@Manon Portanier
Charles a terminé son thread en partageant le fait qu'il ait eu des pensées suicidaires provoquées par cette histoire. Quoi qu'on pense de la manière dont il prend la grossesse de sa copine et la part de responsabilité - évidente - qu'il porte, je propose qu'on n'en rajoute pas une couche en cynisme. On se rapproche assez sensiblement d'un cyberharcèlement. A fortiori en utilisant des "ouin ouin" qui dénotent une certaine intention de moquerie. C'est marrant 5 minutes de vouloir donner son avis sur tout et n'importe quoi, mais il y a des gens derrière, il y a des angles par lesquels un magazine avec votre ligne édito auraient pu traiter cette affaire (ce qu'elle a déjà fait, avec un ton tout à fait différent, dans le dernier Chère Daronne).
Charles et sa copine auraient dû se protéger. Être en couple mais ne pas vouloir d'enfant, c'est aussi porter la capote. Il est difficile de déplorer une grossesse : tous les modes de contraception sont faillibles. Il y a d'autres détails de cette histoire qui me chagrine (la pseudo-catastrophe de grandir sans père fera sûrement plaisir aux couples lesbiens). Le fait qu'il soupçonne une préméditation simplement parce que sa copine avait un test de grossesse.
Il y a clairement des erreurs de raisonnement et de cohérence, peut-être un problème de maturité et d'expérience.
Mais au-delà de ça : il exprime son mal-être qui vient peut-être d'un endroit qui nous est étranger tant on est sensibles et sensibilisées, tant il est question de notre corps à nous bien entendu. Sa copine s'exprime d'ailleurs avec délicatesse, lui aussi et je pense qu'il y a beaucoup de tristesse dans cette expérience, pour les deux sûrement.
On est obligé de donner un avis "pour/contre" ? De dire que le mec est con ou la nana abusée ? On peut pas juste déplorer la tristesse de la situation, se dire que lui a pas l'air d'être brodée au fil féministe et que, oui, sa réaction le montre mais que quand même, ça doit être dur d'être dans cette situation (et je ne parle pas de celle de la fille, qui doit être dans une situation
bien bien plus difficile mais dont il ne s'agit pas ici). Ne peut-on quand même partager sa détresse ? On est a posteriori d'une bêtise : celles qui l'ont vécu le savent, se faire railler et enfoncer parce qu'on a fait une connerie c'est n'importe quoi.
Parce que "ouin ouin" et puis quoi ? On peut pas avoir un semblant de réflexion ? Quelles seraient les obligations associées aux responsabilités qu'on lui demande de prendre ? Ne peut-on pas imaginer des structures familiales ou associatives ou collectives telles que la famille ce n'est pas un papa / une maman quoi qu'il en coûte ?
Et au-delà de ça, je partage un point de vue très personnel mais : je suis tombée enceinte sous pilule quand j'avais 19 ans. J'étais alors avec mon petit ami depuis mes 17 ans et il s'avère qu'on est restés ensemble plus de 10 ans.
Ca a été un moment très très difficile : pour notre couple, pour chacun d'entre nous. C'est une situation qui n'appelle pas à des commentaires cyniques, c'est une situation qui peut comporter son lot de tristesse et ce, quelle que soit l'issue.
J'ai avorté. De mon plein gré et je ne le regrette pas.
Il n'empêche qu'à ce moment-là, quelqu'un serait arrivé en plein milieu de nulle part, aurait dit à mon mec (ou moi, d'ailleurs, je ne voulais pas de la capote non plus) "ouin ouin, gros naze", j'aurais été choquée. Quel mépris et puis surtout : quel intérêt ?
Je sais que X peut parfois donner cette impression et on peut d'ailleurs y lire des choses très intéressantes mais : on n'est pas obligé de tout commenter, surtout quand on n'a rien à dire.