@Mayushi c'est pas non plus les plus pauvres qui votent RN. En regardant les cartes des scores aux élections, j'ai l'impression que l'électorat RN correspond à des zones rurales, aux anciennes zones industrielles déshéritées et aux régions où les vieux riches vont passer leur retraite (sud de la France notamment). Donc en gros dans les deux premiers cas, des populations qui peuvent être défavorisées, mais qui se sentent surtout ignorées des politiques publiques et exclues et méprisées du reste de la société. Déjà en 2002, le score au premier tour des présidentielles n'avait pas été obtenu que par le vote d'un électorat pauvre. Les gens vraiment pauvres (certains départements de région parisienne par ex) ne votent pas RN. Quand ils ne s'abstiennent pas, ils votent plutôt à gauche.
De façon générale, les idées du RN se sont beaucoup trop décomplexées et répandues ces dernières années, pour qu'elles ne soient le fruit que de la pauvreté et de la mauvaise conjoncture économique. Ce qu'on voit aux élections c'est surtout le résultat d'une dediabolisation de ce parti organisée par le RN lui-même, mais aussi permise par un glissement général à droite de l'échiquier politique. Plus ça va, et plus le RN se professionnalise, polisse son image et devient crédible comme parti de gouvernement. C'est en train de devenir un parti de droite certes dure, mais de plus en plus "mainstream" et il est aidé en cela par Zemmour qui incarne maintenant l'extrême droite du spectre. Franchement je ne serais pas surprise que d'ici les prochaines élections présidentielles (ou éventuellement celles de 2032), le RN achève sa mue et récupère la place des Républicains qu'il aura absorbé.
Tout ça pour dire qu'à mon avis on ne peut plus considérer le RN comme un parti d'opposition qui porte la voix d'une frange marginale de la société (les pauvres et les laissés pour compte). Ça n'est plus le projet et vu la dynamique sur laquelle il se situe, je ne vois pas comment il pourrait dégringoler à la place qu'il occupait avant.