Heu ... je n'ai pas l'habitude de réagir aux articles mais celui-là m'a vraiment choquer.
Je suis d'accord sur le fait que Marc Levy arrive très naturellement à transmettre les émotions de ses personnages et que ses tournures de phrases sont peut-être moins alambiquées que celles d'autres auteurs moins contemporains, mais on ne peut pas les dénigrer pour autant. C'est très subjectif comme appréciation et certains apprécieront davantage ce que l'auteur de l'article appelle
"l'écriture assommante de Baudelaire ou hautaine de Beckett" (???) sans même en citer d'extraits. Niveau argumentaire, on fait mieux.
Et puis, je n'aime pas ce que
P. Trollette appelle "
le livre pour tous" ? Non en fait, toute idée d'une culture pour tous, ça me fait carrément tiquer. Je traduis toujours dans ma tête "c'est bon si tu es un peu attardé / que tu ne parle pas très bien le français / que tu n'a pas l'habitude de faire quelque chose de culturel / que tu viens d'un milieu jugé défavorisé, là c'est bon, tu vas y arriver, parce que c'est de la culture SIMPLE ou quelque chose comme ça"
Je trouve ça assez discriminant, comme s'il y avait ..
- d'un côté "
le livre pour tous"
- et de l'autre celui ... réservé à des élites toutes subjectives ? (mais si tu sais : Zola par exemple, cité dans l'article et chez qui une personne lambda s'endort donc, si j'ai compris juste).
Pour ma part j'avais
Thérèse Raquin en lecture obligatoire au lycée et franchement, j'ai beaucoup aimé le style cru, dépouillé de toute recherche esthétique. Plus tard j'ai pu étudié un peu la série des
Rougon-Macquart et je n'ai pas trouvé ça rasoir non plus.
Pour autant, j'aime bien aussi ce
Marc Levy dont je n'ai lu que
Et si c'était vrai ?.
Alors suis-je plutôt "
livre pour tous" ou "
livre pas pour tout le monde" ?
P. Trollette, tu parles de l'"
histoire d'amour ombragée" d'
Où es-tu ? chez
Levy mais n'est-ce pas le même genre que l'on retrouve chez
Zola ? Extrait de
Thérèse Raquin :
" Et, chaque jour, l'épouvante des amants grandissait, chaque jour leurs cauchemars les écrasaient, les affolaient davantage. Ils ne comptaient plus que sur leurs baisers pour tuer l'insomnie. Par prudence, ils n'osaient se donner des rendez-vous, ils attendaient le jour du mariage comme un jour de salut qui serait suivi d'une nuit heureuse".
--> Qui pourrait dire que c'est barbant ou passé de mode ?
Plus loin, tu parle de "
l'assommante belle écriture" et de fioritures, mais quand je pense à
Beckett ou à
Zola, que tu prends en exemple, ce n'est pas vraiment ce qui me vient à l'esprit.
Zola était l'initiateur du courant naturaliste en littérature, ce mouvement qui justement cherche à retranscrire une réalité sans fioritures, en prenant sur le vifs la personnalité des personnages, qualités comme défauts. Quant à
Beckett, quant il écrit
En attendant Godot , il est davantage humble que hautain...
extrait de la
page wikipédia :
« J'ai commencé d'écrire Godot pour me détendre, pour fuir l'horrible prose que j'écrivais à l'époque »déclara l'auteur.
Bref, je ne saurais pas comment l'expliquer mais je trouve que l'article n'est pas assez argumenté au vu du ton incendiaire et cliché qui est adopté.
P. Trollette, tu n'aimes apparemment pas les auteurs classiques (si, quelques-uns ? Ah oui désolée, c'est ça de généraliser un peu vite...) mais c'est pas pour autant que c'est pareil pour tous les lecteurs !
Non, il n'y a pas d'un côté le livre que tout le monde (mais c'est qui tout le monde ??) peut lire et de l'autre celui ... quoi ... plus dur à appréhender selon toi ??
Enfin, pour moi en tout cas c'est juste une question de
feeling, la couverture, le titre ou un passage lu au hasard qui va me donner envie de poursuivre la lecture ou non. Une espèce d'attraction inexplicable avec le livre, peu importe que le style soit incisif, très descriptif, ou je ne sais quoi encore, car le fait que l'auteur ait écrit sa phrase en trois secondes ou en trois jours en fait je m'en fiche, son style justement, son style unique c'est ce qui va faire qu'on s'attache à lui ou pas, non ?
Edit : ah ok ! Après avoir lu plus en détails les commentaires, j'ai compris que l'article était écrit au second degré ! D'accord ! Ça ne m'avait pas sauté aux yeux.