de la solidarité, je vois de l'amour, beaucoup d'amour.
Ça me rassure un peu.
Alors aujourd'hui, je vais tenir bon.
J'ai promis de maintenir la soirée que j'avais prévu d'organiser à un ami qui a perdu un proche, et qui a besoin de se changer les idées.
Alors le soir venu, on discute, on boit, on rit même. De tout et de rien.
On parle brièvement des événements, mais on passe rapidement à autre chose, parce qu'on ne veut pas être tristes.

Dimanche arrive, et là je m'effondre.
Des témoignages, encore et encore.
Chacun rend hommage à ceux qu'il a perdu. On met des noms et des vies sur le nombre de morts, et ça fait encore plus mal.
Ça fait mal parce que ce sont des gens qui n'ont rien demandé, qui semblaient tous être des sains, et qu'ils sont proches de nous.
Plus je me sens proche d'une victime, et plus j'ai mal.
Je n'arrive plus à arrêter mes larmes.
Et en même temps, je m'en veux.
Je m'en veux qu'il faille que je me sente proche des victimes pour être plus attristée.
Je m'en veux qu'il faille des événements aussi tragiques en France, pour me faire réaliser que ces barbares perpétuent leur atrocités dans le monde entier alors que d'autres subissent leurs attaques quotidiennement.
Je m'en veux que le nombre de kilomètres qui nous séparent d'un drame atténue la douleur.

Mais il faut continuer à vivre, il faut continuer à faire la fête. Ils ne gagneront pas.
C'est ce que tout le monde dit, et je sais qu'ils n'ont pas totalement tort.

Mais dans ma tête, impossible de me calmer.
Continuer à vivre, continuer à ignorer ce qu'il se passe ailleurs ?
Est-ce qu'il faut pleurer tous les jours, parce que ces salauds ne nous laissent pas un jour de répit ?
Ça ne me semble pas une bonne idée non plus.

Mais je ne vois pas comment faire.
Je me sens impuissante.
Je ne sais pas ce que je peux faire pour les arrêter.
Mais je ne veux pas être anesthésiée à la douleur et aux horreurs.

Depuis, j'ai arrêté de pleurer, mais je n'ai pas réussi à calmer ce sentiment étrange.
J'essaie de comprendre ce qui motive ces barbares, mais je n'y arrive pas.
Je ne comprends pas comment on peut en arriver là.
Le monde dans lequel on vit me désespère, et je me sens impuissante pour le rendre meilleur.
Alors je n'arrive toujours pas à savoir si je dois rire ou pleurer.

PS: Désolée pour ce long message.
J'ai besoin de sortir tout ça de ma tête, même si je n'arrive pas à mettre les mots dessus.

 

[coccithilde]

@Hyaline J'ai pas pu m'empêcher de lire ton post jusqu'au bout car dès les premières phrases j'ai cru que c'était moi qui écrivait. Je suis comme toi, je n'ai perdu personne dans cette tragédie (et bien heureusement d'ailleurs!) et pourtant je passe mes journée depuis vendredi à pleurer, à avoir la boule au ventre et à être terrifiée. Hier, je suis allée travailler, aujourd'hui j'ai pris les transports en commun. Dès le réveil, impossible d'avaler quoi que ce soit, bon, il était tôt, j'ai mis ca sur le dos de l'horaire. Une fois dans le métro, j'ai pas pu m'empêcher d'observer les gens, de me dire "peut être que lui il a perdu quelqu'un", "est ce que elle elle le vis aussi mal que moi?". Et j'ai commencé à me sentir très mal ... a avoir des bouffée de chaleur, des envies de vomir, des tremblements, et d'un coup je me suis mise à pleurer a torrent, c'était l'horreur et je ne comprenais pas ce qu'il se passait. On m'a fait sortir du métro et j'ai appelé ma mère (qui ne vit pas en région parisienne et de qui je suis très proche). Elle m'a conseillé d'appeler ma chef pour lui expliquer et d'aller voir quelqu'un dans une des cellules psychologiques qu'ils ont ouvert par rapport aux évènements. Ce que j'ai fais. Je suis éducatrice, je travaille donc avec des psychologues, ma chef m'a conseillé, si je n'étais pas loin et si j'en avais envie, de venir directement voir la psychologue du service, j'y suis allée dans la foulée, les larmes aux yeux et toujours cette énorme boule au ventre.
C'est la première fois que je vais "consulter" une psy, et je peux te dire que ça m'a fait un bien fou. J'ai pu lui exprimer mon mal être et le fait que quelque part je culpabilisais du fait de n'avoir perdu personne et d'être pourtant aussi mal. Elle m'a expliqué que c'était totalement légitime, qu'il fallait arrêter de se juger sur le degré de notre douleur, ce n'est pas une comédie, on le sent bien en dedans de nous même, alors pourquoi s'acharner à se dire qu'il y a pire que nous. Evidemment, nous n'allons pas nous pointer devant un père qui à perdu sa fille et lui dire que notre douleur est plus atroce, mais nous aussi, nous souffrons. Elle me disait que inconsciemment, c'était peut être de la culpabilité d'être toujours en vie et d'avoir tous ces mort en tête et de devoir vivre avec justement. Lorsqu'elle m'a dit ca, personnellement ça m'a fait écho, ca le fera peut être pour toi aussi.
Elle me disait aussi qu'il ne fallait pas se forcer à faire les choses, on m'a poussé à sortir, à vivre ma vie comme avant, mais j'en suis incapable, ca ne me fait pas de bien du tout... Il faut prendre le temps de s'apaiser. Elle m'a conseillé de ne pas venir travailler et de prendre quelques jours du coup. Ca m'a fait beaucoup de bien.

Je suis désolée pour le pavé, mais fallait que ca sorte !

 

[Vespah]

Lundi matin, j'ai été incapable d'en parler avec mes lycéens.
Le week end a été horrible, effroyable, je n'arrive toujours pas exprimer clairement ce que je ressens.
Je me sens d'autant plus coupable du fait que je dormais lorsque cela s'est produit. Il y a eu juste un texto qui m'a réveillée vers minuit, mon amie américaine me demandait si tous mes proches qui habitent Paris vont bien.
J'étais en proie à une migraine, groggy, j'ai reposé mon téléphone et me suis rendormie sans répondre au message, en sécurité, loin des atrocités qui étaient en train d'êtres commises à l'autre bout de la France.

J'ai découvert l'horreur le lendemain, j'ai lu les articles dont celui du journal Le Point qui détaillait la tuerie du Bataclan avec des détails bien glauques, j'allume la télé et tombe sur des scènes surréalistes de personnes, blessées ou fuyant les tirs. Je pense immédiatement à mes anciens collègues, tous sont heureusement sains et sauf. Je rassure les amis que j'ai au quatre coins du monde. Toutes les photos de profil sont en bleu blanc rouge. Je passe le reste du week end dans un état second, hébétée.

En parler était au-dessus de mes forces. J'aurais pu montrer BBC news à mes lycéens et notamment le soutient et les hommages des britanniques et des américains, mais j'avais tout simplement peur de craquer et fondre en larmes devant eux.
Je ne savais tout simplement pas quoi dire, comment, j'étais trop touchée.

Sans aller jusqu'à dire qu'aujourd'hui je vais mieux. Je pense avoir trouvé le biais par lequel évoquer ce qui s'est passé tout en me protégeant émotionnellement. Les anglais nous ont rendu hommage d'une belle manière ce soir à Wembley. Tous les joueurs britanniques avaient un brassard noirs, et les supporters ont même appris la Marseillaise grâce à des Tweets de paroles écrites en phonétique.

Je trouve que ça serait une belle manière de l'évoquer sans que cela soit trop envahissant pour eux et trop douloureux pour moi.

 

[Fanncy]

Je poste ici, parce que c'est le topic pour et comme beaucoup, j'ai besoin d'en parler.

Je n'habite pas Paris, je n'ai pas de lien avec cette ville et je crois que je me rends pas compte de ce qui a pus s'y passer. Je sais pas ce qu'on ressent.
Vendredi, j'ai décidé de ne pas regarder les informations. C'était trop dur. J'étais en colère contre ces gens.
Hier soir, j'ai décider d'aller regarder des hommages. Je me suis sentie tellement triste pour les victimes, leur entourage, les parisiens et ceux qui sont touchés par tout ça.

Spoiler

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Quoi qu'il en soit, je suis vraiment de tout cœur avec tout le monde.

 

[Laoragwen]

je sais qu'il avait été posté ici un doc google regroupant les noms de psy qui font des séances gratuites.
serait-il possible de reposter le lien du doc svp ?
merci

 

[Leinea]

Voilà 2 soirs de suite que je pleurs. Enfin. Après avoir été un zombie pendant ce weekend. Mais je ne laisse pas tout sortir, parce que je pourrais pleurer pendant des heures et que je suis déjà assez fatiguée comme ça. Dès que j'en parle, j'ai les larmes aux yeux et la gorge nouée.
Ma mère m'a appelé à midi pour savoir comment j'allais, elle m'a dit qu'elle avait bien sentie ce weekend que j'avais été très touchée par les évènements et que je pouvais l'appeler pour lui parler quand je voulais, même si c'était pour répéter toujours les mêmes choses
Je n'arrive pas à décrire ce que je ressens exactement. Je n'ai pas spécialement peur. Mais je ne supporte plus d'entendre des coups de feux à la télé ou dans une série ou même n'importe quel bruit trop fort. Je ne supporte plus d'entendre de cris, même de simples cris d'une foule dans un match de foot. J'ai juste une profonde tristesse, inexplicable.
Mais j'ai parfois des moments de soulagement, de rares moments où je sens que j'arriverai à passer outre tout ça.

C'est dur d'aller au travail, d'y être toute la journée, de faire comme si de rien n'était. Je n'y arrives pas. Je me force à me lever chaque matin. Je verse discrètement mes larmes au travail pour que personne ne me voit. Mon copain me dit que si je ne me sens pas, que je peux rester à la maison. Mais pour ça, je devrais aller voir mon médecin, mais ça serait ridicule de m'arrêter pour ça. Je ne comprends pas moi même ce que je ressens alors comment le faire comprendre à quelqu'un d'autre ?
Je suis fatiguée.

 

[coccithilde]

C'est dur d'aller au travail (...) mais ça serait ridicule de m'arrêter pour ça.
Je suis fatiguée.

C'est pas du tout ridicule tu sais ... Yen a qui ont besoin de temps pour se remettre de tout ça. C'est pas n'importe quoi !

 

[Elly5]

J'ai encore un peu besoin de parler Ce midi j'ai déjeuné avec deux amies, c'était déjà un peu froid avec l'une pour une précédente embrouille, mais là j'ai été plus déçue et énervée. On a parlé des attentats, elle est musulmane, et elle a clairement dit que: "les attentats de Charlie Hebdo, je m'en foutais car ils l'avaient bien cherché!" "mais là, c'est vrai que ça m'a un peu plus touché car c'était des gens qui n'ont rien fait (mais en même temps on peut dire que c'était leur destin, chez eux aussi des innocents meurent)".
J'ai essayé de rebondir, de donner mon avis, de dire que non, on n'a pas à différencier autant les deux attentats de 2015, il s'agit de la même histoire (c'est sûr, je comprends qu'on soit plus touché par les actes de vendredi ; moi la première je pense que j'étais légèrement plus détachée en janvier), mais voilà, j'étais quasi révoltée et limite "blessée" pour les victimes de janvier. Il ne faut pas se laisser duper par les motifs utilisés par les terroristes (provocation à travers des caricatures) (car finalement, il n'y a pas eu que les dessinateurs parmi les victimes...).
C'est un peu décousu, excusez moi...Je rédige un peu à la va vite mais ça m'a un peu dépassé qu'elles ne s'intéressent pas plus non plus à tout cela; pour elles, les terroristes arrivent "comme des fleurs", juste car depuis peu il y a un gros mouvement anti-occident, on ne sait pas trop pourquoi, depuis quand, etc, c'est tout (alors que ce ne sont pas non plus les premiers attentats en France- au niveau historique je veux dire, c'est certain que ce sont parmi les premiers pour notre génération) (mais il y a pas mal d'antécédents historiques avec l'Islam etc).
Je ne veux certainement pas m'imposer en donneuse de leçons, mais voilà c'était juste mon ressenti, j'ai été un peu déçu de ne pas pouvoir mieux en parler (par exemple, elles étaient étonnées lorsque je leur ai dit que des pays démocratiques rachètent le pétrole au marché noir et/ou financent les armes. Mais...je n'invente rien, il suffit de regarder un débat entre intellectuels/professeurs/politologues/politiques etc); surtout que j'aurai été très intéressée d'avoir l'avis de mon amie musulmane (de part les amalgames dont sa communauté peut souffrir), mais un avis plus constructif du coup...quitte à avoir des remarques/idées un peu vives.

 

[Fanncy]

@Leinea : Tu sais, quand on est fatigué, à bout nerveusement, on a le droit de ne pas aller travailler. On a le droit d'aller voir son médecin pour lui dire qu'on est au bout du rouleau et qu'on a besoin de souffler.

Sans rapport aucun avec les événements, je l'ai fait il y a 2 semaines parce que j'étais épuisée et que je commencais à avoir des symptômes caractéristiques de la depression (bon je connais, donc ça m'a alarmé). J'ai culpabilisé 7J/10J de pas aller au boulot et d'être absente juste parce que "j'allais mal". Et puis en fait, ça m'a fait du bien ces 10 jours. J'ai pu dormir, pleurer rapport à mes peurs et mes angoisses, traîner en pyjama, prendre l'air et profiter du soleil, me remettre à la cuisine faire autre chose et me changer les idées. Et quand je suis revenue hier, personne ne m'a jugée, au contraire (j'vais peuuuur !). Et ça me fait plaisir qu'on me dise que j'ai l'air détendue et que les gens soient heureux de "subir" mon énergie positive.

Donc n'hésite pas. Tu as tout les droits d'être fatiguée et usée par les événements. Prends soin de toi, c'est la chose la plus importante qui soi. Les arrêts de travail c'est pas juste pour les grippes/gastro/truc physiques palpables (celui qui te dit le contraire est un abruti).

 

[Fanncy]

@Dzeyra : Merci pour la musique