@Chamb
Il y a au moins deux raisons au fait qu'un parti soit qualifié d'extrême par des personnalités politiques ou des journalistes alors qu'il ne l'est pas :
1) Une telle qualification permet de laisser à des partis dits "de gouvernement" la jouissance exclusive du secteur politique qu'ils ont pourtant déserté. Exemple :
a) le Parti Socialiste est historiquement un parti de gauche ; or, sa pratique récente du pouvoir s'apparente en réalité à une politique de centre-gauche voire de droite.
b) La France Insoumise a un positionnement plus à gauche que le Parti Socialiste.
Par conséquent, si on considère que LFI est de gauche, alors on met en évidence le fait que le PS s'est déplacé sur l'échiquier politique et ne peut plus prétendre être de gauche. Pour éviter cette conclusion qui discrédite un parti de gouvernement (PS), on part de la conclusion souhaitée, à savoir que le PS est de gauche, ce qui repousse mécaniquement le
vrai parti de gauche (LFI) à l'extrême-gauche.
2) Le qualificatif "extrême" permet, par association d'idées et par approximations historiques, de priver un parti de toute chance de victoire. Mieux : dans un scrutin uninominal majoritaire à deux tours, un parti dit "extrémiste" a de sérieuses chances d'accéder au second tour face à un parti de gouvernement et aucune de l'emporter puisqu'il est facile de mobiliser la peur – là encore à grands renforts de références historiques douteuses – pour garantir la victoire de l'autre candidat.
Selon moi, LFI n'est pas d'extrême-gauche et le RN n'est pas d'extrême-droite. Bonus : chacune de ces deux forces politiques entretient la confusion en s'accusant mutuellement de "fascisme" ou "nazisme" d'une part, et de "stalinisme" ou "maoïsme" d'autre part. Évidemment, les militants ou électeurs de ces partis n'échappent pas à cette hémiplégie : "Le parti d'en face est extrémiste ; le mien ne l'est pas."