A
AnonymousUser
Guest
"Je ne sais pas quoi te dire, mais j'ai peur de toi. J'ai peur du gouffre profond, sans fin, sans limite, que la chaleur de ton amour réouvre à l'intérieur de moi. Les moments passés à tes côtés sont comme une sorte de brise matinale d'été : douce, chaude, enveloppante, caressante. J'avais oublié l'amour, je m'étais protégée, sauf qu'à tes côtés, les murailles s'échappent, m'échappent, et même si je résiste en bon soldat, il y a tout cet amour qui déborde sur toi, et le tien qui m'innonde. Je ne suis plus habituée. Je sais la déchirure qu'il y a après. Je l'ai connue, elle est trop douloureuse. Mais B. dit que non, je ne suis pas obligée d'aimer dans la douleur, et je crois que c'est vrai. Je crois qu'aujourd'hui c'est vrai. VRAI. Réaliste. Dans la vie. Là. C'est bon. C'est bien. Ce n'est pas malsain, c'est tout le contraire. Cette plénitude est effrayante, je dois l'avouer, je me retiens de penser 'qu'est-ce qui va me tomber encore sur le nez ?'. Et puis tu sais, cette forme de fusion, d'absorption absolue, je crois que je peux la réguler. Enfin non, mais je peux tout faire pour me reprendre, pour oublier ta présence, ne plus me fixer sur ce beau qui finit par devenir un souvenir tendre et aveuglant. Je veux déjà à nouveau t'oublier, et je fais tout pour : je suis un individu entier, je ne peux pas être pris en charge par notre fusion. J'aimerais que notre amour soit moins 1+1 = 1, mais bien 1+1 = 2. Je sais que tout cela peut exister et que nous pouvons dire 'je' au lieu de 'nous'. Je ne suis pas obligée de penser pour toi, de parler à ta place, et tu n'es pas obligé de me prendre en charge. Je sais que c'est possible, car c'était le cas mardi après-midi, c'était parfait. Nous pouvons exister l'un sans l'autre, je ne suis pas toi, tu n'es pas moi, tu ne m'appartiens pas, je ne t'appartiens pas. Nous sommes DEUX, pas UN. Alors je reprends ma vie, en espérant que tu partes très loin, pour qu'à nouveau je marche droit, avec mes pas. Je fais le point au jour le jour, pour ne pas me laisser entraîner par l'inconscience si facile, si joueuse - elle me fait oublier mon identité, mes questionnements, les difficultés de la vie. Mais tout cela fait partie aussi de mon quotidien. C'est une partie de moi réelle, et je ne peux pas la nier. Quand ta bouche frôle mon cou, ce n'est pas un geste anodin, c'est tout mon corps qui s'éveille, qui vibre, et c'est un véritable frisson qui me parcourt l'épine dorsale. Oui, reprenons nos vies (-:"